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Liban - La situation

Une priorité : stabiliser la situation au plus tôt pour parer à tout dérapage

Le Premier ministre désigné s'en tenant à sa tactique de départ - fort justifiée et compréhensible - consistant à ne pas médiatiser ses tractations en vue de la formation du gouvernement, aucune nouvelle donne n'est apparue au cours des dernières vingt-quatre heures au niveau du processus de gestation de l'équipe ministérielle. Certes, l'un des membres influents du Bloc du futur, le député Ahmad Fatfat, s'est déclaré sceptique hier au sujet des affirmations du chef du Législatif Nabih Berry selon lesquelles le cabinet serait formé d'ici à la fin du mois. Il reste qu'aussi bien le président Michel Sleiman que M. Berry ont clairement souligné mercredi leur volonté d'accélérer le processus. Et pour cause : diverses sources concordantes expriment de sérieuses craintes quant à une possible escalade au Liban-Sud.
Les conditions objectives d'une nouvelle aventure militaire dans la région méridionale, et peut-être même au-delà, sont réunies, affirment divers milieux politiques. Soumis à de très fortes (et très sérieuses) pressions américaines pour relancer le processus de paix dans la région (impliquant un gel des implantations), Israël pourrait être tenté par une escalade d'envergure. Quant au second protagoniste, le Hezbollah, il pourrait lui aussi s'engager sur la voie de l'aventure militaire afin de prendre les devants face aux indications inquiétantes se rapportant aux travaux du Tribunal spécial pour le Liban. Une des options envisageables à cet égard étant de lancer une cabale contre la Finul et de prendre pratiquement en otages les Casques bleus, notamment ceux des contingents occidentaux, afin de tenter « d'intimider » en quelque sorte les enquêteurs et les juges internationaux chargés du dossier de l'assassinat de Rafic Hariri.
Ces appréhensions ont été entretenues ces dernières vingt-quatre heures par trois prises de position à l'échelle régionale. Le vice-Premier ministre israélien Sylvan Shalom a ainsi accusé hier l'armée libanaise de « violer la résolution 1701 » car elle reste passive face au maintien de l'arsenal militaire du Hezbollah au Sud. Parallèlement, le journal saoudien al-Watan a vivement critiqué « le comportement irresponsable du Hezbollah qui risque d'entraîner l'État libanais dans une guerre contre son gré ». Et, enfin, le quotidien syrien al-Watan a tenté de susciter des clivages au sein du 14 Mars en évoquant ce qu'il a qualifié d'« évolution positive » dans l'attitude de Saad Hariri et Walid Joumblatt, pressant ces derniers à sévir contre « la faction du nouvel isolationnisme » au sein de la coalition de la majorité.
 Les risques de déstabilisation et de dérapage sont donc réels, de sorte que les responsables de différents bords redoublent de vigilance pour parer à toute éventualité. Cela explique le mutisme et la prudence du Premier ministre désigné qui reste ferme dans ses positions de principe (notamment en ce qui concerne le refus du tiers de blocage) sans pour autant monter aux créneaux. Cela explique aussi les signes positifs transmis par le leader d'Amal. Et cela permet également de comprendre, mais toutefois dans une certaine mesure, et d'une manière très relative, les manœuvres politiques et médiatiques de Walid Joumblatt.
C'est dans un tel contexte qu'est intervenu le tapage médiatique effectué hier autour de la réunion que des délégués du Hezbollah, du Courant du futur et d'Amal ont tenue à l'initiative de la section beyrouthine des renseignements de l'armée. Une série de mesures ont été décidées par les trois formations afin de détendre l'atmosphère dans les rues et quartiers internes de la capitale à prédominance musulmane. Cette réunion a toutefois été critiquée par le député Nohad Machnouk, membre du bloc parlementaire présidé par Saad Hariri. L'attitude de M. Machnouk a néanmoins été relativisée par une source autorisée du Courant du futur qui a souligné que la réunion d'hier n'est pas la première du genre et qu'elle a été précédée depuis le funeste 7 mai 2008 de dizaines d'autres semblables. Précisant que la réunion d'hier n'est nullement à caractère sécuritaire et qu'elle est placée plutôt sous le signe de la coordination pour détendre l'atmosphère dans les quartiers beyrouthins à prédominance musulmane, la source du Courant du futur a souligné que l'élément nouveau apparu hier est l'annonce de mesures concrètes visant à empêcher tout dérapage dans les secteurs sensibles de la capitale. Une manière également de parer, sans doute, aux nuages qui risqueraient de s'amonceler à l'horizon.  

M.T.
Le Premier ministre désigné s'en tenant à sa tactique de départ - fort justifiée et compréhensible - consistant à ne pas médiatiser ses tractations en vue de la formation du gouvernement, aucune nouvelle donne n'est apparue au cours des dernières vingt-quatre heures au niveau du processus de gestation de l'équipe...
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