C'est l'éternelle histoire de la guerre, ici celle de Troie, saisie à sa naissance. Agamemnon et son frère Ménélas, trompé par sa femme, s'apprêtent à attaquer Troie, dont le roi Pâris a convolé avec Hélène, la femme de Ménélas. Pour avoir les dieux de son côté et un vent favorable pour sa flotte, Agamemnon se propose d'immoler sa fille Iphigénie. Trompée par son père, cette dernière, accompagnée de sa mère, Clytemnestre, arrive sur le champ de bataille croyant être venue pour épouser Achille.
On est là, on l'aura compris, dans la satire politique. L'honneur de Ménélas devient celui de la Grèce. Aux grands principes se mêlent les passions humaines et les étroits calculs d'intérêts. La convoitise se drape sous de grands noms. La guerre a fait son œuvre de déshumanisation. Habilement transposé par Shebaya, le chœur devient un groupe de touristes pour lesquels la guerre n'est plus qu'un spectacle qu'ils commentent en termes frivoles.
Pourtant, la profondeur tragique du conflit ressort sous les dehors sardoniques, moins dans le dilemme d'Agamemnon, qui ne parvient plus à inverser l'engrenage fatal du sacrifice d'Iphigénie, que dans la transformation de cette dernière d'une enfant innocente en un martyr qui s'est persuadée - propagande ? - de la valeur de son sacrifice. Le bouleversement le plus complet viendra cependant de Clytemnestre qui, de femme modèle, se transformera, sous l'effet de la douleur, en « furie » et qui finira par tuer son époux.
Dirigés par Shebaya assisté de Hani Hassan, dans un décor conçu par David Kurani aidé par Adoni Maalouf, les étudiants acteurs, qui pour la plupart jouent pour la première fois, s'en sortent honorablement. L'entrée est libre.
* Le spectacle, qui sera présenté ce soir jeudi, demain vendredi et samedi, commence à 20h00.