Les consommateurs espéraient pourtant pouvoir profiter plus longtemps de la tendance baissière, observée au lendemain de l'éclatement de la crise financière qui avait fait plonger le cours du pétrole de plus de 60 %. En effet, depuis le pic historique de juillet 2008, le prix des 20 litres d'essence avait dégringolé jusqu'à atteindre fin octobre dernier 22 800 livres (pour le bidon 95 octanes) avant de repartir à la hausse à partir de février. « Le rétablissement par le gouvernement en octobre dernier de la taxe sur l'essence explique en partie cette résistance à une plus forte baisse durant les mois les plus durs de la crise ainsi que la récente hausse des prix, due toutefois aussi au rebond des cours mondiaux », explique l'ancien président de l'Association des importateurs de pétrole, Bahige Abou Hamzeh, à L'Orient-Le Jour.
Cette taxe, autrefois flottante, avait été en effet fixée à 9 500 livres dans le but de profiter du contexte mondial et d'augmenter ainsi les recettes du Trésor (entre 600 et 800 millions de dollars par an) tout en minimisant l'impact sur le consommateur. Cette mesure a toutefois été accompagnée sur le plan mondial d'une hausse progressive du cours du pétrole, qui a récemment dépassé les 65 dollars, contre moins de 40 dollars il y a quelques mois. L'effet s'est d'ailleurs rapidement fait sentir, d'autant plus que le montant de la TVA, auquel s'ajoute celui de la taxe fixée par l'État, augmentait au fur et à mesure que le prix de base de l'essence était revu à la hausse. « Au total, l'État perçoit aujourd'hui, pour chaque 20 litres d'essence, près de 13 000 livres sous forme de taxes », indique Abou Hamzeh, soit plus de 40 % du prix du bidon.
De son côté, le président de l'Union des stations d'essence, Sami Brax, a estimé dans un entretien accordé à L'Orient-Le Jour que le prix de l'essence « devrait continuer à augmenter jusqu'à fin juin, étant donné que les prix sont calculés sur une moyenne de quatre semaines ». Selon plusieurs sources concordantes, celui-ci pourrait même atteindre 33 000 livres d'ici à la fin du mois... Pas de quoi rassurer les consommateurs, qui devront attendre l'arrivée du prochain Parlement avant que la proposition de loi sur les carburants, prévoyant une libéralisation du prix d'essence, soit de nouveau soumise à l'ordre du jour.