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Économie - Liban - Secteur primaire

L’agriculture libanaise : défis actuels et projets de réformes

Le secteur agricole local souffre d'un ensemble de problèmes qui rendent indispensable l'application de réformes structurelles.
L'agriculture est le parent pauvre de l'économie libanaise. Ce secteur ne représente que près de 4 % du produit intérieur brut (PIB). Il est plutôt négligé par l'État au profit du secteur des services et, dans une moindre mesure, de l'industrie. Pourtant les études de faisabilité et les plans de développement agricole ne manquent pas.
Dans les tiroirs du ministère de l'Agriculture se trouvent notamment plusieurs études sur le secteur primaire local qui ont été menées en collaboration avec la FAO ou l'Union européenne.
« L'essentiel est de savoir répondre aux questions suivantes : Quelle agriculture souhaitons-nous ? Quels objectifs poursuivons-nous à travers l'élaboration d'un plan agricole pour le Liban de demain ? », souligne Michel Akl, président de la commission de l'agriculture au sein de la Chambre internationale de commerce (CIC), qui estime d'ailleurs nécessaire d'établir un tableau des avantages compétitifs de l'agriculture libanaise au niveau de la nature de la terre, du climat, de l'eau et des ressources humaines pour une meilleure planification du secteur.

Marchés et irrigation
Les difficultés, auxquelles fait face l'agriculture, ne sont pas simples. Dans le cadre d'un état des lieux, a priori, l'agriculture pâtit d'un rétrécissement des marchés à l'exportation, notamment du fait de la mise en place de mesures de protection sévères dans les pays du Moyen-Orient et à l'amélioration de la qualité de la production agricole locale de la région.
Par le passé, le Liban exportait le raisin de table, les agrumes, la banane, les fruits d'été et la pomme à destination des pays du Golfe, de l'Égypte, de la Jordanie, de la Libye et des pays d'Europe de l'Est. Aujourd'hui, le volume de ces exportations a sensiblement baissé pour être presque nul vers la Syrie, l'Iran et les pays d'Europe de l'Est. Cela sans compter que le Liban a perdu depuis suffisamment longtemps déjà les marchés à l'exportation d'Europe de l'Ouest.
Quant à l'infrastructure du secteur agricole, elle est entachée d'un vice qui empêche son automatisation et qui consiste à lotir des terrains arables en de petites parcelles de terre. Pour ce qui est des projets d'irrigation, ils sont presque inexistants, à part celui qui a été exécuté par le ministère de l'Énergie et de l'Eau et le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) en 1994, grâce à un financement conjoint de la Banque mondiale et du Fonds international pour le développement agricole. Ce projet a permis d'assurer l'irrigation de près de 85 000 hectares de terres arables, alors que la surface irriguée devrait être aujourd'hui d'au moins 170 000 hectares, soit le double de la superficie disponible à l'heure actuelle.

Le manque de crédits
Par ailleurs, une des difficultés les plus importantes réside dans le manque de crédits destinés aux agriculteurs. En fait, le volume des crédits consentis par les banques commerciales aux acteurs du secteur agricole ne représente pas plus de 1,26 % du total des prêts accordés au secteur privé, selon les chiffres de l'Association des banques (ABL) et de la Banque du Liban (BDL). En plus, la Banque du Crédit agricole, industriel et immobilier, société à capital mixte, créée par une loi votée en 1994, n'est toujours pas opérationnelle en raison de l'incapacité du gouvernement à assurer la part des fonds qui lui revient.
D'autre part, les entités étatiques compétentes en matière agricole devraient normalement relever du ministère de l'Agriculture, afin de garantir un fonctionnement efficient du secteur. Leur atomisation actuelle handicape donc toute action réformatrice que pourrait tenter de mener le titulaire du maroquin de l'Agriculture. À titre d'exemple, le Bureau des graines et de la betterave sucrière relève du ministère de l'Économie, l'administration de la Régie du tabac et des tombacs du ministère des Finances, les projets d'irrigation du ministère de l'Énergie et de l'Eau, alors que la faculté d'agronomie de l'Université libanaise relève du ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur.

Action réformatrice
Face à cette réalité, la commission de l'agriculture de la CIC a présenté un plan de réforme au Premier ministre désigné Saad Hariri. Dans ce document, Michel Akl propose, entre autres, de réviser la composition du Conseil supérieur de l'agriculture de sorte à y représenter toutes les zones agricoles du Liban. Il a recommandé par ailleurs de dynamiser et réactiver le projet du Plan vert ainsi que tous les centres de recherches et d'orientation agricole qui se trouvent à Tall el-Amara, Fanar, Tourbol, Kfarchakhna, Tyr et Abdeh. Il a insisté sur la nécessité d'inclure l'exécution du projet du Plan vert dans le champ de compétences du ministère de l'Agriculture et d'amender certaines législations qui le régissent, de manière à faciliter la mise en œuvre des missions qui lui incombent.
Au niveau des projets d'irrigation des terrains arables, Michel Akl a mis l'accent sur l'urgence d'achever les projets en cours à Yammouné et au Litani, dans la Békaa-Ouest ainsi qu'à Kassmiyeh, Ras el-Aïn, Denniyé et Barouk. Dans ce cadre, il a aussi préconisé l'élaboration d'études de faisabilité de projets d'irrigation grâce aux eaux du Litani au sud du Liban et de l'Oronte, après accord sur les détails avec la Syrie.
D'après lui, il y a lieu de créer des lacs artificiels en montagne pour profiter des eaux de pluie pendant la saison d'hiver. Enfin, il a évoqué une révision des protocoles agricoles conclus entre le Liban et certains pays comme la Syrie, la Jordanie et les pays du Golfe et le report pour le moment de la mise en œuvre du volet agricole de l'accord portant sur la création d'une zone arabe de libre-échange, afin de mieux préparer le secteur local à la libre concurrence et renforcer sa compétitivité.
L'agriculture est le parent pauvre de l'économie libanaise. Ce secteur ne représente que près de 4 % du produit intérieur brut (PIB). Il est plutôt négligé par l'État au profit du secteur des services et, dans une moindre mesure, de l'industrie. Pourtant les études de faisabilité et les plans de développement agricole ne manquent pas.Dans les tiroirs du ministère de l'Agriculture se trouvent notamment plusieurs études sur le secteur primaire local qui ont été menées en collaboration avec la FAO ou l'Union européenne.« L'essentiel est de savoir répondre aux questions suivantes : Quelle agriculture souhaitons-nous ? Quels objectifs poursuivons-nous à travers l'élaboration d'un...
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