Rechercher
Rechercher

Jeux 2009 : Interviews - Francophonie

Khalil Karam : Le Liban appelle ses jeunes à déferler dans les stades

À quelques jours de la cérémonie d'ouverture des Jeux de la francophonie à Beyrouth, « L'Orient-Le Jour » est allé à la rencontre de Khalil Karam, représentant personnel du président de la République pour la Francophonie, pour l'interroger sur les enjeux libanais de cet événement d'envergure internationale. Il nous a reçus hier juste après avoir rencontré la délégation envoyée par la France pour préparer la visite de son Premier ministre François Fillon.
Les préparatifs de la visite de François Fillon, Premier ministre français, semblent de grande envergure. Sera-t-il à la tête d'une importante délégation ?
François Fillon et sa délégation vont arriver au Liban dimanche après-midi, juste à temps pour la cérémonie, à bord de trois avions d'État. La délégation comprendra notamment Denis Pietton, qui sera bientôt l'ambassadeur de France au Liban, mais également quatre ministres, sept députés, deux sénateurs et un député européen. Il y aura en tout 25 personnes, sans compter le service technique.

Pourquoi la tenue de ces Jeux au Liban, cette année, revêt-elle une si grande importance ?
Revenons d'abord sur l'histoire de cette édition, sur la façon dont Beyrouth s'est vue confier la responsabilité de leur organisation. Les Jeux de la francophonie, pour Beyrouth, ont été décidés au Vietnam, lors d'un sommet de la Francophonie qui s'est tenu là-bas en présence de Jacques Chirac, qui était encore président de la République française, et Rafic Hariri, alors Premier ministre du Liban.
Au printemps 2008, beaucoup de pays participants ont estimé la situation politique très peu encourageante pour la réussite d'un tel événement - surtout qu'il s'agit du vingtième anniversaire des Jeux. Mais en juillet 2008, lors d'une réunion de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) qui s'est tenue à Paris en même temps qu'un sommet de l'Union pour la Méditerranée, le secrétaire général de l'OIF, Abdou Diouf, a insisté pour faire confirmer la tenue des Jeux à Beyrouth en septembre 2009, tout en saluant l'élection d'un nouveau président de la République au Liban et le retour progressif à la vie normale dans notre pays.

Est-ce donc une affirmation de renouveau pour l'ancrage du Liban dans la vie politique internationale ?
Tout à fait. Dans son allocution de clôture, lors de ce sommet, Abdou Diouf a souligné l'importance symbolique de cette édition qui marque le soutien de la famille francophone au Liban, qui souhaite retrouver son rôle international et sa place dans le concert des nations.

Les préparatifs ont alors dû se faire très rapidement pour rattraper le temps perdu avec l'incertitude quant à la tenue des Jeux à Beyrouth...
Depuis juillet 2008 et cette confirmation, toutes les parties concernées se sont mobilisées pour rattraper le temps perdu. Au dernier sommet de la Francophonie, au Québec, le président Sleiman et la délégation ministérielle qui l'accompagnait (j'en faisais partie) ont profité de la présence de délégations francophones de haut niveau pour encourager tous les pays francophones à participer aux Jeux et à former des délégations capables de couvrir les sept épreuves culturelles et les six disciplines sportives.

Les pays francophones se sont-ils donc réellement mobilisés pour soutenir le Liban à l'occasion des Jeux ?
Oui. Le président Sleiman s'est entretenu avec Steven Harper et Jean Charest, Premiers ministres du Canada et du Québec, et ceux-ci ont promis d'envoyer une délégation d'au moins 30 Canadiens. Au final, ce chiffre est passé à 300... En plus, la participation financière du Canada s'est ajoutée à celle d'autres généreux donateurs, notamment la république française. Les pays francophones ont ainsi financé les Jeux à hauteur de 48 %.

Tout est-il prêt pour la cérémonie d'ouverture ?
Oui, les Jeux pourront commencer en beauté dimanche. Nora Joumblatt préside une commission qui a mis au point une cérémonie d'ouverture grandiose. Le président Sleiman sera entouré du prince Albert de Monaco, d'Abdou Diouf et de François Fillon, ainsi que de près de 40 ministres représentant les pays francophones. Les autorités principales du Comité international des Jeux de la francophonie (CIJF) et du Comité international olympique (CIO), ainsi que des agences internationales telles que Onusida ou l'Acnoa seront présents. Les athlètes et les autres participants seront installés dans le Village francophone à Hadeth. Toutes les dispositions sont prises pour permettre aux différents représentants de la jeunesse francophone de communiquer, fraterniser et afficher, dans leur diversité, leur appartenance à l'identité francophone.

La jeunesse libanaise est-elle mobilisée pour les Jeux ?
Aujourd'hui, le Liban appelle ses élèves et ses étudiants à déferler dans les stades, pour offrir au monde l'image d'un pays qui veut renaître. Il s'agit surtout d'afficher le même enthousiasme que les membres de la famille francophone qui viennent de loin pour soutenir la renaissance du Liban.

Quel sera l'impact des Jeux pour l'ensemble des Libanais ?
L'OIF espère, après la sixième édition des Jeux, promouvoir l'idée d'un pacte linguistique. Il s'agit pour un pays multilingue comme le Liban d'aider à maintenir la qualité de la langue française. Ce pacte encouragerait les statistiques sur la langue française, grâce à la création de commissions d'observation. Nous voulons favoriser la « contagion » de la francophonie vers l'est de la Méditerranée. Je suis également professeur à l'Université Saint-Joseph. Les universités francophones du Liban, ainsi que l'Agence universitaire de la francophonie (dont je suis membre du conseil d'administration) ont un rôle important à jouer pour promouvoir, surtout au niveau de l'enseignement supérieur, des programmes d'échange Nord-Sud.
Par ailleurs, les Jeux auront un véritable impact économique. Ils prolongent la saison touristique, en plus du Eid el-Fitr. Les hôtels, les locations de voiture et d'autres services touristiques en profitent.

Les mesures de sécurité nécessaires ont-elles été prises pour assurer un bon déroulement de l'événement ?
Toutes les mesures ont été prises pour sécuriser les stades, les centres, les théâtres où auront lieu les compétitions. Les forces de sécurité libanaises sont mobilisées. Différents pays participants ont envoyé des délégations de préparation qui se sont déclarées satisfaites de notre travail.

Le Liban se présentera donc comme un bon élève de la Francophonie, dimanche soir...
Oui. Le Liban est un des fondateurs de l'institution francophone et il a été pionnier dans l'idée de créer un espace économique francophone. L'équipe du Comité national des Jeux de la francophonie, présidée par Fouad Siniora et dirigée par Alain Badaro, fait un travail formidable. Elle est soutenue par des bénévoles très impliqués dans les préparatifs.

Les préparatifs de la visite de François Fillon, Premier ministre français, semblent de grande envergure. Sera-t-il à la tête d'une importante délégation ?François Fillon et sa délégation vont arriver au Liban dimanche après-midi, juste à temps pour la cérémonie, à bord de trois avions...