Le Liban comme l'ensemble de l'humanité est susceptible d'être gravement affecté par les conséquences du changement climatique. Il est révélateur à cet égard que la première conférence internationale à laquelle participe le Premier ministre libanais soit consacrée au changement climatique. Nul ne sera épargné, pas mêmes les pays aux climats tempérés. Les effets du réchauffement se font ainsi déjà sentir en France : fonte des glaciers, déplacement vers le nord de certaines espèces méridionales, glissements de terrains...
Pour faire face à ce fléau, nous avons décidé, avec nos partenaires européens, de nous mobiliser sans compter dans la lutte contre le changement climatique. Nous avons fait le pari de l'exemplarité pour créer un effet d'entraînement à la veille de la conférence de Copenhague sur le changement climatique (7-18 décembre 2009).
Les Européens se sont ainsi engagés à réduire de 20 % leurs émissions de gaz à effet de serre en 2020 (par rapport à 1990) et envisagent une réduction de 30 % en cas d'accord satisfaisant à Copenhague. L'Europe a également clairement indiqué sa disposition à prendre part au financement de l'adaptation des pays en voie de développement au changement climatique, dont le coût est estimé à 100 milliards d'euros par an d'ici à 2020.
Les pays émergents ont à leur tour pris des engagements en matière de lutte contre le changement climatique. Le Brésil et la France ont, le 14 novembre dernier, adopté une position commune ambitieuse conforme au principe de responsabilité commune et différenciée. Le Brésil est ainsi le premier pays émergent à prendre des engagements chiffrés de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre et à soutenir la mise en place d'une véritable Organisation mondiale pour l'environnement lors de la conférence « Rio + 20 » qui se tiendra à Rio de Janeiro en 2012.
Il est de notre devoir à tous de prendre des engagements forts à Copenhague en faveur de la réduction des émissions de gaz à effet de serre et de l'adaptation au changement climatique. Les participants à la conférence de Copenhague n'ont pas le droit d'échouer. Les enjeux sont trop grands, alors que les effets du changement climatique se font déjà sentir sur l'ensemble de notre planète : avancée des déserts, fonte de la calotte glaciaire, relèvement du niveau des mers, multiplication des phénomènes climatiques extrêmes...
Les conséquences politiques et sécuritaires de cette catastrophe environnementale ne sauraient être sous-estimées : multiplication des pandémies, vagues de « réfugiés climatiques », développement de nouveaux conflits pour l'utilisation des ressources naturelles (l'eau, la terre, les produits alimentaires...).
La France, l'Union européenne et tous ceux qui sont engagés pour notre environnement comptent sur le plein soutien du Liban et des Libanais pour agir avec nous à Copenhague, afin d'éviter de dépasser le seuil fatidique d'une augmentation de 2°C de la température moyenne. Pour ce faire, il nous faudrait ensemble réduire nos émissions, d'ici à 2050, d'au moins 50 % par rapport à 1990. Cela impliquerait notamment des engagements chiffrés et contrôlés, ainsi que la mise en place de stratégies nationales permettant une déviation substantielle de l'augmentation des émissions par rapport au statu quo. Cela supposerait également la mise en œuvre de politiques énergétiques plus diversifiées faisant une place croissante aux énergies renouvelables.
Le président Sarkozy l'a rappelé lors du Sommet climat des Nations unies en septembre dernier : notre génération est la dernière à pouvoir agir. Ceux qui nous suivront ne pourront plus le faire. Le laisser-faire n'est plus une option.
*Denis Pietton est l'ambassadeur de France au Liban.