Les intervenants de la seconde séance, Christian Cardon (CICR), Farid Kamar (Ruwad Frontiers), Latifa Tayah (Institut Panos) et Scarlett Haddad de L'Orient-Le Jour ont tenté d'expliquer les raisons du manque d'intérêt relatif des médias arabes à l'égard des ONG surtout internationales. Outre le fait que le monde arabe vit constamment sur un volcan et que l'actualité politique et sécuritaire pèse lourdement sur les médias, les intervenants ont constaté que le manque de culture civique des populations arabes qui ploient souvent sous le poids des problèmes du quotidien les empêche de s'intéresser vraiment à ces sujets. De plus, l'Occident ayant longtemps eu le monopole de l'action humanitaire, il y a chez les populations arabes une sorte d'amalgame entre les ONG occidentales et les politiques étrangères de ces pays souvent favorables à Israël. Ce qui suscite la méfiance des populations arabes, méfiance alimentée souvent par des régimes autoritaires, qui préfèrent maintenir les populations sous leur emprise. De même, le choix des ONG occidentales de certains partenaires locaux peu crédibles ou trop liés aux régimes en place ne renforce pas leur crédibilité auprès des populations concernées. Enfin, il arrive aussi que les ONG occidentales se comportent avec une certaine hauteur avec les populations ayant besoin d'aide, ce qui provoque parfois une situation de rejet. C'est pourquoi une coopération plus étudiée entre les médias et les ONG est nécessaire pour mieux faire passer le message d'entraide, de solidarité et de conscience des droits auprès des plus démunis. Le représentant de Médecins sans frontières à Amman a insisté sur le fait qu'on ne peut pas intéresser les médias avec des rapports de 50 pages. Par contre, la modératrice Agnès Levallois a estimé que les ONG détiennent des témoignages vécus et poignants d'une certaine réalité sur le terrain qui devraient être de la plus haute importance pour les médias. La dernière guerre de Gaza et le rôle des ONG pour témoigner de la misère des civils ont été largement commentés. Le représentant du CICR a expliqué que la discrétion de cette ONG était indispensable pour l'accomplissement de certaines missions, sinon celles-ci seraient suspendues et les membres des ONG se mettraient en danger. Tous les participants sont arrivés à la conclusion que le débat mérite d'être poursuivi et approfondi et qu'en filigrane, c'est la relation complexe entre l'Occident et le monde arabe qui doit être assainie. Mais comme le disait un acteur social, entre l'Occident et le monde arabe, il y aura toujours Israël. Une constatation peut-être un peu amère qui n'empêche toutefois pas la solidarité et l'espoir...
Liban - Conférence
ONG et médias arabes, une communication en dents de scie et un immense chantier
OLJ / le 04 juillet 2009 à 01h14
Les intervenants de la seconde séance, Christian Cardon (CICR), Farid Kamar (Ruwad Frontiers), Latifa Tayah (Institut Panos) et Scarlett Haddad de L'Orient-Le Jour ont tenté d'expliquer les raisons du manque d'intérêt relatif des médias arabes à l'égard des ONG surtout internationales. Outre le fait que le monde arabe vit constamment sur un volcan et que l'actualité politique et sécuritaire pèse lourdement sur les médias, les intervenants ont constaté que le manque de culture civique des populations arabes qui ploient souvent sous le poids des problèmes du quotidien les empêche de s'intéresser vraiment à ces sujets. De plus, l'Occident ayant longtemps eu le monopole de l'action humanitaire, il y a chez les populations arabes une sorte d'amalgame entre les ONG occidentales et les politiques étrangères de ces pays souvent favorables à Israël. Ce qui suscite la méfiance des populations arabes, méfiance alimentée souvent par des régimes autoritaires, qui préfèrent maintenir les populations sous leur emprise. De même, le choix des ONG occidentales de certains partenaires locaux peu crédibles ou trop liés aux régimes en place ne renforce pas leur crédibilité auprès des populations concernées. Enfin, il arrive aussi que les ONG occidentales se comportent avec une certaine hauteur avec les populations ayant besoin d'aide, ce qui provoque parfois une situation de rejet. C'est pourquoi une coopération plus étudiée entre les médias et les ONG est nécessaire pour mieux faire passer le message d'entraide, de solidarité et de conscience des droits auprès des plus démunis. Le représentant de Médecins sans frontières à Amman a insisté sur le fait qu'on ne peut pas intéresser les médias avec des rapports de 50 pages. Par contre, la modératrice Agnès Levallois a estimé que les ONG détiennent des témoignages vécus et poignants d'une certaine réalité sur le terrain qui devraient être de la plus haute importance pour les médias. La dernière guerre de Gaza et le rôle des ONG pour témoigner de la misère des civils ont été largement commentés. Le représentant du CICR a expliqué que la discrétion de cette ONG était indispensable pour l'accomplissement de certaines missions, sinon celles-ci seraient suspendues et les membres des ONG se mettraient en danger. Tous les participants sont arrivés à la conclusion que le débat mérite d'être poursuivi et approfondi et qu'en filigrane, c'est la relation complexe entre l'Occident et le monde arabe qui doit être assainie. Mais comme le disait un acteur social, entre l'Occident et le monde arabe, il y aura toujours Israël. Une constatation peut-être un peu amère qui n'empêche toutefois pas la solidarité et l'espoir...