Quelle est la position officielle du Liban dans les négociations sur le climat ? Quel était le résultat de sa participation à la récente conférence sur le climat tenue à Genève ? « D'habitude, les résolutions d'une conférence sont préparées à l'avance par les délégations, explique M. Karam. Les textes sont rédigés pour répondre aux exigences de tous. L'étape à laquelle nous participons, celle des ministres et des présidents, vient en dernier. À Genève, il n'y a pas eu d'accord sur un projet qui puisse satisfaire tout le monde, ils ont donc revu leurs ambitions à la baisse. Certains étaient surtout soucieux d'obtenir un financement pour un observatoire mondial qui concentrerait toutes les données. Cela est excellent, mais est-ce suffisant ? Quand je l'ai su, j'ai entièrement modifié le mot que je devais prononcer. »
Dans cette allocution, le ministre revient justement sur la position libanaise. « J'ai senti que cette résolution n'était pas suffisante, ajoute-t-il. Il faut une action plus forte et plus rapide pour freiner ce phénomène, et c'est ce que j'ai revendiqué. »
Parle-t-il principalement des pays industrialisés ? « Non seulement ces pays doivent réduire leurs émissions, mais ils doivent également prendre part activement à la prise de décision, poursuit M. Karam. Qui d'autre peut rétablir l'équilibre ? Si le sommet mondial de Copenhague devait se terminer par la création d'un observatoire, qu'aurions-nous fait ? Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, de retour de l'Antarctique, vient de faire un constat alarmant. Combien avons-nous encore de temps avant d'atteindre le point de non-retour ? »
A-t-il senti que beaucoup d'autres pays en développement ont pris cette même position ? « Le problème, dans de telles négociations, c'est que beaucoup cherchent à arrondir les angles pour parvenir à un accord qui soit satisfaisant pour tout le monde, déplore-t-il. Dans les discours, il y a beaucoup de parts données aux réalisations de tel ou tel autre pays. Ce n'est pas, d'après moi, le cœur du problème. Et même si, comme nous, certains crient que c'est l'avenir de l'humanité qui est en jeu, cela ne change pas toujours grand-chose, mais il est important de le dire. »
Le ministre reconnaît cependant que les choses ne sont pas aussi simples. « Nous avons bâti notre "civilisation" sur cette technologie, et il nous est aujourd'hui difficile de la freiner, affirme-t-il. Mais quand les enjeux sont aussi importants que le changement climatique, il est clair qu'il faut consentir des sacrifices. »
Pas de coordination arabe
Le ministère de l'Environnement sera-t-il présent à Copenhague en décembre ? « Non, ce ne sera pas le cas », répond le ministre. Interrogé sur les raisons, il fait remarquer que la question a trait à la formation du gouvernement. « Notre cabinet avait en principe une durée de vie bien précise, dit-il. Comme la réunion de Genève avait lieu non loin de la date prévue de changement de gouvernement, nous avions préparé notre participation. Mais avec l'incertitude actuelle sur la formation du gouvernement, il devient difficile d'envisager la participation aux autres événements. J'ai personnellement contacté le Premier ministre et le président de la République à ce sujet. Il semble que nos représentants aux Nations unies en seront chargés. »
Quel impact sur le Liban s'il n'envoie pas de délégation au sommet ? « Je pense que les négociations mondiales ont en tout cas dévié de leur trajectoire originale », estime-t-il. Le ministre se montre d'ailleurs pessimiste quant à l'adoption, à Copenhague, d'un accord contraignant et réellement ambitieux.
Y a-t-il une coordination entre les pays arabes pour une position commune, ou les intérêts sont-ils trop divergents ? « Il n'y a pas de position commune ni de concertations actuellement, reconnaît M. Karam. J'aurais aimé qu'une telle coordination se matérialise. Le Liban est l'un de ceux qui ont œuvré pour la création du Comité arabe pour l'environnement, au sein de la Ligue arabe. C'est un organe qui pourra assurer la coordination arabe. »
L'insécurité paralyse
les progrès
Interrogé sur le Liban, M. Karam déplore que les efforts pour réduire les émissions aient été minimaux jusque-là. « Nous n'avons pas encore tiré profit du soleil, dit-il. Si au moins nous pouvions imposer l'installation systématique de chauffe-eau solaires dans les nouvelles constructions et l'encourager dans les autres, nous réduirions les émissions dues à l'énergie de 20 %. C'est cela de gagné. Qu'avons-nous fait, sur un autre plan, pour développer les transports publics ? »
Toutes ces questions, selon le ministre, ne concernent pas que son ministère, même si celui-ci hausse le ton pour se faire entendre. Il rappelle qu'au Liban, ce ne sont pas seulement les intérêts économiques qui sont en jeu. Les problèmes viennent aussi de l'incapacité à faire appliquer les lois partout et en toutes circonstances. « Nous semons la mort auprès de nos enfants, lance-t-il. Peut-être que nos générations échapperont-elles au pire parce qu'elles disparaîtront avant la catastrophe. Mais nos enfants, et certainement leurs enfants, n'y échapperont pas, eux. »
Le ministre souligne que dans son discours, il a qualifié l'instabilité due aux agressions israéliennes répétées de « frein au développement technologique » pour réduire les émissions. « À titre d'exemple, j'avais moi-même effectué des contacts pour un projet de production d'électricité à l'énergie solaire qui aurait été réalisé par le secteur privé, affirme-t-il. Ce projet aurait permis la production de 150 mégawatts supplémentaires. Mais à condition que les panneaux solaires ne se brisent pas et soient à l'abri du moindre bombardement. »
Le danger israélien n'est pas le seul à handicaper une avancée à ce niveau, reconnaît le ministre. Le manque de stratégies nationales et de consensus sur ce qui pourrait bénéficier au pays joue aussi un rôle néfaste. Ainsi que les discussions oiseuses sur les parts des uns et des autres dans telle ou telle institution, ajoute-t-il. « Pourquoi ne pas discuter au contraire de questions comme l'énergie, les moyens d'en produire davantage sans provoquer de dégâts dans la nature, ou comment développer les transports publics de manière intelligente ? » se demande-t-il. Comme nous autres d'ailleurs...
Si un système d'échanges de crédit carbone est adopté dans le monde, le Liban est-il préparé à y prendre part ? M. Karam rappelle que le ministère est l'autorité nationale désignée en la matière. « Il faut présenter des projets, mais le processus est lent, dit-il. Pour l'instant, nous n'avons qu'un projet prêt. C'est le secteur privé qui devrait se lancer dans cette affaire. »
Dans cette allocution, le ministre revient justement sur la position libanaise. « J'ai senti que cette résolution n'était pas suffisante, ajoute-t-il. Il faut une action plus forte et plus rapide pour freiner ce phénomène, et c'est ce que j'ai revendiqué. »
Parle-t-il principalement des pays industrialisés ? « Non seulement ces pays doivent réduire leurs émissions, mais ils doivent également prendre part activement à la prise de décision, poursuit M. Karam. Qui d'autre peut rétablir l'équilibre ? Si le sommet mondial de Copenhague devait se terminer par la création d'un observatoire, qu'aurions-nous fait ? Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, de retour de l'Antarctique, vient de faire un constat alarmant. Combien avons-nous encore de temps avant d'atteindre le point de non-retour ? »
A-t-il senti que beaucoup d'autres pays en développement ont pris cette même position ? « Le problème, dans de telles négociations, c'est que beaucoup cherchent à arrondir les angles pour parvenir à un accord qui soit satisfaisant pour tout le monde, déplore-t-il. Dans les discours, il y a beaucoup de parts données aux réalisations de tel ou tel autre pays. Ce n'est pas, d'après moi, le cœur du problème. Et même si, comme nous, certains crient que c'est l'avenir de l'humanité qui est en jeu, cela ne change pas toujours grand-chose, mais il est important de le dire. »
Le ministre reconnaît cependant que les choses ne sont pas aussi simples. « Nous avons bâti notre "civilisation" sur cette technologie, et il nous est aujourd'hui difficile de la freiner, affirme-t-il. Mais quand les enjeux sont aussi importants que le changement climatique, il est clair qu'il faut consentir des sacrifices. »
Pas de coordination arabe
Le ministère de l'Environnement sera-t-il présent à Copenhague en décembre ? « Non, ce ne sera pas le cas », répond le ministre. Interrogé sur les raisons, il fait remarquer que la question a trait à la formation du gouvernement. « Notre cabinet avait en principe une durée de vie bien précise, dit-il. Comme la réunion de Genève avait lieu non loin de la date prévue de changement de gouvernement, nous avions préparé notre participation. Mais avec l'incertitude actuelle sur la formation du gouvernement, il devient difficile d'envisager la participation aux autres événements. J'ai personnellement contacté le Premier ministre et le président de la République à ce sujet. Il semble que nos représentants aux Nations unies en seront chargés. »
Quel impact sur le Liban s'il n'envoie pas de délégation au sommet ? « Je pense que les négociations mondiales ont en tout cas dévié de leur trajectoire originale », estime-t-il. Le ministre se montre d'ailleurs pessimiste quant à l'adoption, à Copenhague, d'un accord contraignant et réellement ambitieux.
Y a-t-il une coordination entre les pays arabes pour une position commune, ou les intérêts sont-ils trop divergents ? « Il n'y a pas de position commune ni de concertations actuellement, reconnaît M. Karam. J'aurais aimé qu'une telle coordination se matérialise. Le Liban est l'un de ceux qui ont œuvré pour la création du Comité arabe pour l'environnement, au sein de la Ligue arabe. C'est un organe qui pourra assurer la coordination arabe. »
L'insécurité paralyse
les progrès
Interrogé sur le Liban, M. Karam déplore que les efforts pour réduire les émissions aient été minimaux jusque-là. « Nous n'avons pas encore tiré profit du soleil, dit-il. Si au moins nous pouvions imposer l'installation systématique de chauffe-eau solaires dans les nouvelles constructions et l'encourager dans les autres, nous réduirions les émissions dues à l'énergie de 20 %. C'est cela de gagné. Qu'avons-nous fait, sur un autre plan, pour développer les transports publics ? »
Toutes ces questions, selon le ministre, ne concernent pas que son ministère, même si celui-ci hausse le ton pour se faire entendre. Il rappelle qu'au Liban, ce ne sont pas seulement les intérêts économiques qui sont en jeu. Les problèmes viennent aussi de l'incapacité à faire appliquer les lois partout et en toutes circonstances. « Nous semons la mort auprès de nos enfants, lance-t-il. Peut-être que nos générations échapperont-elles au pire parce qu'elles disparaîtront avant la catastrophe. Mais nos enfants, et certainement leurs enfants, n'y échapperont pas, eux. »
Le ministre souligne que dans son discours, il a qualifié l'instabilité due aux agressions israéliennes répétées de « frein au développement technologique » pour réduire les émissions. « À titre d'exemple, j'avais moi-même effectué des contacts pour un projet de production d'électricité à l'énergie solaire qui aurait été réalisé par le secteur privé, affirme-t-il. Ce projet aurait permis la production de 150 mégawatts supplémentaires. Mais à condition que les panneaux solaires ne se brisent pas et soient à l'abri du moindre bombardement. »
Le danger israélien n'est pas le seul à handicaper une avancée à ce niveau, reconnaît le ministre. Le manque de stratégies nationales et de consensus sur ce qui pourrait bénéficier au pays joue aussi un rôle néfaste. Ainsi que les discussions oiseuses sur les parts des uns et des autres dans telle ou telle institution, ajoute-t-il. « Pourquoi ne pas discuter au contraire de questions comme l'énergie, les moyens d'en produire davantage sans provoquer de dégâts dans la nature, ou comment développer les transports publics de manière intelligente ? » se demande-t-il. Comme nous autres d'ailleurs...
Si un système d'échanges de crédit carbone est adopté dans le monde, le Liban est-il préparé à y prendre part ? M. Karam rappelle que le ministère est l'autorité nationale désignée en la matière. « Il faut présenter des projets, mais le processus est lent, dit-il. Pour l'instant, nous n'avons qu'un projet prêt. C'est le secteur privé qui devrait se lancer dans cette affaire. »
Quelle est la position officielle du Liban dans les négociations sur le climat ? Quel était le résultat de sa participation à la récente conférence sur le climat tenue à Genève ? « D'habitude, les résolutions d'une conférence sont préparées à l'avance par les délégations, explique M. Karam. Les textes sont rédigés pour répondre aux exigences de tous. L'étape à laquelle nous participons, celle des ministres et des présidents, vient en dernier. À Genève, il n'y a pas eu d'accord sur un projet qui puisse satisfaire tout le monde, ils ont donc revu leurs ambitions à la baisse. Certains étaient surtout soucieux d'obtenir un financement pour un...