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Législatives : juin 2009 - Pour aller plus loin

La majorité rejette la proportionnelle, l’opposition réclame « un rôle déterminant »

Alors que le Premier ministre désigné, Saad Hariri, se confine dans un silence absolu au sujet des contacts qu'il effectue pour former son équipe, dans les milieux politiques, on se perd en conjectures sur la composition du nouveau cabinet et sur la formule qui doit être adoptée pour cela.
Le président supérieur des Kataëb, Amine Gemayel, a souligné hier que la proposition du général Michel Aoun de former un gouvernement proportionnellement au poids de chaque partie est « contraire aux usages démocratiques ». Il s'agit, selon lui, d'une « hérésie de nature à anéantir une représentation correcte du peuple et un contrôle adéquat » de l'action du gouvernement. « Lorsque la proportionnelle s'introduit au gouvernement, le rôle du Parlement est bloqué puisque le cabinet devient un mini-Parlement », a indiqué M. Gemayel, en se disant favorable à la formation du gouvernement dans les délais les plus brefs « conformément à des règles qu'il faut respecter ». « Personne ne veut ignorer l'autre. Nous sommes pour la coopération à travers un gouvernement d'union nationale, pour le respect du système démocratique et de la majorité parlementaire issue des législatives ainsi que pour un règlement qui permettrait de consolider les institutions et l'action du gouvernement, loin de toute paralysie », a-t-il dit.
De son côté, M. Marwan Hamadé a exprimé l'espoir que le Premier ministre désigné parvienne à former son équipe, « sans encombre, en dépit de la complication du tableau local et régional », alors que le ministre sortant de la Culture, Tammam Salam, estimait que la mise en place des gouvernements au Liban n'est pas facile, « en raison de l'interpénétration des forces politiques ». « L'équipe Hariri ne verra pas le jour de sitôt », a-t-il ajouté, en expliquant que les crises politiques qui ont commandé l'entente ont imposé une nouvelle donne à l'origine du retard dans la formation du cabinet. Il a également considéré comme « une hérésie » la minorité de blocage au sein du gouvernement, soulignant que celle-ci a été acceptée « au cours d'une période de transition, consécutivement à l'accord de Doha, en raison de la situation lamentable qui prévalait dans le pays ». « Mais aujourd'hui, elle fait partie du passé », a-t-il dit, tout en insistant sur le fait que le gouvernement ne sera pas monochrome. « Mais constituer un bloc d'opposition au sein du gouvernement serait une mauvaise chose », a ajouté M. Salam, à qui le député Ammar Houri, membre du Bloc parlementaire du futur, semblait faire écho, puisqu'il a formulé la même idée.
Les députés Antoine Zahra et Hadi Hobeiche ont jugé qu'il n'y a pas d'obstacles à la présence de l'opposition au sein du cabinet « à condition qu'elle n'ait pas le droit de bloquer ses décisions », alors que l'Option libanaise a considéré qu'un gouvernement d'entente nationale « nuira en réalité à l'entente nationale ». « Une équipe de ce genre ne peut pas favoriser l'édification d'un État parce qu'elle comprendra parmi ses membres des gens qui œuvrent pour miner les fondements de l'État. » Selon lui, « l'opposition a toujours l'intention de bloquer » les décisions du gouvernement. « Preuve en est, l'insistance de nouveau sur la minorité de blocage », a indiqué l'Option libanaise dans le communiqué publié au terme de sa réunion hebdomadaire, en insistant sur la nécessité de « constituer la nouvelle équipe ministérielle sur base des résultats des élections ».

Pas encore de propositions à l'opposition
Dans les rangs de l'opposition, on insiste cependant toujours sur une participation effective de celle-ci au gouvernement. Dans une déclaration à la Voix du Liban, le député Alain Aoun a expliqué que les contacts se poursuivent avec M. Hariri, mais qu'ils portent toujours sur des généralités et que le Premier ministre désigné n'a toujours pas avancé de propositions concrètes qui pourraient, selon lui, faire l'objet d'un débat. Il a indiqué que le bloc auquel il appartient veut une représentation proportionnelle au sein du gouvernement. « C'est sur cette base que nous traitons avec le Premier ministre désigné. Nous pensons qu'il s'agit de la meilleure formule pour un gouvernement d'union nationale », a-t-il fait valoir, affirmant que les alliés du CPL ne s'opposent pas à cette formule.
Membre du bloc Berry, M. Yassine Jaber a souligné, dans une interview à paraître aujourd'hui dans Magazine, la nécessité d'aboutir à une entente sur les questions politiques qui avaient provoqué des heurts dans le passé, pour que les divergences sur les dossiers cruciaux ne minent pas le nouveau gouvernement et gèlent son action. Il a indiqué que l'opposition n'a pas posé de conditions. « Elle a affirmé attendre les propositions du Premier ministre désigné et être prête au dialogue, laissant ainsi la porte ouverte aux discussions. Ce qui lui importe, c'est qu'il y ait une participation réelle à la prise de décisions. Elle ne veut pas faire partie du gouvernement et avoir un rôle de faux témoin. Aujourd'hui, on cherche à accorder au président de la République un quota de ministres pour qu'il ait la latitude d'être un arbitre et un stabilisateur. Nous n'avons pas eu l'impression que la majorité approuve cette formule. C'est à celui qui détient la majorité parlementaire de faire des propositions s'il souhaite former un gouvernement consensuel », a-t-il dit.
Le président supérieur des Kataëb, Amine Gemayel, a souligné hier que la proposition du général Michel Aoun de former un gouvernement proportionnellement au poids de chaque partie est « contraire aux usages démocratiques ». Il s'agit, selon lui, d'une « hérésie de nature à anéantir une...