La solidité du tissu industriel et sa capacité de réaction face à la crise sont déterminantes pour permettre aux entreprises de renouer avec la croissance. Il n'est plus à démontrer que le potentiel d'innovation et les possibilités d'exportation des firmes sont fortement liés à leur taille. En effet, une structure de petite taille possède des capacités de réaction rapide, mais se trouve souvent entravée par une pénurie de moyens, qu'ils soient techniques ou financiers. À l'inverse, un grand groupe présente d'évidentes ressources, qu'elles soient matérielles, humaines ou capitalistiques, mais se trouve confronté à une potentielle inertie due à son large périmètre. Mais entre la PME et le groupe industriel, où situer la zone de démarcation ? Et, sachant qu'aucune situation n'est parfaite, quelles tailles d'entreprise semblent favoriser le mieux l'innovation ?
Regardons en premier lieu comment s'apprécie la taille. La classification des entreprises repose essentiellement sur trois critères, qui sont l'effectif, le chiffre d'affaires et le total du bilan. Étant donné que ces critères ne convergent pas totalement, il est d'usage de privilégier l'effectif comme facteur principal. On distingue ainsi par ordre de taille les TPE (très petites entreprises) ou microentreprises, comprenant moins de 10 salariés, les PME de 10 à 499 salariés, les ETI (entreprises de taille intermédiaire), de 500 à 4 999 salariés, et les grandes entreprises, à partir de 5 000 salariés. Les seuils de chiffre d'affaires sont quant à eux beaucoup moins nets, en raison notamment de différences notables entre les secteurs d'activité. Ainsi, une entreprise affichant moins de 2 millions d'euros de chiffre d'affaires est une TPE, mais si elle atteint 15 millions, elle peut aussi bien être une TPE qu'une PME. De même, si elle se situe entre 50 millions et 1,5 milliard d'euros, elle peut être (rarement) une TPE, ou une PME, ou encore une ETI. Enfin, si elle dépasse 1,5 milliard, elle peut être (encore plus rarement) une TPE, une PME, ou, plus certainement, une ETI ou une grande entreprise. Enfin, suivant le total du bilan, les seuils se trouvent à 2 millions d'euros, 43 millions et 2 milliards.
Dans un second temps, observons l'importance des ETI dans le tissu industriel français. Elles représentent 10 % des firmes, pour près d'un tiers des effectifs et d'un tiers du chiffre d'affaires global. Leur propension à innover augmente avec leur taille, et parmi elles, la majeure partie de l'activité est réalisée par les firmes liées à un grand groupe. Celles-ci contribuent d'ailleurs en proportion autant que ces grands groupes à l'exportation et à la hausse de la productivité. Autre fait saillant, relevé par des études de l'Insee et du Sessi, les entreprises de plus de 250 salariés, PME ou ETI, sont les firmes les plus innovatrices en termes de technologie et de produits, presque à égalité avec les grandes entreprises.
Entre la multitude des petites et moyennes entreprises, et les quelques grands groupes dont l'internationalisation n'est plus à faire, le tissu industriel doit donc renforcer sa continuité et sa résistance en renforçant ce chaînon parfois trop rare qu'est l'entreprise de taille intermédiaire. Et n'oublions pas que ce type de structure a expliqué une partie des bons résultats de l'Allemagne à l'exportation depuis plusieurs décennies, quels que soient les aléas conjoncturels.
* Spécialiste de finance à l'Université de Poitiers, professeur à l'ESA
En coopération avec : ESA