Comme Petra Kalivodova, sept autres infirmières de la clinique Iscare ont déjà utilisé le bonus qui leur a permis de bénéficier gratuitement d'une intervention esthétique de leur choix après signature d'un contrat de trois ans. La brune de 31 ans a trouvé que « l'offre était vraiment intéressante », elle a donc renouvelé sans hésiter son contrat de travail pour bénéficier du bonus instauré l'an dernier par la direction dans le but de contrecarrer la pénurie de personnel médical. « J'en ai parlé autour de moi, à des collègues et à des amis, cela a suscité un intérêt énorme », assure-t-elle à l'AFP. Elle-même a opté pour une liposuccion ventrale puisqu'elle s'était déjà offert un remodelage de poitrine.
L'idée est née au fil des entretiens de recrutement, selon le directeur de la clinique Jiri Schweitzer, alors que trouver du personnel qualifié devenait une gageure dans l'ancien pays communiste. Le secteur de la santé compte 90 000 infirmières, il en faudrait 6 000 de plus, selon les chiffres de l'Association tchèque des infirmières.
« L'attrait de la profession est faible et la demande dans les autres secteurs forte : à revenu égal, un travail de bureau, moins exigeant et avec moins de responsabilité, est tout simplement plus confortable », reconnaissait récemment la ministre tchèque de la Santé Dana Juraskova, qui fut elle-même infirmière. En outre, les meilleurs salaires proposés dans d'autres pays européens ont provoqué une hémorragie de personnel ces dernières années. Au point que les autorités tchèques avaient même envisagé un temps de faire venir des infirmières du Vietnam avant de renoncer - à cause de la barrière de la langue.
En même temps, le nombre de cliniques de chirurgie esthétique a plus de triplé en République tchèque entre 1997 et 2007, selon les statistiques officielles, du fait de la popularisation des interventions plastiques dans un pays en plein boom économique, mais aussi du développement du tourisme médical, qui a provoqué un afflux de clients étrangers en quête de bas tarifs.
Petra Kalivodova aurait donc pu, sans aucune difficulté, changer d'employeur à l'échéance de son premier contrat. Mais la perspective de s'offrir un ventre plat l'a finalement décidée à rester trois ans de plus. « C'était une bonne solution financière, parce qu'une chirurgie, ce n'est pas donné », explique la jeune femme qui se prête avec la meilleure volonté à une séance de pose photo pour l'AFP. La clinique facture 75000 couronnes (2 823 euros) pour une chirurgie mammaire, soit, pour elle, plus de trois mois de salaire, et jusqu'à 1 880 euros pour une liposuccion, soit environ deux mois de salaire.
Le bonus a aussi un effet dissuasif : une infirmière qui résilie son contrat avant terme doit rembourser sa chirurgie plastique. A contrario, au bout de trois ans, un renouvellement de contrat est récompensé par une nouvelle intervention plastique gratuite. Médecins et secrétaires peuvent bénéficier de l'offre.
Depuis le lancement de l'opération, la clinique n'a plus aucun problème de recrutement.