Une problématique à laquelle ont tenté de répondre plusieurs journalistes, académiciens et membres actifs de la société civile, en présence et avec la contribution des ministres de l'Intérieur et de l'Information, Ziyad Baroud et Tarek Mitri.
Organisée par la Campagne civile pour la réforme électorale (CCER) et l'Agence nationale d'information, une table ronde s'est tenue hier sur le thème du « partenariat entre les médias et la société civile en vue de la réforme électorale ».
Au centre des discussions, l'expérience du Mexique qui a réussi au fil des ans à introduire des réformes draconiennes dans son système électoral et au niveau de l'éducation citoyenne. Passant ainsi d'une dictature confirmée à une véritable démocratie dotée d'institutions de contrôle du système électoral, le Mexique a pu relever un défi de taille en érigeant notamment un tribunal spécial pour les élections et une autorité indépendante chargée de gérer l'opération électorale. Ce processus de développement n'a pu se faire sans la contribution active des médias du pays, témoignent les intervenants.
Cependant, la problématique libanaise est d'autant plus complexe que le pays abrite une pluralité communautaire et couve une polarisation extrême, deux facteurs qui ont fini par ternir le travail journalistique. Ce n'est pourtant pas une raison pour que les médias abdiquent leur rôle d'avant-garde et de garde-fous, notamment celui de rehausser le débat politique en vigueur.
« Le journaliste doit concilier entre liberté, crédibilité et indépendance », dira M. Mitri, qui exhorte les gens du métier à respecter les règles de base de l'objectivité et à s'éloigner du jeu des provocations.
« La politique actuelle est en train de commettre un péché mortel, à savoir qu'elle n'a aucune vision à long terme. Elle consiste tout au plus en une action étroite confiée à des spécialistes en matière de circonscriptions électorales et de clientélisme, et non en idées intéressant le domaine public ou en formules de développement. Cette politique politicienne de court terme et ô combien dangereuse et inutile se vérifiera dans quelques semaines. » Cette citation, qui date de 1953 et reprise par M. Baroud, n'est autre que celle de Michel Chiha. Elle est toujours d'actualité.
« Rien n'a changé depuis, poursuit le ministre, sauf peut-être l'introduction de quelques réformes sur la couverture médiatique et les dépenses électorales. »
« Si cette expérience réussit, nous pourrons désormais entamer le chantier de la mise en place de la commission indépendante pour la supervision des élections », dit-il. « Or, cette expérience suppose la participation active de l'État, certes, mais aussi des médias », relève le ministre.
Plus amère, mais réaliste, l'intervention de notre confrère Nicolas Nassif, qui mettra l'accent sur le fait que nos institutions médiatiques font partie du conflit politique, « qui a d'ailleurs déteint sur l'ensemble des institutions de l'État », dit-il. Par conséquent, l'indépendance et l'objectivité du journaliste - qui n'est en définitive qu'un produit de cette société - dépendront en partie de la marge de liberté qui lui est accordée par son média. Elle est également condition des critères d'objectivité et de professionnalisme qu'il adoptera au cours de son investigation et de la transmission de son message.