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Diaspora

La convention de l’association Jomali à Ixtapa : boire le Liban jusqu’à l’ivresse

C'est sur les belles plages d'Ixtapa, au Mexique, que RJLiban a été à la rencontre des jeunes Mexicains d'origine libanaise, rassemblés dans une association appelée Jomali.

Jolie assemblée au petit-déjeuner.

Il y a une vingtaine d'années, « Papi » réunit pour la première fois, sur une des superbes plages du Mexique, 200 jeunes d'origine libanaise, leur racontant la matinée de son départ du Liban, en 1964, pour  émigrer, et la douleur de sa mère lors de la séparation. Emportés par le récit de ce voyage, ils pensèrent à leurs arrière-grands-parents ayant fait le même chemin et fondirent en larmes. La Jomali vit ainsi le jour, au milieu d'une émotion scellant jusqu'à aujourd'hui cette formidable association indépendante de jeunes Mexicains d'ascendance libanaise (« Jóvenes mexicanos de ascendencia libanesa »).   
Notre voyage d'une heure par avion, à partir de Mexico vers Zihuatanejo, à 200 km à l'ouest d'Acapulco, nous a permis de rencontrer les premiers participants à la convention annuelle de la Jomali, qui, tous les quatre ans en moyenne, comme cette année, se déroule sur la plage. Ixtapa 2009, hôtel Dorado Pacifico, dans une région développée récemment par l'agence mexicaine Fonatur : ce fut cinq jours de rêve, du 29 octobre au 2 novembre, plongés dans l'univers de l'émigration libanaise, parmi une élite de jeunes de 22 ans de moyenne d'âge, encadrés par Antoun Nakad, le fameux « Papi », fondateur de la Jomali, arrivé au Mexique en 1980 à partir du Nigeria, ainsi que par un comité de direction présidé par Paola Dergal, représentant les jeunes de divers États mexicains. Jour après jour, le programme du lendemain était glissé sous la porte des chambres d'hôtel, comprenant des informations générales en espagnol sur le Liban, son climat, ses paysages, sa faune, sa flore, son économie, sa culture, son histoire et ses sites.  
Parmi les 800 membres actifs de l'association, 250 étaient présents, occupant les 16 étages de l'hôtel avec ses ascenseurs permettant à chaque aller ou retour d'échanger brièvement des idées avec de nouveaux jeunes provenant en particulier du nord du Liban (Zghorta, Batroun, Koura, Akkar...). Un échantillon  de  la grande communauté libanaise du Mexique, qui compte plus d'un demi-million de personnes, la plupart issues de familles maronites, avec un amour intact pour le Liban, malgré les distances géographiques et culturelles. Ils se contentaient de quelques mots en arabe pour nous raconter leur dernier séjour dans la mère patrie, plus de la moitié s'étant déjà rendus auprès de leurs familles restées au pays. Ce qui n'est pas le cas pour tous, en particulier pour ceux ayant perdu tout contact avec le Liban, mais qui pourtant clament haut et fort leur identité libanaise.

Coordination avec RJLiban
Ambiance tropicale, tequila, à défaut de l'arak, derbaké, guitare et danse orientale au bord de la piscine aménagée pour pouvoir y jouer de la « taoulé » en fumant le narguilé : Fairuz, Yousfieh, Fahimé, Nazira, Amado (traduction de Habib !), Charbelito et aussi Alfredo, Eduardo, Jorge, Bernardo, Salomé, Farid, Haïfa et bien d'autres, tous étaient présents, portant le cèdre au cou. Au milieu des tintements des verres portés « A la Salud del Libano » (à la santé du Liban), notre discours fut prononcé en espagnol, leur première langue, à laquelle ils sont aussi attachés qu'à leur pays natal, le Mexique.  
« Le Liban s'intéresse à vous, vous jeunes Mexicains, citoyens d'Amérique latine d'ascendance libanaise. Nous savons que vous formez une élite d'affaires, et souvent vos parents ont été sollicités à partir du Liban pour financer des projets pour le Liban. Mais vous êtes aussi une élite intellectuelle, culturelle, et c'est la seule chose que personne ne peut vous prendre. C'est ce qui fait que le Liban existe encore, ait existé depuis 8 000 ans, et le restera pour l'éternité. Et c'est ce que nous voulons de vous. Nous voulons former un parti culturel, invincible, qui lutte pour la paix et la coexistence, non seulement dans notre Liban chéri, mais dans tous les continents. Notre Liban, ce pays message, cette terre sainte, où ont vécu de nombreux prophètes... Nous sommes donc aujourd'hui avec vous, pour construire des ponts, entre le Liban et le Mexique, mais aussi avec tous les autres pays du monde où la communauté libanaise est implantée... Cette action sera encore plus forte si elle inclut les jeunes Mexicains d'origine libanaise qui n'ont pas pu se rendre à Ixtapa, et ils sont nombreux à vivre dans des régions éloignées, que vous devez engager dans ce grand mouvement de renaissance du Liban, avec la participation de la Jomali et de RJLiban. »
C'est la première fois que le Liban est là pour découvrir la force cachée de l'émigration libanaise que constituent ces jeunes à peine sortis de l'adolescence et qui occupent déjà des postes de responsabilité dans la vie professionnelle et associative.
Étaient également présents, accompagnés de leurs épouses, l'ambassadeur du Liban, Nouhad Mahmoud, en poste depuis dix ans et très apprécié de tous, ainsi que le président de l'Institut culturel libanais de Mexico, Antonio Trabulsi, à l'influence notable.

Des étreintes qui en disent long
Les soirées dansantes se sont succédée dans les beaux restaurants et boîtes de nuit d'Ixtapa, avec des étreintes de plus en plus fortes au fur et à mesure de l'approche du départ. Ce fut notamment le cas lors de la soirée d'inauguration sur le thème des pirates. Après avoir entonné les hymnes libanais et mexicain, une belle danseuse orientale nous a enchantés par son beau physique de Libanaise au teint clair, ne connaissant pourtant que quelques mots du dialecte libanais. Et durant la dernière soirée de gala toute en blanc, il ne manquait que des projecteurs rouges et verts pour nous ramener au pays.
Les discours des responsables ont été suivis de concours récompensant le plus beau, la plus belle, le plus séducteur et le nez libanais le plus typé, avant l'ouverture du bal au rythme des plus belles musiques des Caraïbes, dansées à deux ou en groupe.
Aussi fiers de leur rassemblement que de leurs origines, les jeunes Libano-Mexicains nous donnèrent rendez-vous pour 2010 à Puebla, ville proche de Mexico, et nous demandèrent, avec une lueur dans les yeux pouvant illuminer tout Beyrouth : « Les jeunes Libanais nous ressemblent-ils ? », « Comment vivent-ils ? », « Comment avez-vous trouvé les jeunes Libanais du Mexique » ?
Les Libanais du Mexique veulent tous retourner au Liban, et notre équipe leur prépare des circuits touristiques spéciaux adaptés à leurs demandes. Mais pour le moment, ils n'ont pas la volonté de s'installer dans le pays, en raison d'une certaine appréhension due à la situation  régionale et, parfois, à la difficulté d'obtenir le passeport libanais. Ils constituent cependant un exemple pour les jeunes du Liban.
À quand le rassemblement de jeunes au Liban, qui soit indépendant des divisions provoquées par les formations politiques impliquées dans les dernières guerres ? Rassemblement qui ouvrirait la voie à la « révolution des jeunes émigrés », aujourd'hui en marche, comme nous venons de le découvrir, aussi bien au Mexique que dans d'autres grands pays de l'émigration libanaise. 
Il y a une vingtaine d'années, « Papi » réunit pour la première fois, sur une des superbes plages du Mexique, 200 jeunes d'origine libanaise, leur racontant la matinée de son départ du Liban, en 1964, pour  émigrer, et la douleur de sa mère lors de la séparation. Emportés par le récit de ce voyage, ils pensèrent à leurs arrière-grands-parents ayant fait le même chemin et fondirent en larmes. La Jomali vit ainsi le jour, au milieu d'une émotion scellant jusqu'à aujourd'hui cette formidable association indépendante de jeunes Mexicains d'ascendance libanaise (« Jóvenes mexicanos de ascendencia libanesa »).   Notre voyage d'une heure par avion, à partir...