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Moyen Orient et Monde - Enquête

Les moines de Tibéhirine auraient été victimes d’une « bavure » de l’armée algérienne

Un ancien attaché militaire français donne une nouvelle version des conditions de la séquestration et du massacre des
religieux en 1996 en Algérie.
Le massacre de sept moines de Tibéhirine en 1996, officiellement imputé à un groupe islamiste, résulte d'une « bavure » de l'armée algérienne gardée secrète par Paris, selon le témoignage de l'ancien attaché militaire français à Alger devant le juge antiterroriste chargé de l'enquête. Révélé hier par des journaux français, ce témoignage constitue la preuve qu'il y a eu « dissimulation de la part des autorités algériennes et certainement de la part des autorités françaises » sur les circonstances de la mort de ces sept religieux français, pour l'avocat des parties civiles, Me Patrick Baudouin.
D'après ce témoin, le général François Buchwalter, entendu dans le cadre d'une enquête française ouverte en 2004, les moines ont été tués dans un raid d'hélicoptères militaires tandis qu'ils se trouvaient dans ce qui semblait être un bivouac de jihadistes. « Les hélicoptères de l'armée algérienne ont survolé le bivouac d'un groupe armé et ont tiré, s'apercevant ensuite qu'ils avaient non seulement touché des membres du groupe armé mais aussi des moines », a dit une source proche du dossier, rapportant les propos du général. Le témoin a affirmé au magistrat tenir ses informations d'un ancien camarade algérien de l'école militaire de Saint-Cyr dont le frère était le chef d'une escadrille d'hélicoptères à Blida, à mi-chemin entre Tibéhirine et Alger, et avait participé à cette « bavure ». « Les corps des moines étaient criblés de balles », a rapporté le général Buchwalter au juge Marc Trévidic, a ajouté cette source.
Les sept religieux français avaient été enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 de leur monastère isolé Notre-Dame de l'Atlas, au sud d'Alger, ceinturé de maquis contrôlés par les groupes armés islamistes et où les tueries étaient alors fréquentes. Le Groupe islamique armé (GIA), à l'époque dirigé par Djamel Zitouni, avait revendiqué cet enlèvement. Le 30 mai, l'armée algérienne affirmait avoir découvert les dépouilles des moines. Seules les têtes avaient en fait été retrouvées sur une route. Les corps auraient-ils été démembrés pour que ne soient pas identifiées les balles à l'origine de leur mort ? s'est-on interrogé de source proche du dossier.
Avant ces révélations de François Buchwalter, jugées « crédibles » par Me Baudouin, d'autres témoignages d'officiers algériens en rupture de ban avaient relevé le rôle trouble des autorités de leur pays dans cette affaire. L'ancien attaché militaire a affirmé avoir appris la mort des moines dans le raid d'hélicoptères « quelques jours après les obsèques » des victimes et en avoir informé dans un rapport les autorités françaises : le chef d'état-major des armées et l'ambassadeur. « Il n'y a pas eu de suite, ils ont observé le "black-out" demandé par l'ambassadeur », selon cette source proche du dossier, citant la déposition du général Buchwalter devant le magistrat.
Interrogé à ce sujet, le président français Nicolas Sarkozy a souhaité hier que la justice « aille jusqu'au bout de son travail ». Le témoignage de l'ancien général est « la confirmation que c'est l'omerta qui a prévalu au nom de la raison d'État », a estimé Me Baudouin, par ailleurs président d'honneur de la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH). L'avocat a indiqué à l'AFP qu'il s'apprêtait à demander la levée du secret-défense « pour obtenir les rapports envoyés (par François Buchwalter) au chef d'état-major des armées et à l'ambassadeur », ainsi que les auditions d'Hervé de Charette, à l'époque ministre des Affaires étrangères, d'agents des services de renseignements français ainsi qu'une nouvelle audition de Michel Lévêque, ambassadeur de France à Alger au moment des faits.
Le massacre de sept moines de Tibéhirine en 1996, officiellement imputé à un groupe islamiste, résulte d'une « bavure » de l'armée algérienne gardée secrète par Paris, selon le témoignage de l'ancien attaché militaire français à Alger devant le juge antiterroriste chargé de...
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