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Liban

Sous la pression du Hezbollah, une école retire un manuel parlant d’Anne Frank

Des extraits du « Journal d'Anne Frank » - une jeune juive morte dans un camp de concentration nazi - ainsi que des explications relatives à l'œuvre ont été coupés d'un manuel scolaire utilisé par un établissement libanais à la suite d'une campagne du Hezbollah selon qui l'ouvrage fait la promotion du sionisme, rapporte l'AFP.
La polémique a éclaté après que le Hezbollah eut appris qu'un manuel scolaire utilisé par un établissement privé de langue anglaise situé à l'ouest de la capitale contient des extraits du Journal d'Anne Frank.
La chaîne du Hezbollah, al-Manar, a dénoncé l'ouvrage, estimant qu'il se concentre sur la persécution des juifs. « Ce qui est plus dangereux encore est la manière dramatique et théâtrale dont le journal est relaté, il est chargé d'émotion », estime la chaîne dans un reportage diffusé la semaine dernière. Il se demande pour combien de temps encore le Liban « restera une arène ouverte pour l'invasion sioniste de l'éducation ».
Un membre du conseil de gestion de l'école, Jimmy Choufani, a indiqué à l'AFP que l'établissement avait décidé d'abandonner le manuel en question à la suite de cette polémique. Il a demandé à ce que l'établissement ne soit pas identifié. L'Orient-Le Jour, qui a mené sa propre enquête, a appris par la suite qu'il s'agissait de l'École secondaire adventiste de Mousseitbé (Mousseitbe Adventist Secondary School), le livre en question étant The Interactive Reader Plus for English Learners, pour la classe de quatrième (8th grade).
Dans un commentaire à la chaîne al-Manar, le député Hussein Hajj Hassan a critiqué l'établissement scolaire concerné et « son manque de discernement dans le choix de ses manuels ». « Ces établissements respectables enseignent la prétendue tragédie qu'a vécue cette fille, alors qu'ils ont honte d'enseigner la tragédie du peuple libanais, du peuple palestinien... la tragédie des gens du Sud, provoquées par l'occupation sioniste », a-t-il dit.

Seconde campagne d'intimidation
De son côté, l'organisation Aladdin's Project, basée à Paris, qui lutte contre la négation de l'Holocauste et qui a été la première association à traduire le Journal d'Anne Frank en arabe, a condamné dans un communiqué « la campagne d'intimidation menée par le Hezbollah », ajoute l'AFP.
Le juge Naïm Kalaani, membre du comité de boycott des produits sionistes, a estimé, pour sa part, que « l'utilisation de ce livre est une violation du code pénal libanais » et une initiative « vers la normalisation avec Israël ». Mais le journaliste et criminologue Omar Nachabé a rejeté de tels arguments qu'il a qualifiés « d'infondés ». « La loi parle de l'État d'Israël, du drapeau israélien, de l'entité d'Israël en tant que nation », a-t-il dit. « Or Anne Frank n'est pas israélienne », a-t-il ajouté, précisant « qu'Anne Frank fait partie de la littérature mondiale » et que l'œuvre est disponible sur Internet, précise l'AFP.
Rappelons qu'Anne Frank a écrit son journal entre 1942 et 1944, alors qu'elle se cachait des nazis dans une cave à Amsterdam avec sa famille. Elle est morte à l'âge de 15 ans dans le camp de concentration de Bergen-Belsen. Son journal a été publié à titre posthume.
Contactée par L'Orient-Le Jour, la ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur, Bahia Hariri, a préféré prendre connaissance du problème et avoir accès au manuel scolaire en question avant d'effectuer le moindre commentaire. « Nous prenons la question très au sérieux et allons traiter le problème avec responsabilité, dans le cadre des institutions », a-t-elle affirmé. Elle a toutefois précisé que la censure n'est pas l'affaire du ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur, mais de la Sûreté générale.
Le parti chiite s'en était pris le mois dernier à un autre manuel scolaire utilisé dans une école privée réputée de Beyrouth-Ouest dans lequel le Hezbollah et le mouvement islamiste palestinien Hamas sont qualifiés d'organisations terroristes à l'issue des attentats terroristes du 11-Septembre, raconte encore l'AFP. Ce manuel, publié aux États-Unis, a été utilisé pendant des années par l'école et le chapitre en question est habituellement coupé par la censure au Liban. C'est un exemplaire non censuré acheté à l'étranger par un élève qui aurait provoqué la polémique.
La polémique a éclaté après que le Hezbollah eut appris qu'un manuel scolaire utilisé par un établissement privé de langue anglaise situé à l'ouest de la capitale contient des extraits du Journal d'Anne Frank.La chaîne du Hezbollah, al-Manar, a dénoncé l'ouvrage, estimant qu'il se concentre sur la...

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