Quelle femme d'entre nous n'aurait pas aimé être à la place de Scarlett Johansson et de Rebecca Hall dans le tout dernier film de Woody Allen, Vicky Cristina Barcelona, ne serait-ce que pour être aussi agréablement abordée par le très séduisant Javier Bardem ?
Quelle créature aux chromosomes XX ne se serait-elle pas pâmée d'extase devant l'assurance irrésistible de ce tombeur de femmes, son sourire ravageur et sa barbe de deux jours Gillette Fusion Power ?
Enfin, quelle femme n'aurait-elle pas été attendrie par sa sensibilité, sa délicatesse et son côté éternel adolescent ? Car le tombeur, tout assuré et audacieux qu'il puisse paraître, est, avant tout, un grand sentimental au cœur tendre...
Généralement, il est brun (une minute de silence pour les blonds...), grand de taille et musclé, tant au niveau des biceps qu'à celui du cortex. En société, on le reconnaît très vite à sa conversation brillante, sa culture générale et son éloquence remarquable. C'est un grand connaisseur, et pas des moindres, puisqu'il peut reconnaître à vue d'œil aussi bien le goût corsé d'un bon riesling que la taille du bonnet de votre soutien-gorge.
Cependant et malgré tous ces atouts de charme, le tombeur est un homme angoissé qui a la phobie de l'engagement. En effet, dès qu'il sent qu'il a le béguin pour une femme, il prend la poudre d'escampette et disparaît de vue pour... réapparaître, trois mois plus tard, à l'autre bout du fil - et à deux heures du matin - en vous susurrant à l'oreille qu'il vient de terminer sa partie de poker et qu'il aimerait prendre un verre avec vous, quelque part du côté de chez Swann...
À son actif, il a souvent quatre mariages (et un enterrement). Parce qu'il y a « l'érosion » du mariage, qu'il dit. L'érosion, c'est, par exemple, ce bouton qui pointe près de votre lèvre supérieure, un beau matin, à votre réveil, alors qu'il pensait vous embrasser, c'est cet affreux bonnet de bain imprimé dont vous vous coiffez quand il a tout préparé pour faire un bain de mousse à deux, c'est aussi votre petite fille qui se transforme en squaw devant son match de foot préféré à la télé et que vous la laissez faire...
Étonnant, cet homme qui frise la cinquantaine et qui est pourtant resté un enfant, diriez-vous...
Pas tant que ça, quand on l'aura vu babiller, sur le divan de son psy, et lui raconter comment sa mère, arrière-petite-fille d'une princesse russe déchue, s'est reconvertie en danseuse du ventre professionnelle pour oublier son destin cruel... C'est que le ballottement (neuf mois durant, dans le ventre de sa mère) a provoqué chez lui, à l'âge adulte, un GAD (General Anxiety Disorder).
Et comment voulez-vous que nous ne soyons pas attendries par ce grand enfant tourmenté et que nous ne fondions pas littéralement dans ses bras, lors d'un slow serré, avec sa barbe de deux jours (je re-précise) qui nous picote si agréablement la joue? Oh ! My Goddish ! Fleurs d'oranger, eau de rose...