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Diaspora

Fouad Saadé, pionnier des relations économiques et diplomatiques entre le Chili et le Moyen-Orient

Fouad Saadé (premier à droite), en compagnie du capitaine du MV Argolis et de l`ambassadeur Jorge Ovalle (premier à gauche), à l`arrivée d`une cargaison de nitrate du Chili au port de Beyrouth en 1972.

Les relations entre le Liban et le Chili sont apparues dès le premier courant de l'émigration libanaise à partir de 1880 (voir notre édition du 4 janvier 2010) et ont été consolidées par les échanges commerciaux puis diplomatiques.
Dans les années 1930, Fouad Saadé, ingénieur agricole libanais formé à Montpellier (France), partit sur la route des océans non pour émigrer, mais pour développer sur le plan agricole le Liban et sa région. Fondateur du Comptoir agricole du Levant (CAL), il avait travaillé de 1924 à 1932 au ministère de l'Agriculture au Liban, puis avait occupé des postes de responsabilité dans diverses organisations liées à l'agriculture : membre fondateur de la société des amis de l'arbre (1934-1948), du conseil municipal de la ville de Beyrouth (1941-1949), du comité national de l'Unesco (1948), de l'institut de recherche agronomique libanais (1960-1964), délégué du Liban à la FAO...
Fouad Saadé était un homme humaniste avec une vision futuriste. Il se rendit ainsi en 1931 dans le désert chilien d'Atacama où était extrait le salpêtre, ou nitrate de potassium, engrais minéral azoté essentiel pour l'agriculture, dont le Chili était le plus grand producteur au monde. Il devint l'agent exclusif de cet « or blanc » chilien au Liban et au Moyen-Orient, le distribuant en Syrie, en Palestine, en Égypte et en Irak, en substitution des anciennes méthodes de nutrition agricole. Ce commerce atteignit son apogée dans les années 1960, avec 120 000 tonnes et une balance commerciale de plus de 12 millions de dollars par an.

Missions chiliennes au Liban
La première représentation diplomatique chilienne à Beyrouth et Damas s'installa dans les bureaux du Comptoir agricole du Levant en 1948, avec comme premier diplomate le ministre plénipotentiaire Luiz Feliú, ancien consul général du Chili à New York, auquel Fouad Saadé, nommé consul honoraire du Chili à Beyrouth, apporta tout son soutien. Parmi les diplomates qui se sont relayés par la suite, on compte le ministre conseiller Ramon Huidobre (1955-1958), beau-père d'Isabel de Allende (née en 1942), nièce de l'ancien président chilien Salvador Allende, qui a alors vécu au Liban puis est devenue un grand nom de la littérature chilienne. L'ambassade du Chili ouvrit ses portes en 1968, le docteur Alberto Sfeir devenant le premier ambassadeur. Quelques semaines avant le déclenchement de la guerre de 1975 au Liban, le second ambassadeur, le général Alfredo Canales, échappa par miracle à un attentat et fut remplacé pour une période de deux ans par Fouad Saadé, qui occupa la fonction de chargé d'affaires adjoint par intérim. Son fils, Riad Saadé, agronome et économiste également formé en France, fut nommé consul honoraire adjoint, et veilla avec son père au transfert, non sans danger, des documents de l'ambassade - incendiée en 1976 -, les faisant passer du secteur ouest vers le secteur est de la capitale.
Pour développer le commerce avec les petites et moyennes entreprises chiliennes, le ministère chilien des Relations extérieures a ouvert un département, « ProChile », fonctionnant par le biais d'un réseau mondial de bureaux et d'antennes. À la fin de la guerre du Liban en 1990, Riad a accru, à travers cet organisme, les contacts entre les deux pays et présenta en 2001 un projet de création d'une zone franche pour le Moyen-Orient à Tripoli et à Dubaï par laquelle transitaient des produits chiliens comme le bois, la cellulose, le cuivre, la farine de poisson, les produits alimentaires en conserve, le vin...
L'actuel ambassadeur du Chili se trouve au Liban depuis 2008. M. Pedro Barros Urzúa avait occupé le poste de second secrétaire à l'ambassade à Beyrouth de 1979 et 1982, puis celui d'ambassadeur du Chili en Turquie : « Venir au Liban est un rêve que je caressais depuis bien longtemps, car c'est là que j'ai occupé le premier poste de ma carrière diplomatique. C'est là aussi que j'ai connu ma femme, et le Liban est très proche de mon cœur. » L'ambassadeur poursuit : « La mission diplomatique chilienne est ouverte au Liban sans interruption depuis 1948. Près de 200 Chiliens se trouvent au Liban et sont enregistrés à l`ambassade, répartis dans toutes les régions, dont la majorité est d'origine libanaise. Nous sommes ainsi là pour être présents avec cette communauté chilienne et en particulier pour accorder notre appui à l'existence du Liban comme pays indépendant et souverain, avec un régime démocratique, pluraliste, assurant la coexistence entre diverses communautés confessionnelles dans le respect de la liberté des droits humains. »
Le Chili est un creuset de culture hispanique et de plusieurs autres cultures, dont le fruit est une société hétérogène, comme le Liban. Riad Saadé affirme que « la similitude culturelle entre le Chili et le Liban devrait être une source de grand espoir pour les Libanais. Si grâce à sa culture, le Chili a réussi à traverser des épreuves très dures et parfois tragiques et à se hisser au premier rang socio-économique des pays d'Amérique, le Liban aux ressources culturelles aussi vastes et profondes devrait ne jamais désespérer de retrouver sa primauté dans sa région ».

savoir plus
Ministerio de Relaciones Exteriores de Chile -
www.minrel.gov.cl  - ProChile - www.prochile.cl
Les relations entre le Liban et le Chili sont apparues dès le premier courant de l'émigration libanaise à partir de 1880 (voir notre édition du 4 janvier 2010) et ont été consolidées par les échanges commerciaux puis diplomatiques.Dans les années 1930, Fouad Saadé, ingénieur agricole libanais formé à...