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Liban - Le commentaire

Le fait accompli, dans toute sa splendeur…

C'est pour servir quel objectif que l'on a reconnu à la résistance partisane un droit de cité au sein du programme gouvernemental ? Le leader du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, avait pourtant déclaré lui-même qu'il fallait laisser de côté les grands dossiers politiques, la priorité devant aller au traitement des problèmes des gens. De son côté, le président du Conseil a recommandé que l'on cesse de discuter publiquement de la question des armes, pour que les Libanais n'apparaissent pas comme divisés, aux yeux du monde, au sujet du droit du peuple à résister.
Mais la formulation retenue est, encore une fois, inadéquate. Elle certifie « le droit du Liban, de son peuple, de son armée et de sa résistance de libérer le territoire national. » Il aurait été préférable, en termes de droit justement, d'écrire qu'il reste « du droit du Liban, de son peuple résistant (c'est-à-dire placé en état de résistance) et de son armée de récupérer le territoire occupé. » Il aurait été alors clair que la résistance ne concerne pas une seule partie ni un seul parti, mais tous les Libanais. En tout cas, il aurait mieux valu rappeler, dans la déclaration ministérielle même, que la question de l'arsenal du Hezbollah va être étudiée autour de la table ronde de dialogue national. Pour déterminer sa fonction précise, ainsi que les conditions à réunir pour y mettre un terme. Étant entendu, retour à l'esprit national, que le potentiel militaire du Hezbollah doit compléter et renforcer par une étroite coordination stratégique, les capacités de l'État, donc de l'armée. Une jonction verticale quand même, c'est-à-dire que l'arsenal privé doit rester forcément soumis à la supervision de l'appareil public, politique (décision de guerre et de paix), ou militaire.
Autre volet collatéral : l'acception de participation, qui se substitue en principe au tiers de blocage, est en réalité un contresens. Car elle signifie, en pratique, un droit de veto automatique au profit de la minorité. On proroge donc le système paralysant qui a empêché, par le proche passé, les nominations, ou les décisions relatives au redressement socio-économique planifié lors de Paris III.
Le comble, c'est que la participation, devise numéro un des opposants, est à sens unique. En effet, il est interdit de débattre, au sein des institutions constitutionnelles dont la table de dialogue ne fait pas partie, de l'armement du Hezbollah. Ce qui revient à dire que la décision, dans ce domaine capital, est imposée de force par une partie à une autre, qui n'a même pas le droit de l'ouvrir, comme on dit familièrement.
De plus, la déclaration ministérielle couronne la résistance, dans ce qu'on sait qu'elle représente en réalité, tout en fermant les yeux, et se bouchant les oreilles, sur l'armement du Hezb. Cette consécration sert plusieurs objectifs. Montrer d'abord, puisque les objections allaient de soi, que le label d'union accolé au cabinet est bien une imposture renouvelée. Quelle unité y a-t-il, en effet, quand les contractants ne peuvent pas s'entendre sur un sujet aussi crucial que les armes du Hezbollah, et sur une question aussi vitale que la décision de guerre et de paix. Il s'agit plus loin de diviser davantage les souverainistes, certains voulant composer et d'autres s'accrocher aux principes nationaux, comme aux droits de l'État.

Astuce
Comme on le constate, ce but tactique est facilement atteint par les prosyriens. Plus globalement, en reprenant l'exemple donné jadis par l'armement palestinien, c'est le fait accompli d'État dans l'État que l'autonomie militaire reconnue au Hezbollah vient consolider. Il faut espérer que les effets à suivre ne seront pas les mêmes, qu'il n'y aura pas, de nouveau, d'attaque israélienne dévastatrice, de guerres intestines ou de mainmise syrienne. Surtout que le germe est double. En effet, il y a peu à espérer que les Palestiniens désarment tant que le potentiel du Hezb ne sera pas sous contrôle de la légalité étatique libanaise.
De plus, dans le codicille verbal qu'il a rajouté au manifeste de son parti, le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, met carrément les Libanais en demeure de se choisir un autre pacte national que Taëf. Et un autre régime que la démocratie parlementaire. Il les place en effet devant l'alternative suivante : ou bien l'abolition du confessionnalisme politique, pour une démocratie du nombre pur, permettant à la majorité de gouverner seule tandis que la minorité se confinerait dans l'opposition. Ou bien le maintien, pour toujours, de la démocratie dite consensuelle, qui implique que les décisions d'État doivent être obligatoirement prises à l'amiable, sans vote, donc avec droit de veto absolu. Dans les deux cas, c'en serait fini du système libanais de base adopté depuis l'Indépendance et confirmé à Taëf, avec des modifications.
Au lieu du brassage respectant les particularismes sans les laisser mordre sur l'intérêt national bien compris, on aurait, dans le premier cas, l'écrasement, par la minorité la plus nombreuse, des autres composantes du pays socio-politique. Fini le pluralisme, finie la coexistence, bonjour, tôt ou tard, la république islamique. Au profit, bien évidemment, de la dictature d'un parti unique. Quant à la dérive issue de Doha sous le label démocratie consensuelle, elle transforme le Liban en une confédération larvée des communautés, fermées les unes aux autres, chacune arc-boutée sur ses fiefs ou ses avantages.

C'est pour servir quel objectif que l'on a reconnu à la résistance partisane un droit de cité au sein du programme gouvernemental ? Le leader du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, avait pourtant déclaré lui-même qu'il fallait laisser de côté les grands dossiers politiques, la priorité devant aller au traitement des problèmes des gens. De son côté, le président du Conseil a recommandé que l'on cesse de discuter publiquement de la question des armes, pour que les Libanais n'apparaissent pas comme divisés, aux yeux du monde, au sujet du droit du peuple à résister.Mais la formulation retenue est, encore une fois, inadéquate. Elle certifie « le droit du Liban, de son peuple, de son armée et de sa...
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