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Liban - Éclairage

Pour le Hezbollah, le même plan continue…

Lorsque le 29 avril dernier, le juge de la mise en état au Tribunal spécial pour le Liban, Daniel Fransen, a annoncé solennellement la décision de remise en liberté des quatre généraux libanais arrêtés depuis le 30 août 2005, l'opposition n'a pas caché sa joie, criant à qui veut l'entendre qu'elle a eu raison depuis le début de miser sur l'innocence des officiers. Une seule voix est restée discordante et a préféré appeler à la retenue et à la méfiance, celle du Hezbollah. D'ailleurs, quelques jours plus tard, le secrétaire général de ce parti a déclaré dans un discours officiel qu'il ne fallait surtout pas considérer que par cette décision, le TSL a montré sa crédibilité et, par conséquent, baisser la garde et lui accorder un blanc-seing. Les milieux proches du Hezbollah ne cachaient d'ailleurs pas une certaine appréhension au sujet de la suite des événements. Certains allaient même jusqu'à évoquer la possibilité de convoquer un responsable du parti, même pour une simple audition, devant le tribunal après le crédit donné par la libération des généraux. Une telle décision serait de nature à provoquer une crise dans le pays. Quelque temps plus tard, dans un de ses rassemblements électoraux, le chef du Courant du futur a déclaré de son côté : « Ils accueillent aujourd'hui avec joie la première décision du TSL. Mais on va voir leur réaction à la seconde décision. » Il répondait sans doute à la libération des généraux, mais cette position a alimenté les appréhensions du Hezbollah.
C'est dans ce climat tendu, où chaque camp cherche à tirer la couverture de son côté, qu'est tombé l'article de l'hebdomadaire allemand Der Spiegel. L'article a d'abord été publié sur le site anglais on-line de l'hebdomadaire, lequel n'est pas très visité et aurait, selon des connaisseurs, des difficultés financières. Une source diplomatique occidentale précise que l'auteur de l'article, Éric Follat, est généralement connu pour être un journaliste d'investigation et n'a pas de liens particuliers avec la droite israélienne. Au contraire, il aurait écrit des articles qui auraient déplu à certains membres du gouvernement actuel, dont une lettre ouverte au ministre allemand des AE avant sa rencontre avec son homologue israélien. Mais Follat n'est pas non plus le spécialiste du Moyen-Orient et du Liban en particulier au sein de l'équipe de l'hebdomadaire allemand. La source précitée estime ainsi que l'hebdomadaire a publié l'article croyant qu'il s'agissait d'un scoop, mais il a certainement fait preuve de légèreté et de méconnaissance de la réalité libanaise, en n'imaginant pas l'impact d'une telle analyse sur la scène interne libanaise. Éric Follat a déclaré hier, dans un entretien au quotidien saoudien al-Chark al-Awsat,  qu'il avait bien vérifié ses informations avant de les publier et qu'il a même pris connaissance des documents originaux sur lesquels est fondée son analyse avant de prendre sa décision, mais la source diplomatique occidentale n'exclut pas la possibilité d'une manipulation. Le journaliste n'est probablement pas en cause, ainsi que l'hebdomadaire en tant que tel, mais rien n'empêche que la fameuse source proche du TSL l'ait sciemment induit en erreur. Cela pourrait être par exemple un de ceux qu'on appelle les conseillers politiques qui collaborent avec le TSL ou plus prosaïquement une source plus locale.
Des sources de l'opposition sont convaincues qu'il s'agit d'une manipulation libanaise qui a induit en erreur le journaliste. Pour étayer leurs dires, ces sources relèvent le timing de la publication de l'article à une période cruciale dans la campagne électorale libanaise. Selon ces sources, l'article est construit autour des huit numéros de téléphones cellulaires achetés à Tripoli. Mais l'élément nouveau est qu'il fait état de l'utilisation de ces numéros après l'explosion qui a ôté la vie à Rafic Hariri et à ses compagnons. Or les sources de l'opposition se demandent pourquoi cet élément n'avait pas figuré dans l'enquête initiale qui avait décidé d'abandonner cette piste, après avoir relâché l'homme qui avait vendu les cartes prépayées. Soit il s'agit d'un rajout destiné à étoffer l'accusation dirigée contre un commando spécial du Hezbollah, soit il s'agit d'un élément qui avait été dissimulé et, dans ce cas, il est légitime de se demander pourquoi il apparaît maintenant à quelques jours de l'échéance électorale. Les sources de l'opposition précitées affirment ainsi que le but de cet article publié dans un hebdomadaire allemand crédible est d'abord de neutraliser les effets de la libération des généraux sur le camp de la majorité et d'effacer l'impact des accusations portées par l'ancien directeur de la Sûreté générale Jamil Sayyed contre le premier président de la commission d'enquête internationale, Detlev Mehlis, et son adjoint Gerhard Lehman ainsi que le choc de la plainte qu'il a déposée auprès du tribunal de première instance à Paris. Mehlis n'a pas répondu à ces accusations et Gerhard Lehman, qui avait pris un congé d'un an à la police allemande BKA, a repris ses fonctions et est actuellement en poste en Arabie saoudite dans le cadre d'une coopération policière entre les deux pays.
De son côté, le Hezbollah est convaincu que ceux qui ont fabriqué la première version des accusations sont derrière les informations publiées dans l'article de Der Spiegel. Il considère qu'il est toujours une cible de choix pour le camp international qui cherche par tous les moyens à le désarmer et à susciter une discorde interne au Liban pour servir les intérêts israéliens. Il relève le fait que les mêmes informations avaient été publiées sur le site créé par l'opposant syrien installé à Paris, Nizar Nayouf, en décembre 2008. Selon le Hezbollah, le même plan continue. Il avait commencé par l'adoption de la résolution 1559 en 2004, s'est poursuivi à travers la guerre de juillet 2006 et a connu une nouvelle phase en mai 2008... Ce qui compte aujourd'hui pour lui, c'est que cette nouvelle manipulation n'a pas atteint ses objectifs. Mais cela ne signifie pas que la menace qui pèse sur lui est dissipée...
Lorsque le 29 avril dernier, le juge de la mise en état au Tribunal spécial pour le Liban, Daniel Fransen, a annoncé solennellement la décision de remise en liberté des quatre généraux libanais arrêtés depuis le 30 août 2005, l'opposition n'a pas caché sa joie, criant à qui veut l'entendre qu'elle a eu raison depuis le début de miser sur l'innocence des officiers. Une seule voix est restée discordante et a préféré appeler à la retenue et à la méfiance, celle du Hezbollah. D'ailleurs, quelques jours plus tard, le secrétaire général de ce parti a déclaré dans un discours officiel qu'il ne fallait surtout pas considérer que par cette décision, le TSL a...
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