Où se situe la ligne d'arrivée, à quel plafond ? Lors de la libération des portions du territoire national qu'Israël occupe encore ? Après la signature d'un traité de paix entre les deux pays, et l'assurance qu'il n'y aurait plus d'agression israélienne ? Quand la Syrie aura récupéré le Golan ? Après la création d'un État palestinien, suite à la conclusion d'une paix régionale globale ? Faudra-t-il attendre le retour des réfugiés palestiniens dans leur terre d'origine ? Ou encore une solution définitive du dossier du nucléaire iranien ?
Il est, sans aucun doute, nécessaire de tenir compte de tous ces éléments pour dessiner le contour d'une stratégie de défense libanaise. Seul moyen de cristalliser une entente interne effective autour de l'arsenal du Hezbollah, de sa destination et de sa destinée. Autrement, le problème continuerait à constituer une lourde menace pour l'unité nationale, la coexistence et, il faut bien le dire, la paix civile. Le tout dépendant donc de la réponse que le Hezbollah apporterait à la question-clé appelée à lui être adressée autour de la table ronde du dialogue national.
Sur un plan concret, l'ancien officier supérieur cité pense qu'une majorité écrasante de Libanais se déclarerait favorable au maintien de l'armement du Hezbollah, mais à la stricte condition qu'il constitue une force d'appoint au potentiel de l'armée libanaise, face à Israël. Et pas plus. Ce qui signifie que les capacités de la résistance doivent être soumises à la supervision de l'État, unique détenteur de la décision de guerre et de paix. Ce qui induit, également, que le concours de la milice privée ne sera plus nécessaire une fois que le Liban aura récupéré les portions encore occupées de son territoire.
C'est cette ligne que fixent, ensemble, la logique nationale et le droit international. Les autres vecteurs qu'énumèrent les argumentations du Hezbollah, et des opposants, ne tiennent pas la route juridiquement. Ou même politiquement, si l'on ne veut prendre en compte que l'intérêt bien compris de l'entité libanaise. Pour peu que l'on en reconnaisse l'existence.
Le Hezbollah s'est intégré au gouvernement, et se trouve représenté à la Chambre. Il est donc l'une des composantes même de l'État libanais. Partant de là, relève la source citée, le Hezb doit admettre qu'il faut d'abord tenter de récupérer le territoire occupé par la voie diplomatique officielle, et non par les armes. C'est ce qu'impose le respect de la légalité internationale. La libération de Chebaa, de Kfarchouba et de Ghajar, via une transition par une tutelle de l'ONU, remettrait en selle la convention d'armistice de 1949. En attendant la conclusion d'une paix que le Liban s'engage à ne signer qu'en dernier.
Mais sans pour autant oublier qu'il n'est pas tenu d'assumer les problèmes d'autrui. Ainsi une bonne partie des Libanais refuse que le pays reste sur le pied de guerre, ou, plus exactement, que l'armement du Hezbollah soit maintenu jusqu'à ce que la Syrie ait récupéré le Golan, que les réfugiés palestiniens soient rentrés chez eux ou qu'une paix globale ait été conclue. En d'autres termes, cette majorité libanaise, que les urnes ont largement confirmée, ne veut pas que l'épée de Damoclès du 7 Mai reste suspendue au-dessus de sa tête. Et c'est tout dire.