Vivre à Beyrouth est une chance, disent certains. La chance, par exemple, de vivre au quotidien des situations ubuesques. Ainsi, une simple affaire de horodateur - le reçu imprimé du parcmètre - placé de travers sous le pare-brise de la voiture peut vous apprendre beaucoup sur l'état d'esprit qui règne dans le pays.
Une automobiliste a ainsi reçu une contravention pour un horodateur placé de travers sous le pare-brise. La contravention a été rédigée quelques minutes après qu'elle fut sortie de sa voiture. Elle avait encore droit à trente minutes de stationnement.
L'automobiliste a voulu se plaindre. Elle a composé le numéro de la direction de la circulation du ministère de l'Intérieur, inscrit sur le parcmètre. Le numéro était hors service. Elle s'est alors présentée à l'entreprise privée chargée de la gestion des parcmètres de Beyrouth. Elle a expliqué la situation. Elle a indiqué qu'aux États-Unis, à titre d'exemple, quand on présente des preuves qu'on a raison, la contravention est automatiquement annulée. On lui a répondu que sa voiture a été photographiée avec l'horodateur de travers et que le fait de présenter le horodateur ne sert plus à rien.
Elle a aussi demandé pourquoi une voiture stationnée en double file à côté de la sienne n'a pas reçu de contravention. On lui a expliqué : « Nous sommes une compagnie privée, nous nous occupons uniquement des parcmètres, les voitures en double file, c'est l'affaire des gendarmes. » Et parce qu'elle a réclamé son dû, elle a été cavalièrement invitée à quitter les lieux et sommée de « se faire respecter » !
Les parcmètres sont une invention américaine. Ils ont vu le jour à Oklahoma City en 1935. Plus tard, ils ont fait leur apparition dans toutes les mégapoles et les villes. Ils ont été adoptés l'année dernière à Beyrouth.
En France, comme dans plusieurs pays européens, les parcmètres sont gérés par une société d'économie mixte qui est une société anonyme dont le capital est majoritairement détenu par une ou plusieurs personnes publiques. En France, comme ailleurs, le code de la route régit, entre autres, les parcmètres.
Au Liban, on aimerait savoir à quelles lois obéit la compagnie privée qui gère les parcmètres de Beyrouth et si le code de la route prévoit un article régissant les règles d'utilisation de ces parcmètres.