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Santé - Vaccination

De l’importance de la vaccination pour éviter la résurgence de certaines maladies

Malgré les campagnes multipliées de sensibilisation à l'importance de la vaccination infantile, certains parents omettent de le faire par « négligence » ou « manque de connaissances ». La vaccination est pourtant importante pour immuniser ses enfants contre au moins neuf maladies. Le point avec deux spécialistes belges.

Même si les maladies sont à faible fréquence, la vaccination reste de mise pour éviter que celles-ci ne ressurgissent, sachant qu'on n'est  pas à l’abri de l’importation des infections d’autres pays.

Marwan est l'histoire d'un jeune homme dont les parents « ont oublié de le faire vacciner contre la poliomyélite » et qui se retrouve à l'âge adulte paralysé. Il décide alors de sensibiliser la population à l'importance de la vaccination, ce qui le conduit dans différentes régions du pays où il multiplie les témoignages pour éviter que d'autres n'aient à endurer la même souffrance.
Ce téléfilm, réalisé à l'initiative du programme national de la vaccination du ministère de la Santé et financé par le ministère de la Santé et le bureau de l'Organisation mondiale de la santé au Liban, met l'accent sur un problème que l'on rencontre encore dans notre société libanaise, celui « de la négligence et du manque de connaissances quant à l'importance de la vaccination, constatés encore dans certains milieux, parfois même aisés », déplore Mme Randa Hamadé, responsable du programme national de la vaccination, qui affirme que le ministère de la Santé assure gratuitement les vaccins exigés dans le calendrier national de vaccination.
« Même si les maladies sont à faible fréquence, la vaccination reste de mise pour éviter que celles-ci ne ressurgissent », insiste le Dr André Meheus, professeur émérite au département d'épidémiologie et médecine sociale à l'Université d'Antwerp, en Belgique, en visite récemment au Liban, à l'invitation des laboratoires GSK. « Par ailleurs, on n'est pas à l'abri de l'importation des infections d'autres pays, poursuit-il, d'où la nécessité de continuer à vacciner. Nous constatons à titre d'exemple des épidémies de rougeole dans plusieurs pays de l'Europe de l'Ouest, comme la Suisse, les Pays-Bas et l'Allemagne, notamment dans les sous-groupes de population appelés anthroposophiques qui, pour des raisons quelconques, ne vaccinent pas contre cette maladie. Les gouvernements insistent de nouveau pour vacciner contre la rougeole, qui est une maladie très contagieuse. Il faut que plus de 90 % de la population infantile, voire 95 % des enfants, soient vaccinés, pour éviter qu'elle ne ressurgisse. »

Schéma de base
Le schéma standard de vaccination suivi dans tous les pays consiste à immuniser l'enfant dans les 6 à 14 semaines qui suivent la naissance contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, l'haemophilus influenza B et l'hépatite B. « Tout cela dans un seul vaccin pour limiter le nombre d'injections, poursuit le Dr Meheus. Dans certains pays, on a remplacé le vaccin oral contre la poliomyélite par le vaccin injectable. À 12 ou à 15 mois de naissance, on donne le vaccin combiné contre la rougeole, les oreillons et la rubéole. Dans certains pays, on vaccine aussi contre la varicelle. »
Au Liban, selon le calendrier national de vaccination, l'enfant reçoit dans les heures qui suivent la naissance le vaccin contre l'hépatite B, avec des rappels dans le mois à deux mois qui suivent puis dans les 6 à 18 mois. L'enfant reçoit le vaccin contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, la poliomyélite et l'haemophilus influenza B (penta-vaccine) à l'âge de 2, 4 et 6 mois, avec un rappel à 18 mois. À l'âge d'un an, il reçoit le vaccin combiné contre la rougeole, les oreillons et la rubéole, et à 13 mois celui contre la varicelle.
« Trois nouveaux et importants vaccins ont été introduits nouvellement sur le marché, note le Dr Meheus. Il s'agit du rotavirus contre les diarrhées virales, un autre contre le pneumocoque qui est un des organismes qui peut causer des méningites, des pneumonies et des otites, et celui contre le virus du papillome humain (HPV). Le rotavirus et le pneumocoque peuvent s'ajouter aux autres vaccins à l'âge de 2, 3 ou 4 mois. Le vaccin contre le HPV se donne avant les rapports sexuels, vers l'âge de 10, 11 ou 12 ans. C'est un vaccin qui va prévenir au moins 70 à 80 % des cancers du col utérin. Il est recommandé de l'administrer année par année pour essayer d'avoir une couverture assez élevée. En effet, il vaut mieux vacciner une cohorte d'âge à 90 % que cinq cohortes d'âge à 20 %. On fait des rattrapages auprès des filles de 13 à 18 ans. On peut bien sûr vacciner des femmes plus âgées, tant qu'elles n'ont pas été exposées au virus de l'HPV. Dans le cas contraire, le vaccin n'est pas efficace. »

Le GIVS
À ces vaccins s'ajoutent d'autres qui ne figurent pas dans le cadre des programmes globaux, comme le vaccin contre l'hépatite A, une maladie le plus fréquemment transmise par la nourriture contaminée ou de manière féco-orale, à travers des objets contaminés par les selles d'un sujet atteint. « Dans certains pays, on vaccine également contre le méningocoque », explique pour sa part le Dr Danièle Kohl, directrice du programme international de vaccination et responsable de l'éducation auprès du gouvernement en Belgique, également en visite au Liban à l'invitation des laboratoires GSK. « Le Liban fait partie de ces pays, d'autant qu'une grande partie de la population effectue le pèlerinage de La Mecque en Arabie saoudite, ajoute-t-elle. Dans ces cas, on reçoit un vaccin contre quatre genres de méningocoques. Actuellement, on développe même des programmes pour vacciner les enfants contre le méningocoque. En fait, la maladie n'est pas fréquente, mais elle est terriblement problématique d'autant qu'elle entraîne la mort du patient ou encore un handicap mental. À l'avenir, le vaccin contre le méningocoque va être inclus dans les programmes vaccinaux, même nationaux. Même si à l'heure actuelle ces vaccins sont disponibles dans le privé, mais graduellement, il va y avoir une tendance pour rajouter les vaccins rotavirus, pneumococciques, méningococciques et HPV dans les programmes nationaux. Il y a une volonté globale pour donner accès à toute la population à la vaccination. Un document intitulé GIVS (Global Immunization Vision and Strategy - La vaccination dans le monde : vision et stratégie) rédigé par l'Organisation mondiale de la santé et l'Unicef pose un regard sur la vaccination jusqu'en 2015. »
Ce document constitue un cadre mondial pour la protection des enfants contre des maladies d'enfance évitables, telles que la rougeole, le tétanos et la coqueluche. Quatre stratégies majeures y sont proposées. « Il s'agit premièrement de permettre à tous les enfants d'avoir accès aux vaccins qui sauvent leur vie en même temps, c'est-à-dire de ne plus laisser un intervalle de cinq à dix ans entre les pays riches et les pays pauvres. Dans le cadre de ce document, des mécanismes financiers ont été développés pour permettre aux pays pauvres l'accès à ces nouveaux vaccins. La deuxième stratégie consiste à considérer une population dans son ensemble. Troisièmement, il s'agit de trouver les moyens pour intégrer la vaccination dans les systèmes de santé publique. Enfin, il s'agit de se rendre compte qu'on est dans un système d'interdépendance, et de vacciner dans ce contexte. L'éradication de la polio ou de la rougeole à titre d'exemple doit être mondiale. On ne peut pas ainsi exclure un pays de cette campagne, au risque de voir la maladie ressurgir. »

Entre les rumeurs et la vérité
Les vaccins présentent-ils des dangers ? « Le vaccin étant un instrument de médecine préventive, il ne faudrait pas qu'il ait des effets secondaires dangereux ou graves, répond le Dr Meheus. On sait que le vaccin oral contre la poliomyélite cause une sorte de paralysie postvaccinale dans un cas sur deux millions. C'est la raison pour laquelle dans les pays où la polio est faible, on est passé vers le vaccin injectable. »
Et d'ajouter : « Par contre, deux importantes alertes ont été signalées et il a été prouvé qu'elles sont inexactes. La première a eu lieu en 1998, en Angleterre. Un gastroentérologue, Andrew Wakefield, a publié un article dans le journal scientifique Lancet soulignant qu'il avait diagnostiqué des cas d'autisme chez des enfants vaccinés contre la rougeole. Ce médecin avait établi un lien entre la vaccination et l'apparition de la maladie. Dix ans plus tard, toutes les études scientifiques menées dans ce sens sont catégoriques : il n'existe pas de lien causal entre le vaccin et la maladie, mais il peut y avoir un lien de coïncidence. Il paraît même que Wakefield aurait truqué ses données. »
La deuxième alerte concerne le vaccin contre l'hépatite B. « À la fin des années 1990, en France, des neurologues ont signalé chez des gens âgés entre 15 et 40 ans quelques cas de sclérose en plaques, souligne le Dr Meheus. Certains de ces patients avaient été vaccinés quelques mois avant le diagnostic contre l'hépatite B. Plusieurs études ont été menées dans ce cadre et il a été également prouvé qu'il s'agissait d'un lien de coïncidence. Cela est apparu en France et non pas ailleurs, parce qu'à cette période une vaccination de rattrapage chez les jeunes adultes a été organisée dans l'Hexagone et c'est justement à cet âge que la sclérose en plaques se développe. Maintenant, le problème est résolu et désormais le vaccin contre l'hépatite B fait partie de l'immunisation de base de l'enfant. »
Marwan est l'histoire d'un jeune homme dont les parents « ont oublié de le faire vacciner contre la poliomyélite » et qui se retrouve à l'âge adulte paralysé. Il décide alors de sensibiliser la population à l'importance de la vaccination, ce qui le conduit dans différentes régions du pays où il multiplie...

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