Damas est la plus vieille du monde encore habitée. Damas, que d'aucuns qualifieraient de plus belle ville, est aussi connue sous le nom de « Madinat el-yasmine », la ville du jasmin, en raison des nombreux arbustes aux délicates fleurs blanches qui, aujourd'hui encore, s'échappent des murs des maisons pour embaumer la chaussée. Mais Damas est aussi une ville qui sent très fort le gaz d'échappement et qui doit faire face aux défis d'une croissance urbaine
exponentielle.
La capitale a, en effet, vu sa population multipliée par 10 en moins de 50 ans. Sans connaître l'expansion urbaine monstrueuse d'une ville comme Le Caire, qui comprend plus d'habitants en son sein que toute la population syrienne réunie, Damas n'en est pas moins exposée à une crise de croissance qui menace son équilibre urbain. Comme partout dans le monde, l'exode rural et la croissance démographique en sont les principales causes auxquelles il faut en ajouter une, de nature conjoncturelle : l'arrivée massive de plus d'un million et demi d'Irakiens depuis 2003, principalement concentrés dans les faubourgs de la capitale. Une immigration qui a considérablement pesé sur les ressources financières de la ville et de l'État en raison, notamment, de la gratuité des établissements scolaires et médicaux. Un surcroît de population qui n'a pas manqué non plus d'entraîner une flambée des prix de
l'immobilier.
Mais l'essentiel des problèmes auxquels la ville est confrontée est bien de nature structurelle : de la gestion des ressources aquifères mises à mal par une pluviométrie en baisse continuelle, à la pollution, en passant par la gestion de l'expansion urbaine par la planification jusqu'à la préservation et la réhabilitation du patrimoine architectural. Autant de défis que le programme de modernisation de l'administration municipale (MAM) entend relever.
Dotée d'une enveloppe budgétaire de 20,5 millions d'euros, dont 18 à la charge de la Commission européenne et 2,5 à la charge de l'État syrien, le programme MAM entend, en premier lieu, réformer l'ensemble du système de gestion des administrations locales mis en place en 1971 pour une population totale qui ne comptait alors que 6,5 millions d'habitants, contre trois fois plus aujourd'hui.
Le programme s'étend sur cinq autres villes : Tartous, Lattaquié, Alep, Deir ez-Zor et Homs.
L'une des mesures phares est la constitution d'un « guichet unique » au sein des municipalités afin de fluidifier les procédures administratives, réduire le temps de traitement des dossiers, combattre la corruption et augmenter de manière générale l'efficacité des services rendus aux citoyens.
Une mesure applaudie et attendue de longue date par l'ensemble des usagers, mais qui provoque parfois des levers de bouclier, déplore Erfan Ali, détaché du ministère de l'Administration locale pour diriger le programme MAM. « Nous avons présenté le concept à la mairie d'une grande ville qui l'a tout simplement rejeté », indique M. Ali sans préciser la ville en question, avant d'ajouter, rassurant, avoir néanmoins reçu « le plein soutien du Premier ministre ». « Nous ne manquons jamais de sensibiliser les élus locaux aux avantages que ce système recèle. Il est d'ailleurs déjà en vigueur dans les villes de Homs et Tartous où il fonctionne parfaitement bien, et nous envisageons d'ores et déjà de l'étendre à d'autres municipalités dès 2010 », ajoute-t-il. Son ouverture au sein du directorat de Damas est, par ailleurs, prévue pour la fin du mois de ramadan.
Si la mise en place d'un « guichet unique » pourrait signifier une réduction des effectifs et des licenciements, le jeune et dynamique directeur du MAM se veut rassurant : « Il s'agit de réorganiser des services et en aucun cas de réduire des services, donc pas de licenciement ni de réduction d'effectifs sous quelque forme que ce soit. »
Si toutes les villes sélectionnées sont concernées par une réforme qui ressemble à une tentative de décentralisation, chacune a ses spécificités dans le cadre de ce programme.
Damas, pour sa part, s'est fixé plusieurs objectifs. L'un d'eux concerne l'amélioration du cadre de vie des habitants de ce quartier informel qui s'est développé sur les pentes escarpées du mont Qassioun. Une équipe d'experts syriens et européens est à pied d'œuvre pour procéder à un réaménagement urbain à grande échelle afin d'améliorer l'infrastructure du quartier, favoriser l'accès des transports en commun et prévenir ou tout au moins réduire les conséquences d'un tremblement de terre dans cette partie de la ville qui se trouve sur une faille sismique et sur laquelle vivent 300 000 personnes.
Un autre volet du programme MAM concerne la mise en valeur du patrimoine de la vieille ville de Damas. Pour ce faire, un plan de conservation de la partie ancienne a d'ores et déjà été adopté qui prévoit, entre autres, la mise en place d'un parcours thématique fléché avec des cartes permettant, en fonction du thème de la visite, d'identifier les lieux avant de les visiter. Le plan prévoit également de réduire de manière significative le nombre de véhicules particuliers dans la vieille ville, en favorisant la construction de parkings autour de la ville.
De manière générale, le principal risque contenu dans les programmes de mise en valeur d'un patrimoine urbain, a fortiori quand il s'agit d'un quartier entier, est celui d'une gentrifucation et, en ce qui concerne Damas, d'une transformation de la vieille ville en musée à ciel ouvert.
Sur ce sujet, le Dr Abir Arkawi, responsable de l'unité de gestion du MAM sur la vieille ville et architecte de formation, se veut elle aussi rassurante, soulignant que l'un des objectifs majeurs de la mission est de préserver le tissu social et économique de la vieille ville et de veiller à ne pas en chasser les familles les plus modestes.
Enfin, dans le cadre du programme, l'équipe du MAM est hébergée dans la demeure du défunt émir Abdelkader, récemment restaurée grâce aux fonds de l'Union européenne. Une demeure qui sera transformée en centre d'études stratégiques pour le développement durable. Bel hommage pour cette figure de la résistance à la colonisation française qui a passé les 28 dernières années de sa vie à Damas où il s'est distingué par son érudition et sa sagesse. L'émir Abdelkader était aussi, et surtout, un intellectuel arabe conscient du retard technique et scientifique accusé par les sociétés arabes. Retard qu'il avait à cœur de combler par l'échange, le dialogue et ce que l'on appellerait aujourd'hui le transfert de technologie.
exponentielle.
La capitale a, en effet, vu sa population multipliée par 10 en moins de 50 ans. Sans connaître l'expansion urbaine monstrueuse d'une ville comme Le Caire, qui comprend plus d'habitants en son sein que toute la population syrienne réunie, Damas n'en est pas moins exposée à une crise de croissance qui menace son équilibre urbain. Comme partout dans le monde, l'exode rural et la croissance démographique en sont les principales causes auxquelles il faut en ajouter une, de nature conjoncturelle : l'arrivée massive de plus d'un million et demi d'Irakiens depuis 2003, principalement concentrés dans les faubourgs de la capitale. Une immigration qui a considérablement pesé sur les ressources financières de la ville et de l'État en raison, notamment, de la gratuité des établissements scolaires et médicaux. Un surcroît de population qui n'a pas manqué non plus d'entraîner une flambée des prix de
l'immobilier.
Mais l'essentiel des problèmes auxquels la ville est confrontée est bien de nature structurelle : de la gestion des ressources aquifères mises à mal par une pluviométrie en baisse continuelle, à la pollution, en passant par la gestion de l'expansion urbaine par la planification jusqu'à la préservation et la réhabilitation du patrimoine architectural. Autant de défis que le programme de modernisation de l'administration municipale (MAM) entend relever.
Dotée d'une enveloppe budgétaire de 20,5 millions d'euros, dont 18 à la charge de la Commission européenne et 2,5 à la charge de l'État syrien, le programme MAM entend, en premier lieu, réformer l'ensemble du système de gestion des administrations locales mis en place en 1971 pour une population totale qui ne comptait alors que 6,5 millions d'habitants, contre trois fois plus aujourd'hui.
Le programme s'étend sur cinq autres villes : Tartous, Lattaquié, Alep, Deir ez-Zor et Homs.
L'une des mesures phares est la constitution d'un « guichet unique » au sein des municipalités afin de fluidifier les procédures administratives, réduire le temps de traitement des dossiers, combattre la corruption et augmenter de manière générale l'efficacité des services rendus aux citoyens.
Une mesure applaudie et attendue de longue date par l'ensemble des usagers, mais qui provoque parfois des levers de bouclier, déplore Erfan Ali, détaché du ministère de l'Administration locale pour diriger le programme MAM. « Nous avons présenté le concept à la mairie d'une grande ville qui l'a tout simplement rejeté », indique M. Ali sans préciser la ville en question, avant d'ajouter, rassurant, avoir néanmoins reçu « le plein soutien du Premier ministre ». « Nous ne manquons jamais de sensibiliser les élus locaux aux avantages que ce système recèle. Il est d'ailleurs déjà en vigueur dans les villes de Homs et Tartous où il fonctionne parfaitement bien, et nous envisageons d'ores et déjà de l'étendre à d'autres municipalités dès 2010 », ajoute-t-il. Son ouverture au sein du directorat de Damas est, par ailleurs, prévue pour la fin du mois de ramadan.
Si la mise en place d'un « guichet unique » pourrait signifier une réduction des effectifs et des licenciements, le jeune et dynamique directeur du MAM se veut rassurant : « Il s'agit de réorganiser des services et en aucun cas de réduire des services, donc pas de licenciement ni de réduction d'effectifs sous quelque forme que ce soit. »
Si toutes les villes sélectionnées sont concernées par une réforme qui ressemble à une tentative de décentralisation, chacune a ses spécificités dans le cadre de ce programme.
Damas, pour sa part, s'est fixé plusieurs objectifs. L'un d'eux concerne l'amélioration du cadre de vie des habitants de ce quartier informel qui s'est développé sur les pentes escarpées du mont Qassioun. Une équipe d'experts syriens et européens est à pied d'œuvre pour procéder à un réaménagement urbain à grande échelle afin d'améliorer l'infrastructure du quartier, favoriser l'accès des transports en commun et prévenir ou tout au moins réduire les conséquences d'un tremblement de terre dans cette partie de la ville qui se trouve sur une faille sismique et sur laquelle vivent 300 000 personnes.
Un autre volet du programme MAM concerne la mise en valeur du patrimoine de la vieille ville de Damas. Pour ce faire, un plan de conservation de la partie ancienne a d'ores et déjà été adopté qui prévoit, entre autres, la mise en place d'un parcours thématique fléché avec des cartes permettant, en fonction du thème de la visite, d'identifier les lieux avant de les visiter. Le plan prévoit également de réduire de manière significative le nombre de véhicules particuliers dans la vieille ville, en favorisant la construction de parkings autour de la ville.
De manière générale, le principal risque contenu dans les programmes de mise en valeur d'un patrimoine urbain, a fortiori quand il s'agit d'un quartier entier, est celui d'une gentrifucation et, en ce qui concerne Damas, d'une transformation de la vieille ville en musée à ciel ouvert.
Sur ce sujet, le Dr Abir Arkawi, responsable de l'unité de gestion du MAM sur la vieille ville et architecte de formation, se veut elle aussi rassurante, soulignant que l'un des objectifs majeurs de la mission est de préserver le tissu social et économique de la vieille ville et de veiller à ne pas en chasser les familles les plus modestes.
Enfin, dans le cadre du programme, l'équipe du MAM est hébergée dans la demeure du défunt émir Abdelkader, récemment restaurée grâce aux fonds de l'Union européenne. Une demeure qui sera transformée en centre d'études stratégiques pour le développement durable. Bel hommage pour cette figure de la résistance à la colonisation française qui a passé les 28 dernières années de sa vie à Damas où il s'est distingué par son érudition et sa sagesse. L'émir Abdelkader était aussi, et surtout, un intellectuel arabe conscient du retard technique et scientifique accusé par les sociétés arabes. Retard qu'il avait à cœur de combler par l'échange, le dialogue et ce que l'on appellerait aujourd'hui le transfert de technologie.
Damas est la plus vieille du monde encore habitée. Damas, que d'aucuns qualifieraient de plus belle ville, est aussi connue sous le nom de « Madinat el-yasmine », la ville du jasmin, en raison des nombreux arbustes aux délicates fleurs blanches qui, aujourd'hui encore, s'échappent des murs des maisons pour embaumer la chaussée. Mais Damas est aussi une ville qui sent très fort le gaz d'échappement et qui doit faire face aux défis d'une croissance urbaineexponentielle.La capitale a, en effet, vu sa population multipliée par 10 en moins de 50 ans. Sans connaître l'expansion urbaine monstrueuse d'une ville comme Le Caire, qui comprend plus d'habitants en son sein que toute la population syrienne réunie, Damas n'en est pas moins exposée à...
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