Rechercher
Rechercher

Sécurité routière : la loi de la jungle

Ziyad Baroud, Monsieur Sécurité Routière : « Il faut faire bouger les choses »

Petit dialogue entre une journaliste de la chaîne d'information NBN et le ministre de l'Intérieur, Ziyad Baroud, qui vient encore une fois de présenter ses bonnes résolutions pour faire respecter le code de la route :
« Mais, Monsieur le ministre, nous sommes au Liban... », rappelle la journaliste d'un air incrédule.
« Ah, non ! répond le ministre, agacé. Qu'on ne me dise plus que nous sommes au Liban. Je ne veux plus entendre parler de cette excuse. Le Liban, c'est le Liban, c'est comme les autres pays... Il faut faire bouger les choses. »
Cette réponse de Ziyad Baroud illustre bien son état d'esprit depuis son arrivée au ministère de l'Intérieur en 2008 : changement, réformes et surtout efficacité. À 38 ans, le ministre a fait sourire beaucoup de monde en partant en campagne, la fleur au fusil, contre des problèmes très ancrés dans la tradition libanaise, tels que la sécurité routière. Et pourtant, à la fin de l'été dernier, ses premiers succès sont incontestables.
Symbole de cette victoire : la ceinture de sécurité. Il y a encore un an, rares étaient les automobilistes libanais qui prenaient la peine d'utiliser cet accessoire pourtant essentiel à leur sécurité - certaines anciennes voitures n'en étaient même pas équipées. Le code de la route, quant à lui, ne mentionne pas l'obligation de porter la ceinture. En août 2008, cependant, Ziyad Baroud prend un décret appelant à l'application immédiate de certaines règles essentielles, telles que les limitations de vitesse ou le port obligatoire de la ceinture de sécurité. Difficiles à contrôler par des patrouilles mal entraînées, les limitations de vitesse ne font pas long feu sur le terrain. Mais contre toute attente, les automobilistes bouclent leur ceinture sans rechigner. La répression est sévère, certes, mais c'est surtout une campagne médiatique sans précédent dans ce domaine qui fait effet. Et les Libanais font confiance à leur ministre, cet ancien militant social qui croît au changement.
Fort de son succès, Ziyad Baroud va tenter de continuer son œuvre de Monsieur Sécurité Routière. Précisément, il se confie la mission d'ouvrir un centre de sécurité routière, qui centralisera les informations sur le trafic routier dans et autour de la capitale, et qui gérera le fonctionnement des structures de signalisation. Le centre devrait commencer son travail dans quelques mois (« on est en train de brancher l'électricité », précise-t-on au ministère) et les signes extérieurs de son existence commencent à apparaître : feux de signalisation, caméras et panneaux essaiment à travers Beyrouth et attendent de commencer à servir.
Le ministre rêve de voir la circulation dans Beyrouth devenir fluide et sûre - ce modèle devrait ensuite s'appliquer au reste du pays. Les réformes ont commencé, mais elles promettent de prendre du temps : les infrastructures, notamment, doivent subir un lifting complet qui demande de longs travaux et surtout des fonds immenses. Faire respecter le code de la route nécessite l'envoi sur le terrain d'agents supplémentaires, dont la formation dure au moins six mois. Et il s'agit surtout de demander aux conducteurs de respecter le code de la route. En aval, il faut également lutter contre la corruption des agents de l'ordre, afin que ceux-ci aient assez de crédibilité pour faire respecter leur autorité. Par où commencer ? Une répression plus sévère est sans doute nécessaire, au risque de faire monter la grogne chez les automobilistes. « Je suis conscient que ces mesures ne seront pas populaires, mais il faut connaître ses priorités : ce n'est pas une campagne électorale que nous menons », explique Ziyad Baroud.
Cependant, le nouveau gouvernement devra sans doute revoir sa copie en termes de contact avec la population. Après l'annonce dans L'Orient-Le Jour des mesures spéciales prises par le ministère de l'Intérieur, vendredi dernier, pour faire baisser rapidement les taux spectaculaires d'accident mortels enregistrés cet été, plusieurs lecteurs ont écrit à la rédaction pour dénoncer l'hypocrisie du gouvernement. « Quand on a le malheur, écrit l'un d'entre eux, de rouler dans une rue où va passer un convoi blindé transportant un ministre quelconque, on se retrouve propulsé sur le bas-côté par les gardes du corps, au risque de heurter d'autres voitures ou de se retrouver dans le mur. » Ziyad Baroud tente de gommer cette image de loi à deux vitesses et voudrait faire passer le système en transmission automatique. Un numéro de téléphone, le 1744, a été mis en place pour recevoir des plaintes dans des situations de corruption ou de malversation impliquant des agents de police.

G. A.
Petit dialogue entre une journaliste de la chaîne d'information NBN et le ministre de l'Intérieur, Ziyad Baroud, qui vient encore une fois de présenter ses bonnes résolutions pour faire respecter le code de la route :« Mais, Monsieur le ministre, nous sommes au Liban... », rappelle la journaliste d'un air incrédule.« Ah, non ! répond le ministre, agacé. Qu'on ne me dise plus que nous sommes au Liban. Je ne veux plus entendre parler de cette excuse. Le Liban, c'est le Liban, c'est comme les autres pays... Il faut faire bouger les choses. »Cette réponse de Ziyad Baroud illustre bien son état d'esprit depuis son arrivée au ministère de l'Intérieur en 2008 : changement, réformes et surtout...