Bastion du sunnisme, l'Arabie saoudite n'a pas digéré de voir les sunnites perdre le pouvoir au profit de leurs frères ennemis musulmans chiites. Ces derniers ont pris le pouvoir à la suite de l'invasion conduite par les États-Unis en 2003, mettant fin à 80 ans de domination sunnite.
« Il n'y aura pas d'autres interventions de notre part car nous n'avons aucun intérêt à répéter une initiative tant que nous n'aurons pas de signe de l'Arabie saoudite de sa volonté d'avoir de bonnes relations », a estimé M. Maliki. L'Arabie saoudite a rétabli ses relations diplomatiques avec l'Irak en juillet 2004, mais elle n'a toujours pas envoyé d'ambassadeur à Bagdad.
En revanche, le porte-parole du gouvernement irakien a assuré hier que son pays voulait améliorer ses rapports avec le Koweït, sans toutefois évoquer la question déterminante des frontières car Bagdad ne reconnaît pas le tracé établi par l'ONU après la guerre du Golfe de 1991. « Les deux pays veulent entretenir des relations fraternelles et de bon voisinage (...) Le Koweït doit savoir que les frères irakiens sont totalement disposés à régler la question des disparus et des propriétés koweïtiennes », a déclaré Ali al-Dabbagh. « Mais le gouvernement irakien ne veut pas que ce dossier (des disparus) soit un obstacle pour sortir du chapitre VII, car le nouveau régime n'est pas une menace pour la sécurité et la paix dans la région », a-t-il ajouté.
Le Koweït a lancé le 20 mai une campagne diplomatique auprès des membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU pour demander le règlement de son contentieux avec l'Irak, qui concerne les frontières, les personnes disparues et le retour de biens volés pendant les sept mois d'occupation du pays par les troupes de Saddam Hussein. « Nous comprenons le désir de l'Irak de sortir du chapitre VII » de la Charte des Nations unies, a déclaré pour sa part le sous-secrétaire koweïtien aux Affaires étrangères, Khaled al-Jarallah, au quotidien al-Qabas, en référence aux demandes de Bagdad d'une levée des sanctions. « Mais il y a des obligations et des questions en suspens qu'il serait illogique de laisser sans résolution », a-t-il ajouté.
Six ans après la chute du régime de l'ancien président irakien Saddam Hussein qui avait ordonné l'invasion, l'Irak demande une levée de ces sanctions, notamment celles concernant les dommages de guerre. L'Irak a déjà payé plus de 13 milliards de dollars de réparations au Koweït et doit s'acquitter de 25 autres mds USD en plus d'une dette estimée à 16 mds USD. Le chapitre VII de la Charte de l'ONU, invoqué en cas de menace pour la paix internationale et la sécurité, peut ouvrir la porte à des sanctions, voire à des actions militaires. Un rapport sur ces sanctions du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, doit être remis aux membres du Conseil de sécurité d'ici à la mi-juin. Ce Conseil devra ensuite se mettre d'accord sur une nouvelle résolution pour lever les sanctions.