"Si quelqu'un tombe malade et s'absente du travail, tout le monde se demande s'il a été arrêté", affirme Mohammad, garagiste dans la localité de Marjayoun, à l'AFP.
"Deux gendarmes ont fait récemment irruption chez quelqu'un pour une simple contravention, et la rumeur qu'il est un collaborateur s'est répandue comme une traînée de poudre!" s'exclame-t-il.
Au total, 21 personnes ont été inculpées jusqu'à présent pour collaboration avec l'État hébreu, une "haute trahison" passible de la peine de mort au Liban, les deux pays étant techniquement toujours en état de guerre.
À Marjayoun, comme à Chebaa, à Nabatiyeh ou à Khiam, des villages du Liban sud, une atmosphère de suspicion règne, d'autant plus que cette région, occupée par Israël de 1978 à 2000, a connu un douloureux passé avec la présence de la milice libanaise pro-israélienne de l'ALS (Armée du Liban-Sud).
C'est à Marjayoun qu'était basé le QG de l'ALS, dirigé par le général Antoine Lahd, réfugié depuis neuf ans en Israël avec des centaines de collaborateurs.
Robert Kfoury était un jeune homme sans histoires, et sa famille jouissait d'une bonne réputation à Marjayoun. Jusqu'au jour de son arrestation en avril.
Du balcon de la maison de deux étages, sa femme refuse d'accueillir les journalistes. "Robert n'a rien à voir avec tout cela, ces accusations sont fallacieuses", dit-elle.
Mais l'arrestation de son époux a immédiatement suscité les interrogations des voisins. "Lors de la guerre de 2006 (entre Israël et le Hezbollah), tout le quartier a été détruit, sauf la maison de Robert. Quelle coïncidence!" lâche Noha Hammoud, 66 ans.
"Je peux comprendre que quelqu'un collabore avec l'ennemi sous l'occupation, mais après la libération, c'est inacceptable", affirme un autre voisin sous le couvert de l'anonymat.
Un peu plus au sud, à Qlaiaa, la maison d'Elie el-Hayek, qui s'est enfuit avec sa femme et trois enfants la semaine dernière en Israël, est fermée au cadenas après sa perquisition par les forces de sécurité.
Les voisins n'en reviennent pas.
"Elie a loué cette maison il y deux ans et demi. Il nous saluait et je conversais parfois avec sa femme Thérèse, mais toujours dans la rue", dit une habitante à l'AFP. "Personne n'a jamais douté de lui parce qu'il était handicapé".
La situation n'est pas sans agacer certains. "J'ai presque l'impression que cette histoire est inventée de toutes pièces", affirme Richard, commerçant de 38 ans. "Pourquoi maintenant? pendant neuf ans, ils n'ont rien découvert et soudain, les agents défilent devant nous".
Mais d'autres éprouvent de la colère.
À Ghandourieh, on ne parle que de Nasser Nader, l'enfant du pays devenu "traître no. 1". Selon la presse, il aurait fourni un grand nombre d'informations sur des personnalités et des positions du Hezbollah.
"Si cela s'avère vrai, je le renierai pour l'éternité", affirme son demi-frère Mohammad Nader, maire de la localité. "Il a traîné notre dignité dans la boue et je suis prêt à l'exécuter de mes propres mains!".
"Si quelqu'un tombe malade et s'absente du travail, tout le monde se demande s'il a été arrêté", affirme Mohammad, garagiste dans la localité de Marjayoun, à l'AFP.
"Deux gendarmes ont fait récemment irruption chez quelqu'un pour une simple contravention, et la rumeur qu'il est un collaborateur s'est répandue comme une traînée de poudre!" s'exclame-t-il.
Au total, 21 personnes ont été inculpées jusqu'à présent pour collaboration avec l'État hébreu, une "haute trahison" passible de la peine de mort au Liban, les deux pays étant techniquement toujours en état de guerre.
À Marjayoun, comme à Chebaa, à Nabatiyeh ou à Khiam, des villages du Liban sud, une atmosphère de suspicion...