Même si tout cela ne se traduira pas, pour l'instant, par quelque opération concrète, les experts militaires estiment que ces menaces en question servent à mobiliser l'opinion publique internationale et à convaincre les Nations unies du danger que représente le gonflement de la force armée du Hezbollah, « un danger contre la sécurité d'Israël qui ne peut pas, qui ne peut plus fermer les yeux », dixit le ministre de la Défense Ehud Barak au cours d'une intervention devant une commission de la Knesset hier (lire par ailleurs).
Des sources responsables de haut niveau rappellent que le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier avait relevé au cours de son escale beyrouthine du mois dernier que l'État hébreu pourrait mener une attaque contre le Liban visant à court-circuiter aux yeux de l'opinion publique les pressions qu'exerce le président américain Barack Obama sur le gouvernement israélien, notamment en la personne de son chef, Benjamin Netanyhau, afin qu'un terme soit mis, à tous les niveaux, à la colonisation. Une éventualité que Bernard Kouchner, qui était arrivé à Beyrouth 48 heures après son homologue allemand, avait écartée. Les sources précitées relèvent que ce n'est pas la première fois qu'Ehud Barak utilise pareil langage. Sauf que le chef d'état-major israélien ne pense pas de la même façon : le général Gaby Ashkénazi juge ainsi que la situation calme et stable le long de la ligne bleue, malgré les violentes menaces lancées récemment par le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah, primera sur la volonté belliqueuse de sa troupe.
Quoi qu'il en soit, l'on s'étonne volontiers, dans différents milieux, du silence international après les avertissements de Barak, aussi bien que l'absence de réaction du patron de la Maison de Verre, Ban Ki-moon, qui n'a pas jugé bon de prévenir le même Ehud Barak qu'il violait ainsi allègrement la résolution 1701.
Il n'en reste pas moins que les intentions israéliennes sont claires : provoquer des frictions entre le Hezbollah et le gouvernement libanais, incapable de désarmer le parti de Dieu en vertu de la résolution 1701. Et se demandant si, et en quoi, l'État hébreu applique, lui, cette même résolution, les sources précitées évoquent les interminables violations israéliennes de l'espace aérien libanais malgré les demandes répétées des grandes puissances et de Ban pour que cela cesse, les qualifiant de « provocations pouvant mener à une escalade » - sans oublier, bien sûr, l'occupation pérenne des fermes de Chebaa et des collines de Kfarchouba.
Il n'en reste pas moins, poursuivent ces sources, que l'arsenal de plus en plus imposant du Hezbollah constitue « non seulement une force préventive de taille contre les visées israéliennes, mais aussi une force d'équilibre dont les effets disparaîtraient probablement dès que l'État hébreu mettra un terme à ses violations de l'espace libanais et se retirera des territoires qu'il continue d'occuper ».
Et de conclure en conseillant au gouvernement de s'entendre, par le dialogue, avec le Hezbollah afin de le convaincre de ne pas donner à Israël un nouveau prétexte pour se déchaîner contre le Liban, et de mobiliser sa diplomatie pour contrer les velléités du gouvernement Netanyahu.