Même si la grande majorité des quelque 1 450 000 déplacés enregistrés ces trois dernières semaines s'est égaillée dans ses familles ou chez des proches dans tout le reste du pays, des dizaines de milliers sont venus s'abriter dans des camps dressés à la hâte à la lisière des zones de combats.
Il faudra fournir à manger à quelque deux millions de personnes au moins jusqu'en septembre, estime Dominique Frankefort, coordinateur au Pakistan du Programme alimentaire mondial (PAM) de l'ONU. « On gère au jour le jour, si vous avez 200 000 déplacés de plus par jour, on ne peut les nourrir immédiatement », plaide-t-il, évoquant une « aide extrêmement faible du gouvernement ». Son organisation dispose d'assez d'argent pour nourrir les déplacés jusqu'à juillet seulement.
« On se bat et on prélève des fonds sur d'autres programmes », dit-il.
Le Premier ministre Gilani a jugé hier que son pays se battait sur « deux fronts : militaire (...) et humanitaire ». Car la crise des déplacés enfle au moment où l'on voit mal quand et comment l'offensive militaire pourrait prendre fin. L'armée assure avoir entamé il y a deux jours seulement sa campagne au sol, dans certains bourgs du nord du district de Swat, après s'être contentée de bombarder intensivement trois semaines durant, n'épargnant pas de nombreux civils selon des témoignages de rescapés et des organisations des droits de l'homme.