Il est 7h30, André, 65 ans, et son fils Éric, 39 ans, quatrième génération de pêcheurs de la famille, sont au travail depuis plus de trois heures et partent relever une nouvelle série de filets au large de Monaco. « Avant la guerre, on travaillait sur des petits pointus qui naviguaient à la voile et à la rame. Dans les années 50, nous étions sept ou huit familles de pêcheurs à Monaco. Aujourd'hui, il n'y a plus que nous », constate André, crinière blanche, corps tanné par le soleil.
La perspective d'une vie de sommeil tronqué, de réveils nocturnes, de famille sacrifiée, de labeur physique a détourné du métier les plus jeunes. « Pourtant, se souvient André, le travail était encore plus dur quand j'ai commencé. Remonter les filets à la main, c'était quelque chose... Ma mère, fille de pêcheurs, passait son temps sur le port à les réparer. Aujourd'hui, ils sont en nylon ». Sur le Sergeric, un système de roues remonte les 600 mètres de mailles qui dévoilent les prises : rougets, langoustes, homards, calamars, seiches, poulpes, selon le lieu, la profondeur, la saison. Même le prince Albert II s'y est essayé : « Il y a deux ans, il a fait une sortie avec nous. Je lui ai dit : "D'accord, Monseigneur, mais ici, c'est pas la croisière s'amuse", et il nous a aidés à remonter les filets », raconte André.
La pêche du jour est vendue à des particuliers et quelques restaurants de Monaco. La transaction peut même se faire en mer quand les Rinaldi croisent une connaissance en train de naviguer.