Les intervenants ont notamment mis l'accent sur la nécessité de profiter du contexte politique actuel pour lancer un grand chantier de réformes et soutenir ainsi la croissance. « Toutes les prévisions tablent aujourd'hui sur un taux de 4 % en 2009, contre 8 % l'an dernier, en raison de la crise économique. Si nous continuons toutefois sur la voie de l'accalmie, consolidée après les dernières élections, et que le prochain gouvernement parvient à mettre à exécution les mesures prévues dans ces deux plans, nous pourrons réaliser une croissance de 6 % », a ainsi souligné Siniora, ajoutant que de nombreux projets, en suspens depuis plusieurs mois, seront bientôt exécutés par le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR), dans le cadre du plan anticrise élaboré par le gouvernement. « Ce plan propose en effet d'accélérer les projets de travaux publics et d'investissements financés par des sources externes, menés par le CDR. Celui-ci va donc activer d'ici à septembre des projets d'une valeur de 237 millions de dollars », a-t-il indiqué, ajoutant qu'il existe, par ailleurs, d'autres projets dans les tiroirs du Parlement dont le montant global s'élève à 842 millions de dollars.
Outre le soutien à l'investissement, le plan anticrise comporte des mesures visant à encourager les nouvelles embauches, a insisté en parallèle le ministre des Finances, Mohammad Chatah. « Le texte propose en effet d'élaborer un projet de loi permettant à l'État de prendre en charge les cotisations patronales à la CNSS » pour toute nouvelle création d'emplois en 2009-2010, ce qui permettra de contenir en partie le problème du retour des expatriés licenciés au lendemain de la crise, a-t-il souligné.
Critiques et suggestions
Malgré les nombreux points positifs relevés dans les deux « feuilles de route », plusieurs participants ont affiché un scepticisme quant à la capacité d'application des mesures, critiquant, en parallèle, le retard mis dans l'exécution des plans élaborés par le gouvernement, notamment celui visant à réduire l'impact de la crise mondiale. Le président de l'Association des banques au Liban (ABL), François Bassil, a ainsi mis en garde contre une détérioration de la situation sur le plan local si jamais les mesures tardent encore à être mises en œuvre, insistant sur le fait que la crise ne s'est toujours pas résorbée. Il a critiqué, par ailleurs, l'absence de la décentralisation administrative dans le second plan du gouvernement, assurant que « seule cette réforme est garante d'un développement plus équilibré entre les régions ».
De son côté, le président des organismes économiques, Adnane Kassar, s'est interrogé sur le mécanisme d'application prévu, plaidant en faveur d'une participation plus active du secteur privé à l'élaboration des lois qui seront soumises au Parlement. Quant au député du Courant du futur Ghazi Youssef, il a déploré l'absence de mesures susceptibles de renforcer la capacité du producteur libanais, telle qu'une réforme du secteur de l'électricité permettant de réduire les coûts de production liés à l'énergie. Il a également critiqué le fait que le plan anticrise soit basé essentiellement sur les injections de liquidités et la hausse conséquente de la demande interne.