« Nous sommes très, très préoccupés par le réarmement du Hezbollah, dont nous pensons qu'il a eu lieu de façon importante, ce qui est en contradiction avec la résolution 1701», a déclaré M. Lewis. « Nous avons demandé aujourd'hui au ministre libanais des assurances sur le fait que l'armée libanaise va assumer ses responsabilités avec le soutien de la Finul pour empêcher une poursuite du réarmement et le recours à des moyens militaires ou terroristes par le Hezbollah », a poursuivi le responsable britannique. « Nous avons dit cela très, très clairement », a-t-il indiqué. Et d'ajouter : « Nous soutiendrons avec force le rôle de la Finul au Liban-Sud, qui remplit sa mission à la perfection dans des circonstances difficiles. »
Ivan Lewis a appelé dans ce cadre « toutes les parties » à respecter la résolution 1701, exprimant également la préoccupation de la communauté internationale quant aux violations israéliennes de l'espace aérien libanais et l'application de la résolution dans son ensemble.
Le secrétaire d'État britannique aux Affaires étrangères s'est par ailleurs félicité de « l'établissement de bonnes relations entre le Liban et la Syrie ». « Il est clair que les Syriens ne se sont pas ingérés dans le dernier processus électoral et dans les affaires internes libanaises », a-t-il dit. « Les relations bilatérales entre le Liban et la Syrie en tant que deux États indépendants et souverains constituent une question délicate pour les deux pays et pour la stabilité de la région dans son ensemble. C'est pourquoi nous accueillons avec enthousiasme cette nouvelle relation entre les deux pays, qui est tout à fait à sa place », a noté M. Lewis.
Le processus de paix régionale a également occupé une place importante dans l'entretien entre les deux hommes. Dans ce cadre, Ivan Lewis a réitéré la position britannique favorable à l'édification de deux États indépendants : un État palestinien viable et un État israélien dont la sécurité serait préservée. Il a ensuite indiqué que le Liban avait joué un « rôle pionnier » dans le soutien à l'initiative Obama de paix au Proche-Orient, avant de mettre en exergue l'importance du discours du président des États-Unis au Caire. « Nous soutenons fermement ce discours selon lequel il convient de mettre un terme au processus israélien de colonisation, et nous attendons une réponse positive d'Israël dans les semaines et les mois à venir », a-t-il ajouté.
Le secrétaire d'État britannique a par ailleurs souhaité que le monde arabe fasse un « pas positif » en direction d'Israël « pour l'avancée des négociations de paix, et le règlement des questions des frontières définitives de Jérusalem, des réfugiés et de la normalisation des relations entre les deux pays, ainsi que toutes les affaires très délicates relatives aux territoires entre le Liban et Israël ». « Il est temps d'aller vers des négociations globales qui nous conduiraient à une série de décisions à même de régler ce conflit historique et tragique », a-t-il souligné. Et M. Lewis « d'appeler le Liban à être au cœur de ces négociations et d'œuvrer avec ses amis et ses alliés, les Syriens et le monde arabe pour s'asseoir à une même table ». La présence du Liban est fondamentale pour régler la question des réfugiés palestiniens, a-t-il souligné.
La riposte de Salloukh
Le responsable britannique s'est immédiatement attiré une riposte de Faouzi Salloukh, qui a affirmé : « Nous n'avons reçu aucune preuve des Nations unies concernant le réarmement du Hezbollah. » « De plus, le dernier rapport des Nations unies ne fait aucune mention de la contrebande d'armes. L'arsenal du Hezbollah est une question interne libanaise discutée à la table de dialogue, sous la présidence du général Michel Sleiman », a-t-il poursuivi.
M. Salloukh a par ailleurs estimé que « le Liban couperait la main des vandales qui pourraient tenter de semer le chaos à la frontière » et qu'il assistera à la réunion relative aux réfugiés, soulignant l'attachement du Liban au droit au retour.
Le ministre d'État britannique a par ailleurs été reçu par le président de la République au palais de Baabda. Ce dernier a réxprimé l'attachement du Liban à l'application de la 1701, estimant que ce sont les violations israéliennes qui entretiennent la précarité de la situation. Il a également estimé qu'il ne saurait y avoir de solution permanente et globale au Proche-Orient tant qu'Israël ne garantit pas leurs droits aux Palestiniens, à commencer par le droit au retour stipulé par l'initiative arabe de paix de 2002 et à nouveau lors du dernier sommet arabe de Doha.
Le président Sleiman a indiqué que l'étape à venir serait focalisée, au niveau institutionnel, sur les réformes politiques, administratives et judiciaires, ainsi que sur la décentralisation administrative et sur l'élaboration d'une nouvelle loi électorale fondée sur la proportionnelle.
Devant le chef de l'État, Ivan Lewis a souhaité que le Liban poursuive sérieusement l'application de la 1701 et « garde les choses sous son contrôle », estimant que les responsables britanniques avaient attiré l'attention d'Israël sur la nécessité de mettre fin aux violations de l'espace aérien libanais.
M. Lewis s'est en outre entretenu avec le président de la Chambre, Nabih Berry.