Cependant, des émissaires, qui ont relié ces derniers temps certains cadres du 8 Mars à Baabda, ont découvert que l'opposition a été induite en erreur, fondant sa réaction sur des informations tronquées, qui lui ont été livrées à dessein. À partir de ce matériau défectueux, beaucoup se sont égarés dans des analyses fantaisistes.
Le tir peut-il être encore corrigé ? Les professionnels en doutent. Parce que la campagne a été trop loin, ce qui rend une rétractation trop coûteuse électoralement, à deux doigts des législatives. Mais aussi parce que, avec ou sans fausses rumeurs, il est plus que probable que l'opposition, toujours dans le contexte électoral, avait besoin, si l'on peut dire, de s'en prendre au président. D'autant que les loyalistes continuent à se tenir résolument à ses côtés.
Il est de même douteux que le leader du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, ait basé ses virulentes attaques de vendredi sur des on-dit. Quand il martèle qu'il est en mesure de gouverner un pays plus grand que le Liban, quand il glorifie le 7 mai, quand il menace de le rééditer, c'est finalement à l'État de droit, à l'autorité légale qu'incarne la présidence qu'il s'en prend. Plus encore qu'au Courant du futur auquel il s'adresse.
L'ancien ministre Sleimane Frangié vise directement Baabda, pour sa part, en soutenant que le président s'immisce dans le processus électoral. Il l'invite à rester neutre, à ne plus s'aligner sur le 14 Mars, pour conclure que « nous ne laisserons pas nous imposer quoi que cela soit ». Quant au général Michel Aoun, il continue à tirer à boulets rouges sur le projet de bloc centriste. Il y voit un coup de Jarnac visant à l'affaiblir, en lui dérobant des strapontins en montagne. En gros, les prosyriens ne cachent pas que leur objectif est d'empêcher le 14 Mars de garder les rênes en parachevant sa jonction avec Baabda. Ils soutiennent que ce camp ayant échoué, il est temps qu'ils le remplacent au pouvoir.
Objectivement, l'offensive des prosyriens contre la présidence de la République s'inscrit essentiellement comme l'une des mesures prophylactiques qu'impose la campagne électorale. Il s'agit d'augmenter la pression sur Baabda pour l'empêcher de se rapprocher du 14 Mars. En même temps, il faut paver la voie à ce qu'il conviendrait de faire en cas de victoire des loyalistes. Tout cela dans un contexte régional encore flottant qui donne encore plus de poids à l'échéance libanaise aux yeux des parties qui se servent de la scène locale comme carte de pression. En utilisant les élections, à travers leurs instruments du cru, pour faire parvenir des messages déterminés à Washington, à l'orée de la tournée régionale d'Obama.