Le régime communiste a indiqué qu'il considérait la décision annoncée la veille par Séoul de se joindre à l'initiative d'antiprolifération (PSI) comme « une déclaration de guerre », dans un communiqué de l'armée cité par l'agence nord-coréenne KCNA. Séoul n'avait jusque-là qu'un statut d'observateur de la PSI. Lancée par les États-Unis en 2003, l'Initiative de sécurité contre la prolifération (PSI), à laquelle 90 pays ont adhéré et qui inclut des manœuvres militaires, autorise l'arraisonnement en haute mer de navires suspectés de transporter du matériel nucléaire et autres armes de destruction massive.
Or la Corée du Nord a été l'un des plus importants exportateurs de missiles ces dernières années. « Tout acte hostile, notamment le fait de stopper ou de perquisitionner nos navires, donnera lieu à une réponse militaire forte et immédiate », a prévenu Pyongyang. « Ceux qui nous ont provoqués vont devoir affronter une sanction sans pitié et inimaginable », a menacé Pyongyang, désignant comme responsables Washington et Séoul. « Notre armée ne sera plus liée par l'accord d'armistice dans la mesure où les États-Unis ont fait entrer les pantins (la Corée du Sud, NDLR) au sein de la PSI », a ajouté le communiqué.
En l'absence d'un traité de paix à l'issue de l'armistice de 1953 ayant mis fin à la guerre de Corée (1950-53), les deux Corées sont toujours officiellement en état de guerre. Si Pyongyang ne s'estime plus lié par l'armistice de 1953, « la péninsule coréenne va revenir à un état de guerre », a prévenu le Nord.
Le régime communiste a également annoncé qu'il ne « garantissait pas le statut légal » de cinq îles sud-coréennes situées en mer Jaune, dans une zone disputée par le Nord et le Sud, où s'étaient produits des accrochages navals en 1999 et 2002, se traduisant par la mort de soldats nord et sud-coréens.
Hier, le président sud-coréen Lee Myung-bak a néanmoins appelé à « des réactions calmes » face aux menaces. Selon le ministère de la Défense, aucun renfort militaire sud-coréen n'a été envoyé dans l'immédiat à la frontière intercoréenne.
Mais, pour Cheong Seong-chang, chercheur à l'Institut Sejong, les menaces du Nord vont « attiser les tensions intercoréennes et un accrochage naval sur la côte ouest est fort possible ».
Cette menace a d'ailleurs conduit la Russie, frontalière de la péninsule, à prendre des mesures en vue d'une éventuelle guerre, sans envisager pour l'heure de mouvement de troupes. « Nous ne parlons pas d'accroître notre effort militaire, mais plutôt de mesures en cas d'éclatement dans la péninsule coréenne d'un conflit militaire, peut-être avec l'utilisation d'armes nucléaire », a déclaré une source proche des services de sécurité citée par l'agence Interfax.
La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a, pour sa part, déclaré que les États-Unis honoreront leur engagement de défendre la Corée du Sud et le Japon.
Par ailleurs, après l'annonce lundi d'un deuxième essai nucléaire depuis 2006, condamné par le Conseil de sécurité, la Corée du Nord a procédé hier à un nouveau tir de missile à courte portée, portant à cinq le nombre d'engins tirés depuis lundi, selon le ministère sud-coréen de la Défense.
En soirée, des sources diplomatiques françaises indiquaient que le deuxième essai nucléaire nord-coréen avait eu une puissance évaluée entre 2 et 4 kilotonnes. Ce qui ne « traduit pas une capacité nouvelle » de l'armée nord-coréenne.
Pyongyang aurait en outre relancé la production de combustible nucléaire sur son site de Yongbyon où des émissions de vapeur ont été constatées, selon la presse sud-coréenne.
Dans ce contexte, le Conseil de sécurité de l'ONU prépare une résolution devant comporter de nouvelles sanctions contre Pyongyang. Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a cependant estimé mercredi qu'il n'y aurait pas de projet de résolution avant la fin de la semaine, soulignant la nécessité d'une « décision internationale » pour condamner les Nord-Coréens. Son homologue britannique David Miliband a indiqué que Londres cherchait à « maximiser » l'unité au sein du Conseil de sécurité. Le Premier ministre japonais Taro Aso a jugé « important que de nouvelles sanctions soient incluses dans la résolution ».
Côté russe, tandis que des responsables évoquaient mardi une réponse « musclée », le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a renouvelé hier l'appel lancé par son président Dmitri Medvedev à ne pas adopter de sanctions hâtives. En soirée, Moscou a appelé Pyongyang à revenir à la table des négociations.