Christian Francis a découvert l’épave du Victoria au large de Tripoli en août 2004.
Christian Francis, instructeur et formateur de moniteurs de plongée, a consacré huit ans de recherches intensives afin de retrouver les traces de l'épave. C'est grâce aux légendes colportées par les pêcheurs locaux, à ses fouilles minutieuses dans les archives du musée maritime national de Londres et aux équipes de « Lebanon divers », qu'il a découvert en août 2004 le navire englouti. L'histoire mystérieuse du naufrage rapide de ce bâtiment de guerre ultramoderne pour l'époque et la position verticale de l'épave en font un modèle unique dans le monde entier. D'autant plus que pour admirer une coque parfaitement préservée, treize canons en place et quatre mitrailleuses quasiment prêtes à l'usage, les passionnés et les curieux devront se lancer dans une plongée difficile, qui demande une technique impeccable et l'organisation d'une véritable expédition sous-marine. Pour les autres, ils pourront suivre l'émission française Thalassa du vendredi 11 décembre, consacrée au Liban et qui fait du Victoria une de ses vedettes emblématiques.
Témoignage de l'histoire en danger
L'épave du Victoria représente aujourd'hui une véritable empreinte de l'histoire de la navigation. Christian Francis affirme sans détour que la découverte du navire et la possibilité de l'observer grâce à du matériel ultrasophistiqué permettent « une incroyable plongée dans l'histoire » et créent « une bulle temporelle qui nous propulse 120 ans en arrière ». À ce titre, le bâtiment de guerre planté au fond de l'eau à une dizaine de kilomètres au large des côtes libanaises doit être préservé. Son intégrité a été mise en péril par une technique de pêche à la dynamite et par l'œuvre inéluctable du temps. L'inscription de l'épave à la liste des biens du patrimoine mondial de l'Unesco est en cours et permettra d'assurer un peu mieux la protection de ce musée sous-marin.
Mais les projets pour le Victoria ne s'arrêtent pas là. Pour Christian Francis, la découverte de cette épave unique au monde devrait être l'occasion de matérialiser la vocation maritime que l'histoire et la géographie prêtent au Liban. Le plongeur de renom s'étonne ainsi du fait que le pays n'ait pas encore son propre musée maritime : « L'ouverture d'un musée interactif et éducatif permettra de raconter l'aventure exceptionnelle de la découverte de l'épave et offrira l'occasion pour le grand public d'admirer une collection authentique. »
En effet, depuis qu'il s'est lancé dans la recherche du navire englouti, il n'a pas arrêté de récupérer, racheter, accumuler toutes les pièces se rapportant à son histoire, souvent auprès d'antiquaires spécialisés installés à Londres. La collection regroupe à la fois des illustrations du navire avant sa mise à flot, des cartes maritimes d'époque, des objets retrouvés au fond de l'eau, parfois offerts par la reine d'Angleterre au commandant Tyron avant l'expédition en Méditerranée... Tant d'objets qui mériteraient d'être mis en valeur dans un musée et qui feraient la promotion du trésor installé dans nos eaux territoriales.
Pour les plongeurs les plus téméraires, le musée continuera sous l'eau : la mobilisation des autorités nationales et la coopération entre les différents ministères permettront à terme l'obtention des autorisations nécessaires à l'exploration de l'épave par les plongeurs aguerris du monde entier qui lorgnent d'ores et déjà sur une expérience unique.
La mise en place d'une politique globale de valorisation de la découverte de l'épave placera ainsi le Liban sur la carte des destinations phares en matière de tourisme sous-marin.