Pour suivre l'itinéraire des observateurs internationaux en cette longue journée électorale, il fallait se lever tôt. À 7h30, l'ancien président américain Jimmy Carter, à la tête d'une importante délégation de la Fondation Carter, effectuait déjà une tournée à l'école Zahret el-Ihsan, à Achrafieh, ponctuée par un point de presse au cours duquel il a affirmé que « l'organisation des élections est honnête, juste et sûre ». « Il me semble évident que le processus est bel et bien sur les rails. Les observateurs de notre délégation sont en outre très bien formés et sont à même de déceler les dysfonctionnements et les violations des procédures et des lois qui pourraient survenir. Toutefois, leur rôle n'est pas d'interférer, mais de noter tout ce qui se déroule. L'accès aux bureaux de vote nous est garanti dans l'ensemble du pays », a ainsi affirmé l'ancien président américain avant de souligner « l'intégrité et le degré élevé de compétence » du ministre de l'Intérieur. « Un très bon travail a été fait dans la préparation de ces élections », a-t-il affirmé.
À la question de savoir quelles pouvaient être les principales inquiétudes des membres de la Fondation Carter, l'ancien président américain a souligné qu'il ne s'inquiétait pas du déroulement du processus électoral, mais bien de la tentation qu'auraient certaines parties de « ne pas vouloir accepter les résultats » une fois le vote terminé. « De nombreux observateurs internationaux cherchent à encourager toutes les parties qui participent à ces élections à accepter sans interférer dans les résultats », a insisté M. Carter avant de confier que la Maison-Blanche est « prête à accepter les résultats si l'opposition remporte ce scrutin. J'ai parlé avec les représentants de la Maison-Blanche hier soir et je les ai encouragés à le faire. Ils m'ont rappelé dans ce contexte la teneur du discours du président Barack Obama dans lequel il a affirmé que les États-Unis vont accepter les résultats des élections dans le monde, surtout lorsqu'elles émanent d'une société démocratique et si elles sont honnêtes et justes. Nous espérons qu'aussi bien l'Iran que l'Arabie saoudite se soumettront à la volonté du peuple libanais ». « De toute façon, le Hezbollah ne bénéficie que de 11 sièges au Parlement et je ne pense pas qu'il en brigue un nombre supérieur aujourd'hui », a-t-il fait valoir.
Des recommandations seront émises
À un journaliste qui lui demandait si les incidents du 7 mai étaient loin derrière les Libanais, le président Carter a répondu : « Nous en sommes conscients, bien sûr, mais nous ressentons aussi la détermination et la sagesse des Libanais pour dépasser ce cap. »
Plus concrètement, et pour en revenir aux élections, les observateurs sont tenus de se montrer discrets et de ne pas intervenir dans l'opération électorale. « Toutefois, si quelque chose d'urgent venait à survenir, j'userai de mon propre jugement et nous ferons appel à la presse si cela est nécessaire », a-t-il ajouté. Interrogé sur les pots-de-vin, il a confié que les observateurs n'étaient pas en mesure de surveiller ce genre de pratiques mais que certains avaient d'ores et déjà « déposé des plaintes au ministère de l'Intérieur » en ce sens.
Plus globalement, « nous rédigerons un rapport dans les jours qui viennent surtout en ce qui concerne les modifications qui devraient être faites au niveau de la loi électorale. Nous sommes sûrs que le ministre de l'Intérieur écoutera d'ailleurs nos recommandations avec beaucoup d'attention ». L'ancien président américain est ensuite monté dans une des voitures blindées de son convoi pour poursuivre une tournée qui devait englober 20 % des bureaux de vote sur l'ensemble du territoire libanais. Quelques minutes après le départ de M. Carter, alors que nous nous trouvions hors de l'enceinte de l'école, un membre des services de renseignements de l'armée vient nous demander de lui retranscrire le discours de l'ancien président américain...
Salafranca à Bourj el-Barajneh
Un peu plus tôt, le chef de la mission d'observation électorale José Ignacio Salafranca et la délégation d'observateurs de l'Union européenne (UE) avaient assisté à l'ouverture du bureau de vote de Zahret el-Ihsan. « Tout s'est bien passé, nos équipes sont partout dans le pays et nous allons rédiger un premier rapport concernant l'ouverture du bureau. Nous espérons que tout se passera bien, dans le calme, pour que les citoyens puissent voter tranquillement. Une longue journée nous attend, mais nous sommes confiants », a souligné José Salafranca.
Il n'est même pas 8h du matin et Achrafieh grouille de monde, surtout de femmes matinales, énergiques et déterminées qui, après avoir voté, s'empressent de prendre un café sur la terrasse d'un restaurant de la place Sassine ou d'aller à la messe, histoire de ne rien laisser au hasard. Dans les bureaux de vote, les observateurs de l'Association libanaise pour la démocratie des élections (LADE) sont omniprésents. Ils repèrent les irrégularités, les notent sur un tableau préétabli et, parfois, corrigent certains comportements erronés.
Vers 9h30, la banlieue sud de Beyrouth grouille de monde, et l'école publique de Bourj el-Barajneh pour les filles ne fait pas exception. Un observateur de la LADE est présent, mais il avoue qu'il n'est pas très secondé par ses confrères qui sont plutôt rares dans cette région. Il mentionne les quelques aberrations dont il a été témoin et qu'il a cherché à résoudre en collaboration avec le moukhtar de Bourj el-Barajneh, Hussein Moustapha Moussa.
« Une femme mariée dont le statut personnel n'a pas été transféré à Bourj el-Barajneh a été empêchée de voter parce qu'elle n'était pas inscrite en tant que femme mariée, mais comme célibataire. Le problème, c'est que le chef du bureau de vote lui a quand même trempé le doigt dans l'encre, ce qui veut dire qu'elle a voté alors qu'elle n'a pas pu le faire. Dans un autre bureau de vote, un citoyen voulait rentrer avec son père derrière l'isoloir, mais le chef du bureau a formulé une plainte et finalement le père est rentré seul », raconte l'observateur de la LADE.
Un peu plus tard, le moukhtar confirme les propos de l'observateur, mais la conversation est interrompue par l'entrée quasi triomphale de Ali Ammar dans l'enceinte de l'école. À 10h15, avec plus de trente minutes de retard, José Ignacio Salafranca arrive. Sa délégation a eu du mal à trouver l'école de Bourj el-Barajneh. Il répète à peu près les mêmes propos qu'à Achrafieh et souligne que « les bureaux de vote ont ouvert tous à l'heure et que l'ensemble des présidents de bureau étaient à leur poste à l'heure de l'ouverture ».
Un autre observateur de la LADE nous informe qu'une école à la rue Sayyad a été le théâtre d'incidents « entre les supporters du député Bassem Sabeh et ceux de la liste de l'opposition ». Il explique, d'autre part, en détail le modus operandi de la LADE : « Nous avons une liste d'éléments à vérifier, classés par ordre alphabétique. Nous y répondons par oui ou par non, le chiffre 1 signifiant oui, le chiffre 2 signifiant non. Nous envoyons un SMS au système central au fur et à mesure que nous évoluons et nous faisons un point à 7h du matin, à 1h30 puis à 20h. » Quid du rôle des observateurs internationaux ? « En fait ils sont là pour nous surveiller », affirme-t-il.
Pour la NDI, l'organisation est globalement bonne
Un peu plus loin de là, à l'école al-Adab, rue Hattoum, l'organisation est moins évidente. Les scrutateurs de la liste adverse à celle de l'opposition sont quasi invisibles, de même que les observateurs tant nationaux qu'internationaux. L'étroit escalier de l'école est bondé de femmes et d'hommes qui se pressent vers les urnes. Dans la cour de l'école, une femme enceinte crie son mécontentement : une lettre de son nom de famille a été écorchée sur la liste électorale, et le numéro de sa carte d'identité ne correspond pas non plus.
Dans le caza de Aley, à Obey, la réconciliation entre chrétiens et druzes n'a pas eu lieu, et les bureaux de vote sont donc distincts pour chaque communauté. L'ambiance est pourtant légère, l'attente n'est pas longue car ici, il n'y a décidément pas grand monde, ce qui justifie peut-être l'absence d'observateurs locaux. À Aley, l'atmosphère est calme, mais quatre ou cinq membres de la LADE scrutent avec attention l'opération électorale. Une femme qui fait partie de l'équipe nous rappelle l'importance de la mission de l'Association libanaise pour la démocratie des élections : « Nos observations sont transmises au bureau de la LADE et au ministère de l'Intérieur. Elles serviront ensuite de base pour les plaintes présentées au Conseil constitutionnel ». À Jdeideh, à l'école al-Akhtal al-Saghir, il faut chercher longtemps avant de trouver les observateurs. Les nombreux bureaux de vote grouillent de monde alors même qu'il est plus de 14h. À Bourj Hammoud, à 14h30, les observateurs de la National Democratic Institute (NDI) - présidée par l'ancienne secrétaire d'État Madeleine Albright - arrivent enfin à l'école Mesrobian. Les femmes votent au troisième étage et les personnes âgées ont du mal à franchir toutes les marches, ce qu'une femme de NDI relève d'ailleurs immédiatement. « Cela devra être revu, mais globalement les bases d'une bonne organisation sont là, malgré la pression qui est très grande. Ceux qui disent que la lenteur est préméditée et a pour objectif d'empêcher les gens de voter se trompent. C'est juste une nouvelle manière de faire, et il faut un peu de temps pour s'y habituer. » Son collègue précise que le seul élément important qui manquait à ces élections est les listes préalablement imprimées, « mais nous allons en parler aux parties concernées... ».
À la question de savoir quelles pouvaient être les principales inquiétudes des membres de la Fondation Carter, l'ancien président américain a souligné qu'il ne s'inquiétait pas du déroulement du processus électoral, mais bien de la tentation qu'auraient certaines parties de « ne pas vouloir accepter les résultats » une fois le vote terminé. « De nombreux observateurs internationaux cherchent à encourager toutes les parties qui participent à ces élections à accepter sans interférer dans les résultats », a insisté M. Carter avant de confier que la Maison-Blanche est « prête à accepter les résultats si l'opposition remporte ce scrutin. J'ai parlé avec les représentants de la Maison-Blanche hier soir et je les ai encouragés à le faire. Ils m'ont rappelé dans ce contexte la teneur du discours du président Barack Obama dans lequel il a affirmé que les États-Unis vont accepter les résultats des élections dans le monde, surtout lorsqu'elles émanent d'une société démocratique et si elles sont honnêtes et justes. Nous espérons qu'aussi bien l'Iran que l'Arabie saoudite se soumettront à la volonté du peuple libanais ». « De toute façon, le Hezbollah ne bénéficie que de 11 sièges au Parlement et je ne pense pas qu'il en brigue un nombre supérieur aujourd'hui », a-t-il fait valoir.
Des recommandations seront émises
À un journaliste qui lui demandait si les incidents du 7 mai étaient loin derrière les Libanais, le président Carter a répondu : « Nous en sommes conscients, bien sûr, mais nous ressentons aussi la détermination et la sagesse des Libanais pour dépasser ce cap. »
Plus concrètement, et pour en revenir aux élections, les observateurs sont tenus de se montrer discrets et de ne pas intervenir dans l'opération électorale. « Toutefois, si quelque chose d'urgent venait à survenir, j'userai de mon propre jugement et nous ferons appel à la presse si cela est nécessaire », a-t-il ajouté. Interrogé sur les pots-de-vin, il a confié que les observateurs n'étaient pas en mesure de surveiller ce genre de pratiques mais que certains avaient d'ores et déjà « déposé des plaintes au ministère de l'Intérieur » en ce sens.
Plus globalement, « nous rédigerons un rapport dans les jours qui viennent surtout en ce qui concerne les modifications qui devraient être faites au niveau de la loi électorale. Nous sommes sûrs que le ministre de l'Intérieur écoutera d'ailleurs nos recommandations avec beaucoup d'attention ». L'ancien président américain est ensuite monté dans une des voitures blindées de son convoi pour poursuivre une tournée qui devait englober 20 % des bureaux de vote sur l'ensemble du territoire libanais. Quelques minutes après le départ de M. Carter, alors que nous nous trouvions hors de l'enceinte de l'école, un membre des services de renseignements de l'armée vient nous demander de lui retranscrire le discours de l'ancien président américain...
Salafranca à Bourj el-Barajneh
Un peu plus tôt, le chef de la mission d'observation électorale José Ignacio Salafranca et la délégation d'observateurs de l'Union européenne (UE) avaient assisté à l'ouverture du bureau de vote de Zahret el-Ihsan. « Tout s'est bien passé, nos équipes sont partout dans le pays et nous allons rédiger un premier rapport concernant l'ouverture du bureau. Nous espérons que tout se passera bien, dans le calme, pour que les citoyens puissent voter tranquillement. Une longue journée nous attend, mais nous sommes confiants », a souligné José Salafranca.
Il n'est même pas 8h du matin et Achrafieh grouille de monde, surtout de femmes matinales, énergiques et déterminées qui, après avoir voté, s'empressent de prendre un café sur la terrasse d'un restaurant de la place Sassine ou d'aller à la messe, histoire de ne rien laisser au hasard. Dans les bureaux de vote, les observateurs de l'Association libanaise pour la démocratie des élections (LADE) sont omniprésents. Ils repèrent les irrégularités, les notent sur un tableau préétabli et, parfois, corrigent certains comportements erronés.
Vers 9h30, la banlieue sud de Beyrouth grouille de monde, et l'école publique de Bourj el-Barajneh pour les filles ne fait pas exception. Un observateur de la LADE est présent, mais il avoue qu'il n'est pas très secondé par ses confrères qui sont plutôt rares dans cette région. Il mentionne les quelques aberrations dont il a été témoin et qu'il a cherché à résoudre en collaboration avec le moukhtar de Bourj el-Barajneh, Hussein Moustapha Moussa.
« Une femme mariée dont le statut personnel n'a pas été transféré à Bourj el-Barajneh a été empêchée de voter parce qu'elle n'était pas inscrite en tant que femme mariée, mais comme célibataire. Le problème, c'est que le chef du bureau de vote lui a quand même trempé le doigt dans l'encre, ce qui veut dire qu'elle a voté alors qu'elle n'a pas pu le faire. Dans un autre bureau de vote, un citoyen voulait rentrer avec son père derrière l'isoloir, mais le chef du bureau a formulé une plainte et finalement le père est rentré seul », raconte l'observateur de la LADE.
Un peu plus tard, le moukhtar confirme les propos de l'observateur, mais la conversation est interrompue par l'entrée quasi triomphale de Ali Ammar dans l'enceinte de l'école. À 10h15, avec plus de trente minutes de retard, José Ignacio Salafranca arrive. Sa délégation a eu du mal à trouver l'école de Bourj el-Barajneh. Il répète à peu près les mêmes propos qu'à Achrafieh et souligne que « les bureaux de vote ont ouvert tous à l'heure et que l'ensemble des présidents de bureau étaient à leur poste à l'heure de l'ouverture ».
Un autre observateur de la LADE nous informe qu'une école à la rue Sayyad a été le théâtre d'incidents « entre les supporters du député Bassem Sabeh et ceux de la liste de l'opposition ». Il explique, d'autre part, en détail le modus operandi de la LADE : « Nous avons une liste d'éléments à vérifier, classés par ordre alphabétique. Nous y répondons par oui ou par non, le chiffre 1 signifiant oui, le chiffre 2 signifiant non. Nous envoyons un SMS au système central au fur et à mesure que nous évoluons et nous faisons un point à 7h du matin, à 1h30 puis à 20h. » Quid du rôle des observateurs internationaux ? « En fait ils sont là pour nous surveiller », affirme-t-il.
Pour la NDI, l'organisation est globalement bonne
Un peu plus loin de là, à l'école al-Adab, rue Hattoum, l'organisation est moins évidente. Les scrutateurs de la liste adverse à celle de l'opposition sont quasi invisibles, de même que les observateurs tant nationaux qu'internationaux. L'étroit escalier de l'école est bondé de femmes et d'hommes qui se pressent vers les urnes. Dans la cour de l'école, une femme enceinte crie son mécontentement : une lettre de son nom de famille a été écorchée sur la liste électorale, et le numéro de sa carte d'identité ne correspond pas non plus.
Dans le caza de Aley, à Obey, la réconciliation entre chrétiens et druzes n'a pas eu lieu, et les bureaux de vote sont donc distincts pour chaque communauté. L'ambiance est pourtant légère, l'attente n'est pas longue car ici, il n'y a décidément pas grand monde, ce qui justifie peut-être l'absence d'observateurs locaux. À Aley, l'atmosphère est calme, mais quatre ou cinq membres de la LADE scrutent avec attention l'opération électorale. Une femme qui fait partie de l'équipe nous rappelle l'importance de la mission de l'Association libanaise pour la démocratie des élections : « Nos observations sont transmises au bureau de la LADE et au ministère de l'Intérieur. Elles serviront ensuite de base pour les plaintes présentées au Conseil constitutionnel ». À Jdeideh, à l'école al-Akhtal al-Saghir, il faut chercher longtemps avant de trouver les observateurs. Les nombreux bureaux de vote grouillent de monde alors même qu'il est plus de 14h. À Bourj Hammoud, à 14h30, les observateurs de la National Democratic Institute (NDI) - présidée par l'ancienne secrétaire d'État Madeleine Albright - arrivent enfin à l'école Mesrobian. Les femmes votent au troisième étage et les personnes âgées ont du mal à franchir toutes les marches, ce qu'une femme de NDI relève d'ailleurs immédiatement. « Cela devra être revu, mais globalement les bases d'une bonne organisation sont là, malgré la pression qui est très grande. Ceux qui disent que la lenteur est préméditée et a pour objectif d'empêcher les gens de voter se trompent. C'est juste une nouvelle manière de faire, et il faut un peu de temps pour s'y habituer. » Son collègue précise que le seul élément important qui manquait à ces élections est les listes préalablement imprimées, « mais nous allons en parler aux parties concernées... ».
Pour suivre l'itinéraire des observateurs internationaux en cette longue journée électorale, il fallait se lever tôt. À 7h30, l'ancien président américain Jimmy Carter, à la tête d'une importante délégation de la Fondation Carter, effectuait déjà une tournée à l'école Zahret el-Ihsan,...
Les plus commentés
Geagea réclame implicitement la dissolution des Soldats du Seigneur après une rixe meurtrière à Achrafieh
Présidentielle au Liban : « Il ne faut pas se dépêcher pour élire n'importe qui », estime Massad Boulos
À Nabatiyé, la désillusion face au lourd prix de la « résistance »