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Moyen Orient et Monde - Portrait

Zahra Rahnavard, l’épouse de Moussavi, s’affiche sur la scène politique

Elles sont toujours invisibles dans la République islamique d'Iran, mais Zahra Rahnavard, l'épouse du candidat conservateur modéré à la présidentielle Mir Hossein Moussavi, est l'exception qui confirme la règle. Si l'ex-Premier ministre l'emporte au scrutin du 12 juin, le pays aurait pour la première fois une « Première dame » sur la scène politique.
Même si elles ont joué un rôle dans la révolution de 1979, les femmes des politiciens iraniens n'y ont pas gagné grand-chose en termes de visibilité. Personne ne sait vraiment à quoi ressemblent les épouses des dignitaires du régime. Même celle de l'ex-président Mohammad Khatami, un religieux réformateur, s'abstenait de paraître dans ses déplacements à l'étranger.
Mais avec une carrière académique et artistique prolifique, Mme Rahnavard n'est pas une inconnue, surtout pour toutes celles qui sont passées par l'université féminine al-Zahra de Téhéran, dont elle a été le doyen pendant huit ans. Elle est souvent aux côtés de son mari depuis qu'il a annoncé sa candidature, et en a profité pour critiquer vertement le sort réservé aux femmes dans la société, particulièrement sous la présidence de l'ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad. Elle défend l'égalité des droits pour ses consœurs, demande qu'elles aient leur place dans l'économie et un changement des lois jugées discriminatoires à leur encontre. Si elle paraît en public vêtue du traditionnel tchador noir, on devine dessous un voile coloré sur les cheveux et des vêtements chamarrés. Elle sourit aussi ouvertement aux caméras avec un maquillage bien visible.
Mère de trois enfants et sculptrice à ses heures, Mme Rahnavard, 64 ans, goûte aussi la musique rap et son accessoire favori est une besace brodée de motifs tribaux iraniens. L'épouse de M. Moussavi a critiqué à plusieurs reprises les opérations de police contre les femmes « mal voilées », particulièrement ces dernières années, comme étant « la forme la plus laide et la plus grossière de condescendance envers les femmes ». En 2005, peu après l'élection de M. Ahmadinejad, elle avait invité dans son université la lauréate iranienne du prix Nobel de la paix Shirin Ebadi. Les milieux conservateurs, qui lui reprochent ses critiques sur les droits de l'homme en Iran, avaient pris cette invitation comme une provocation. Mme Rahnavard était remplacée à son poste de doyenne moins d'un an plus tard.
Sa rencontre avec M. Moussavi remonte à 1969, lors d'un vernissage de peinture de ce dernier. Ils partageaient alors une passion commune pour les arts et une franche opposition au régime du chah d'Iran. Mme Rahnavard quitta le pays en 1976, alors que la pression contre les milieux intellectuels s'intensifiait, et revint en Iran juste avant la victoire des révolutionnaires. Titulaire d'un doctorat en sciences politiques, elle a servi en tant que conseiller du président Khatami (1997-2005). Elle est aussi l'auteur de plusieurs ouvrages sur les arts et la politique. Une photo récente du couple se tenant la main à la sortie d'un meeting politique circule sur l'Internet. Un geste public d'affection bien reçu parmi les réformateurs, mais qui irrite profondément les conservateurs.
Mme Rahnavard s'est défendue dans une interview à l'hebdomadaire pour la jeunesse Chelcheragh en arguant qu'il est « parfaitement normal, naturel, raisonnable et conforme à la religion » pour l'épouse d'un président d'avoir un rôle public aux côtés de son époux.
Elles sont toujours invisibles dans la République islamique d'Iran, mais Zahra Rahnavard, l'épouse du candidat conservateur modéré à la présidentielle Mir Hossein Moussavi, est l'exception qui confirme la règle. Si l'ex-Premier ministre l'emporte au scrutin du 12 juin, le pays aurait pour la première fois une « Première dame » sur la scène politique.Même si elles ont joué un rôle dans la révolution de 1979, les femmes des politiciens iraniens n'y ont pas gagné grand-chose en termes de visibilité. Personne ne sait vraiment à quoi ressemblent les épouses des dignitaires du régime. Même celle de l'ex-président Mohammad Khatami, un religieux réformateur, s'abstenait de...
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