Cela faisait dix ans que Bordeaux attendait ça. Et l'homme qui a inscrit le but du sacre pour les Girondins à Caen fut Gouffran... un ancien Caennais ! Gouffran a donc offert un 6e titre de champion (en élite) à Bordeaux et a poignardé son ancien club en l'envoyant en enfer, à l'étage inférieur. Bordeaux, ville surnommée la « Belle endormie », s'est réveillée : dès le début de la soirée, environ 50 000 personnes déjà s'étaient massées place des Quinconces pour suivre « LE » match de l'année sur écran géant. Et le peuple girondin a exulté au coup de sifflet final. La fête s'est poursuivie toute la nuit, en attendant la présentation officielle du trophée hier à 13h00 sur cette même place des Quinconces.
La sérénité de Laurent Blanc a transpiré toute la saison et il semblait écrit que rien ne pouvait arriver aux Girondins samedi soir. Bordeaux est devenue la première équipe à signer 11 succès d'affilée en championnat dans l'histoire ! L'OM a finalement payé ses trois points de retard...
L'OM rêve déjà de revanche
Éric Gerets a bien croisé les doigts par superstition et ses joueurs ont offert un festival au Vélodrome, étripant Rennes (4-0), pour le dernier match du sorcier belge, qui cédera sa place la saison prochaine à Didier Deschamps. Las ! Ce feu d'artifice n'a pas suffi. Il aurait fallu une défaite de Bordeaux. La saison marseillaise restera quand même très belle malgré tout. Seul bémol, sur 57 points possibles à domicile, l'OM n'en a empoché que 35. Le club marseillais a concédé chez lui cinq matches nuls et quatre défaites pour 10 victoires. Dans le même temps, Bordeaux a signé 14 succès pour cinq nuls au stade Chaban-Delmas. Loin de ses bases, Marseille a en revanche été l'équipe la plus performante du championnat avec 12 victoires, six nuls et une seule défaite. Troisième l'an dernier, second cette saison, l'OM vise donc ouvertement le haut du podium dans le prochain exercice. L'heure est à la construction d'une nouvelle équipe sous les ordres du nouvel entraîneur, Didier Deschamps. Pour autant, l'OM ne recrutera pas au-delà de ses limites financières, qui ne l'autorisent pas à viser des éléments du « gotha mondial » du football. L'OM va donc s'attacher à conserver ses valeurs sûres telles que le défenseur Taye Taiwo et l'attaquant Mamadou Niang, dont Deschamps n'entend pas se séparer. Des joueurs en fin de contrat ne devraient pas rester, comme le milieu de terrain Modeste M'Bami et le défenseur argentin Renato Civelli. Les dirigeants marseillais devront en revanche régler le cas de Djibril Cissé. Le club anglais de Sunderland n'a pas souhaité lever l'option d'achat qu'il possédait sur l'attaquant français. « Cissé a marqué 11 buts dans une équipe moyenne. C'est incontestablement un joueur sur lequel on peut compter, a déclaré Diouf. Soit Djibril retrouve un autre club, ce qui est probable, soit il revient ici. Son retour n'est pas un problème. »
Europa League
Concernant les deux places qui se disputaient pour l'Europa League entre quatre clubs, ce sont Toulouse, 4e (0-0 contre Lyon), et Lille, 5e (victorieux 3-2 contre Nancy), qui ont logiquement été récompensés pour leur belle saison. Les deux perdants de ce scrutin européen sont Rennes, écrasé à Marseille, et le PSG qui a concédé le nul au Parc des Princes (0-0 contre Monaco). La fin de saison est triste pour Rennes, déjà battu amèrement en finale de Coupe de France par son voisin breton, Guingamp (L2). Et que dire de celle du PSG, qui rate un ticket européen par la faute de la différence de buts (PSG à 64 points, mais une différence de buts de +11 contre +12 seulement pour Lille). La fin de mandat de Paul Le Guen ressemble à un terrible gâchis, avec règlements de comptes par médias interposés, et ces fameux épithètes « médiocre » et « incompétent » accolés à Alain Roche par le technicien. Antoine Kombouaré aura bien du travail la saison prochaine.
Le bas du tableau
Dans le bas du classement, Le Havre, lanterne rouge relégué depuis longtemps, sait qui va l'accompagner : Nantes (succès 2-1 contre Auxerre), qui était virtuellement relégué depuis la 37e journée, et Caen, donc, crucifié par Gouffran.
Le grand gagnant dans la course à la survie est Saint-Étienne, ce monument du football français et ses 10 titres de champion : Les Verts ont pulvérisé (4-0) leur adversaire, Valenciennes, qui n'avait plus rien à jouer pour ce dernier match de Kombouaré comme entraîneur de l'équipe nordiste.
Sochaux (succès 1-0 à Grenoble) et Le Mans (1-1 à Lorient), menacés en bas de classement, poussent également un grand ouf de soulagement.
À Nantes, le match s'est disputé dans une ambiance chargée d'électricité, avec manifestation anti-Kita dans le centre-ville avant le match et incidente dans les tribunes pendant la rencontre. Au terme d'une saison catastrophe marquée par des erreurs à tous les étages, Nantes va retrouver la Ligue 2 alors que ses dirigeants assuraient avoir tout fait pour que le club redevienne rapidement un bastion du football français.
Lors du retour dans l'élite, à l'été 2008, le président Waldemar Kita avait parlé d'une « une saison de reconstruction », mais l'homme d'affaires franco-polonais était ambitieux et il a mis la main à la poche pour construire une équipe capable d'assurer sereinement le maintien.
Les têtes de gondole du recrutement ont pour nom Ivan Klasnic, joker efficace avec la Croatie lors de l'Euro, et Mickaël Gravgaard, défenseur danois dont la réputation n'a pas franchi les frontières de son pays.
« Sans tirer sur l'ambulance, ils se sont plantés sur le recrutement, juge William Ayache, ancien joueur nantais. C'est un gros investissement sans aucune rentabilité. »
Trop faible techniquement, sans véritable expérience de la Ligue 1, l'équipe paie également un mental et un investissement branchés sur courant alternatif.
Classement 2008-09
1. Bordeaux 80 points
2. Marseille 77
3. Lyon 71
4. Toulouse 64
5. Lille 64
6. Paris-SG 64
7. Rennes 61
8. Auxerre 55
9. Nice 50
10. Lorient 45
11. Monaco 45
12. Valenciennes 44
13. Grenoble 44
14. Sochaux 42
15. Nancy 42 38
16. Le Mans 40
17. Saint-Étienne 40
18. Caen 37 38
19. Nantes 37
20. Le Havre 26.