« L'Orient-Le Jour » - Comment évaluez-vous les préparatifs pour le sommet de Copenhague trois mois avant cet événement ? Existe-t-il une raison particulière pour laquelle le Danemark a été choisi pour organiser cet événement ?
Jantop Christensen - Des voix se sont élevées pour exprimer un certain pessimisme quant à la possibilité d'atteindre des résultats utiles à Copenhague. Or il suffit de revenir un an en arrière pour se rendre compte combien les choses ont changé. Les États-Unis, avec la nouvelle administration Obama, jouent un rôle positif dans le processus. Le G8 a récemment approuvé le fait qu'il ne faut pas tolérer une hausse des températures qui soit supérieure à deux degrés. De grands pays émergents, comme le Brésil, le Mexique, la Chine et l'Inde, ont donné des signes d'une compréhension toute nouvelle de ce grave problème mondial. Il est important de noter que, en dépit de la crise financière et économique, la question du climat a gardé sa place sur l'agenda international.
Pour ce qui est du Danemark, il a probablement été choisi pour accueillir ce sommet en raison du rôle prépondérant que ce pays joue depuis des années dans la transformation de son économie en une économie faible en émissions de carbone - en d'autres termes une « économie verte » - employant déjà des solutions fondées sur les énergies renouvelables à large échelle.
OLJ - Quel rôle politique et organisationnel joue le gouvernement danois, hôte du sommet, dans les pourparlers qui le précèdent ?
J. C. - Le Danemark déploie beaucoup d'efforts pour faciliter et améliorer le dialogue politique entre les grands pays en vue d'arriver à un accord ambitieux à Copenhague. Nombre de rencontres importantes sont organisées en vue du sommet. Pour n'en citer que quelques-unes : le 10 septembre, notre ministre des Affaires étrangères s'est réuni avec ses homologues français, britannique, suédois, espagnol et finlandais pour discuter du meilleur moyen d'assurer un processus efficace et un sommet réussi à Copenhague. De nombreuses autres réunions suivront d'ici à décembre, notamment celle du comité organisateur officiel. De plus, des conférences internationales sur le sujet ont été organisées à Copenhague plus tôt cette année à l'intention de scientifiques, d'hommes d'affaires et autres afin d'approfondir la question.
Logistiquement, le sommet est un événement immense. Quelque 14 000 délégués y participeront. Des milliers de membres d'organisations de la société civile tiendront une conférence parallèle sur le climat. Toutes les chambres d'hôtel sont d'ores et déjà réservées, même loin de la capitale, et jusqu'à la Suède voisine.
OLJ - Les négociations mondiales sont souvent qualifiées de « lentes ». Croyez-vous qu'il sera possible de s'entendre sur un traité contraignant durant le sommet ? Croyez-vous que l'accent sera mis sur les mesures pour la limitation des émissions des gaz à effet de serre ou simplement sur les mesures d'adaptation aux changements ?
J. C. - Le processus a effectivement été lent jusqu'à présent. Le Danemark a travaillé dur avec d'autres pour parvenir à un accord qui soit en même temps ambitieux et réaliste. Le résultat optimal que nous pouvons espérer du sommet est une entente sur un nouveau protocole. Si le temps ne permettra pas de régler tous les détails, un accord politique ambitieux devra néanmoins être conclu, un texte contraignant, qui sera appliqué. Le résultat final devra prendre en compte la nécessité de réduire les émissions de CO2 tel que recommandé par le Groupe intergouvernemental d'experts pour le changement climatique (GIEC), et des instruments financiers destinés à aider les pays en développement à s'adapter devront aussi être adoptés. Une réussite est possible. Et l'accord final devrait porter autant sur la réduction des émissions que sur l'adaptation.
OLJ - D'après vous, quelle sera la différence entre ce sommet et les autres qui l'ont précédé en termes de résultats et d'impact sur le changement climatique ?
J. C. - L'accord auquel nous parviendrons à Copenhague devrait être bien plus ambitieux que le protocole de Kyoto. Depuis que ce protocole a été adopté, la science a évolué et prouvé que les conséquences du réchauffement global sont bien plus graves qu'on ne le pensait alors. Les preuves scientifiques sont puissantes, et il faut par conséquent agir sans plus tarder si nous voulons éviter un changement climatique qui serait dangereux. Nous commençons à constater des signes de changement climatique un peu partout dans le monde, notamment dans le monde arabe où les problèmes d'eau et de désertification deviennent de plus en plus graves. La plupart des leaders mondiaux comprennent aujourd'hui que si nous ne menons pas une action immédiate et efficace, la facture que nous devrons payer plus tard sera plus élevée.
OLJ - Quelle est la position officielle du Danemark sur la limitation des émissions mondiales de CO2 et sur les fonds qui devraient être alloués par les pays industrialisés au monde en développement ?
J. C. - Les émissions globales de gaz à effet de serre devraient atteindre leur maximum dans les dix prochaines années. Elles devraient être réduites de 50 % d'ici à 2050, par rapport au niveau de 1990. Plus tôt nous parviendrons à ce maximum et amorcerons la descente, avant 2020 si possible, plus facile ce sera d'atteindre notre objectif en 2050. Les pays industrialisés devront prendre la tête de la lutte contre le changement climatique et réduire leurs émissions rapidement. De plus, l'accord de Copenhague devra augmenter de manière significative les fonds consacrés au changement climatique dans les pays en développement. C'est une base essentielle pour le succès de Copenhague. Il faudra également décider d'une structure pour le transfert des technologies et la coopération sur des questions cruciales.
OLJ - À un niveau national, que fait le Danemark pour limiter ses propres émissions de gaz à effet de serre et lutter contre le changement climatique ?
J. C. - Le Danemark a donné l'exemple et prouvé qu'il est possible de produire d'une manière plus intelligente. La production d' « énergie verte » et les énergies alternatives constituent aujourd'hui 20 % de la production totale d'énergie au Danemark. Ce pays a montré au monde qu'il est possible d'avoir une croissance économique sans augmenter les émissions de CO2. Durant les 25 dernières années, la croissance de l'économie danoise a été de 70 %, alors que les émissions sont restées stables ! Avant les prochaines élections au Danemark, le gouvernement aura fixé la date à laquelle le pays sera totalement indépendant des énergies fossiles.
Actuellement déjà, l'électricité produite au Danemark par les éoliennes représente le double de toute la production de l'Électricité du Liban ! À travers une utilisation plus intelligente de l'énergie, l'application de mesures d'efficacité énergétique dans la construction et dans d'autres domaines, ainsi que par un système adéquat de taxes routières, le Danemark est en passe de réduire significativement ses émissions. Avec une nouvelle « réforme des taxes environnementales », en d'autres termes des taxes sur la pollution, la production sera orientée vers des solutions plus intelligentes. Augmenter les fonds pour la recherche est nécessaire : l'année prochaine, le gouvernement danois doublera son budget de recherche dans le domaine des nouvelles technologies pour la production d'énergie.
OLJ - Comment l'ambassade est-elle en train de promouvoir le sommet au Liban ?
J. C. - Nous menons plusieurs activités visant à augmenter la sensibilisation autour des problèmes climatiques au Liban. En juin, l'ambassade avait déjà organisé, en partenariat avec l'AUB et l'ONG IndyAct, une conférence autour d'un rapport intitulé « Hausse des températures, hausse des tensions ». Ce rapport étudiait très particulièrement les conséquences du changement climatique sur le Moyen-Orient. D'autre part, je donne de nombreuses interviews, et je prends part à des séminaires et des conférences pour refléter la position officielle danoise sur le sujet. En novembre, nous apporterons une participation danoise de haut niveau dans la conférence qui sera organisée par l'AFED et à laquelle tous les ministres arabes concernés seront invités. Dès qu'un nouveau gouvernement sera en place, je contacterai le ministre de l'Environnement pour parler de COP15.
OLJ - Quelles recommandations pour le Liban en vue d'une participation plus active à la lutte globale contre le changement climatique ?
J. C. - Le futur gouvernement fera face à de substantiels défis en relation avec une amélioration de la production d'électricité et, en même temps, devra respecter les clauses de l'accord qu'on aura conclu à Copenhague. La bonne nouvelle, c'est que le Liban possède un énorme potentiel non utilisé jusqu'à ce jour pour traiter de tels problèmes. Des méthodes plus traditionnelles devront constituer la base des solutions durant les premières années. Mais des hommes politiques et des hommes d'affaires visionnaires devront se rassembler pour orienter le pays vers les énergies renouvelables à moyen terme. L'énergie solaire est un choix évident dans un pays qui connaît 300 jours d'ensoleillement par an. Mais les éoliennes et les autres formes d'énergie renouvelable devraient également être sérieusement envisagées.
OLJ - Quel préjudice subira, selon vous, le Liban si les officiels libanais ne forment pas une délégation pour participer au sommet de Copenhague en cas de prolongement de la crise gouvernementale ?
J. C. - Je suis certain que le Liban pourra envoyer une délégation importante à Copenhague en décembre. Le Liban a besoin d'être présent à ce sommet historique pour aider à rédiger un accord fort qui aiderait le monde à éviter de prendre des mesures plus draconiennes à l'avenir. C'est dans l'intérêt du peuple et du gouvernement libanais.
Jantop Christensen - Des voix se sont élevées pour exprimer un certain pessimisme quant à la possibilité d'atteindre des résultats utiles à Copenhague. Or il suffit de revenir un an en arrière pour se rendre compte combien les choses ont changé. Les États-Unis, avec la nouvelle administration Obama, jouent un rôle positif dans le processus. Le G8 a récemment approuvé le fait qu'il ne faut pas tolérer une hausse des températures qui soit supérieure à deux degrés. De grands pays émergents, comme le Brésil, le Mexique, la Chine et l'Inde, ont donné des signes d'une compréhension toute nouvelle de ce grave problème mondial. Il est important de noter que, en dépit de la crise financière et économique, la question du climat a gardé sa place sur l'agenda international.
Pour ce qui est du Danemark, il a probablement été choisi pour accueillir ce sommet en raison du rôle prépondérant que ce pays joue depuis des années dans la transformation de son économie en une économie faible en émissions de carbone - en d'autres termes une « économie verte » - employant déjà des solutions fondées sur les énergies renouvelables à large échelle.
OLJ - Quel rôle politique et organisationnel joue le gouvernement danois, hôte du sommet, dans les pourparlers qui le précèdent ?
J. C. - Le Danemark déploie beaucoup d'efforts pour faciliter et améliorer le dialogue politique entre les grands pays en vue d'arriver à un accord ambitieux à Copenhague. Nombre de rencontres importantes sont organisées en vue du sommet. Pour n'en citer que quelques-unes : le 10 septembre, notre ministre des Affaires étrangères s'est réuni avec ses homologues français, britannique, suédois, espagnol et finlandais pour discuter du meilleur moyen d'assurer un processus efficace et un sommet réussi à Copenhague. De nombreuses autres réunions suivront d'ici à décembre, notamment celle du comité organisateur officiel. De plus, des conférences internationales sur le sujet ont été organisées à Copenhague plus tôt cette année à l'intention de scientifiques, d'hommes d'affaires et autres afin d'approfondir la question.
Logistiquement, le sommet est un événement immense. Quelque 14 000 délégués y participeront. Des milliers de membres d'organisations de la société civile tiendront une conférence parallèle sur le climat. Toutes les chambres d'hôtel sont d'ores et déjà réservées, même loin de la capitale, et jusqu'à la Suède voisine.
OLJ - Les négociations mondiales sont souvent qualifiées de « lentes ». Croyez-vous qu'il sera possible de s'entendre sur un traité contraignant durant le sommet ? Croyez-vous que l'accent sera mis sur les mesures pour la limitation des émissions des gaz à effet de serre ou simplement sur les mesures d'adaptation aux changements ?
J. C. - Le processus a effectivement été lent jusqu'à présent. Le Danemark a travaillé dur avec d'autres pour parvenir à un accord qui soit en même temps ambitieux et réaliste. Le résultat optimal que nous pouvons espérer du sommet est une entente sur un nouveau protocole. Si le temps ne permettra pas de régler tous les détails, un accord politique ambitieux devra néanmoins être conclu, un texte contraignant, qui sera appliqué. Le résultat final devra prendre en compte la nécessité de réduire les émissions de CO2 tel que recommandé par le Groupe intergouvernemental d'experts pour le changement climatique (GIEC), et des instruments financiers destinés à aider les pays en développement à s'adapter devront aussi être adoptés. Une réussite est possible. Et l'accord final devrait porter autant sur la réduction des émissions que sur l'adaptation.
OLJ - D'après vous, quelle sera la différence entre ce sommet et les autres qui l'ont précédé en termes de résultats et d'impact sur le changement climatique ?
J. C. - L'accord auquel nous parviendrons à Copenhague devrait être bien plus ambitieux que le protocole de Kyoto. Depuis que ce protocole a été adopté, la science a évolué et prouvé que les conséquences du réchauffement global sont bien plus graves qu'on ne le pensait alors. Les preuves scientifiques sont puissantes, et il faut par conséquent agir sans plus tarder si nous voulons éviter un changement climatique qui serait dangereux. Nous commençons à constater des signes de changement climatique un peu partout dans le monde, notamment dans le monde arabe où les problèmes d'eau et de désertification deviennent de plus en plus graves. La plupart des leaders mondiaux comprennent aujourd'hui que si nous ne menons pas une action immédiate et efficace, la facture que nous devrons payer plus tard sera plus élevée.
OLJ - Quelle est la position officielle du Danemark sur la limitation des émissions mondiales de CO2 et sur les fonds qui devraient être alloués par les pays industrialisés au monde en développement ?
J. C. - Les émissions globales de gaz à effet de serre devraient atteindre leur maximum dans les dix prochaines années. Elles devraient être réduites de 50 % d'ici à 2050, par rapport au niveau de 1990. Plus tôt nous parviendrons à ce maximum et amorcerons la descente, avant 2020 si possible, plus facile ce sera d'atteindre notre objectif en 2050. Les pays industrialisés devront prendre la tête de la lutte contre le changement climatique et réduire leurs émissions rapidement. De plus, l'accord de Copenhague devra augmenter de manière significative les fonds consacrés au changement climatique dans les pays en développement. C'est une base essentielle pour le succès de Copenhague. Il faudra également décider d'une structure pour le transfert des technologies et la coopération sur des questions cruciales.
OLJ - À un niveau national, que fait le Danemark pour limiter ses propres émissions de gaz à effet de serre et lutter contre le changement climatique ?
J. C. - Le Danemark a donné l'exemple et prouvé qu'il est possible de produire d'une manière plus intelligente. La production d' « énergie verte » et les énergies alternatives constituent aujourd'hui 20 % de la production totale d'énergie au Danemark. Ce pays a montré au monde qu'il est possible d'avoir une croissance économique sans augmenter les émissions de CO2. Durant les 25 dernières années, la croissance de l'économie danoise a été de 70 %, alors que les émissions sont restées stables ! Avant les prochaines élections au Danemark, le gouvernement aura fixé la date à laquelle le pays sera totalement indépendant des énergies fossiles.
Actuellement déjà, l'électricité produite au Danemark par les éoliennes représente le double de toute la production de l'Électricité du Liban ! À travers une utilisation plus intelligente de l'énergie, l'application de mesures d'efficacité énergétique dans la construction et dans d'autres domaines, ainsi que par un système adéquat de taxes routières, le Danemark est en passe de réduire significativement ses émissions. Avec une nouvelle « réforme des taxes environnementales », en d'autres termes des taxes sur la pollution, la production sera orientée vers des solutions plus intelligentes. Augmenter les fonds pour la recherche est nécessaire : l'année prochaine, le gouvernement danois doublera son budget de recherche dans le domaine des nouvelles technologies pour la production d'énergie.
OLJ - Comment l'ambassade est-elle en train de promouvoir le sommet au Liban ?
J. C. - Nous menons plusieurs activités visant à augmenter la sensibilisation autour des problèmes climatiques au Liban. En juin, l'ambassade avait déjà organisé, en partenariat avec l'AUB et l'ONG IndyAct, une conférence autour d'un rapport intitulé « Hausse des températures, hausse des tensions ». Ce rapport étudiait très particulièrement les conséquences du changement climatique sur le Moyen-Orient. D'autre part, je donne de nombreuses interviews, et je prends part à des séminaires et des conférences pour refléter la position officielle danoise sur le sujet. En novembre, nous apporterons une participation danoise de haut niveau dans la conférence qui sera organisée par l'AFED et à laquelle tous les ministres arabes concernés seront invités. Dès qu'un nouveau gouvernement sera en place, je contacterai le ministre de l'Environnement pour parler de COP15.
OLJ - Quelles recommandations pour le Liban en vue d'une participation plus active à la lutte globale contre le changement climatique ?
J. C. - Le futur gouvernement fera face à de substantiels défis en relation avec une amélioration de la production d'électricité et, en même temps, devra respecter les clauses de l'accord qu'on aura conclu à Copenhague. La bonne nouvelle, c'est que le Liban possède un énorme potentiel non utilisé jusqu'à ce jour pour traiter de tels problèmes. Des méthodes plus traditionnelles devront constituer la base des solutions durant les premières années. Mais des hommes politiques et des hommes d'affaires visionnaires devront se rassembler pour orienter le pays vers les énergies renouvelables à moyen terme. L'énergie solaire est un choix évident dans un pays qui connaît 300 jours d'ensoleillement par an. Mais les éoliennes et les autres formes d'énergie renouvelable devraient également être sérieusement envisagées.
OLJ - Quel préjudice subira, selon vous, le Liban si les officiels libanais ne forment pas une délégation pour participer au sommet de Copenhague en cas de prolongement de la crise gouvernementale ?
J. C. - Je suis certain que le Liban pourra envoyer une délégation importante à Copenhague en décembre. Le Liban a besoin d'être présent à ce sommet historique pour aider à rédiger un accord fort qui aiderait le monde à éviter de prendre des mesures plus draconiennes à l'avenir. C'est dans l'intérêt du peuple et du gouvernement libanais.
« L'Orient-Le Jour » - Comment évaluez-vous les préparatifs pour le sommet de Copenhague trois mois avant cet événement ? Existe-t-il une raison particulière pour laquelle le Danemark a été choisi pour organiser cet événement ?Jantop Christensen - Des voix se sont élevées pour exprimer un certain pessimisme quant à la possibilité d'atteindre des résultats utiles à Copenhague. Or il suffit de revenir un an en arrière pour se rendre compte combien les choses ont changé. Les États-Unis, avec la nouvelle administration Obama, jouent un rôle positif dans le processus. Le G8 a récemment approuvé le fait qu'il ne faut pas tolérer une hausse des...