En présence de l'ancien ministre Michel Eddé, du directeur général des Antiquités, Frédéric Husseini, de celui du ministère de la Culture, Omar Halablab, de la directrice du musée de l'Université américaine de Beyrouth, Leila Badr, de Hareth Boustany, Randa Daouk, Rima Schéhadé et Hayyan Haïdar, le ministre de la Culture, Tammam Salam, et la présidente de la Fondation nationale du patrimoine, Mona Hraoui, ont donné, hier, une conférence de presse conjointe pour annoncer le programme de la Journée nationale du patrimoine. Déterminé à poursuivre la mobilisation en faveur de la protection et de la promotion de l'héritage historique, le ministre Salam a souligné que dans le cadre des clivages qui divisent le pays et des parties de ping-pong verbales qui font monter les tensions politiques, il faudrait plus que jamais profiter de cet évènement annuel pour sensibiliser les citoyens, et particulièrement les jeunes, à leurs richesses historiques. « Le patrimoine, commun, constitue un outil de cohésion sociale, trésor unique pour les Libanais », a-t-il dit, indiquant qu'à l'occasion des Journées nationales, le public pourra visiter gratuitement les musées et les sites archéologiques du pays ; les jardins de Lady Yvonne Cochrane, le palais Linda Sursock, ainsi qu'un circuit touristique, au centre-ville, autour de cinq monuments : la municipalité de Beyrouth, l'église Saint-Georges des grecs-orthodoxes, l'église Saint-Georges des maronites, la mosquée al-Omari et la mosquée émir Assaf.
Rappelant la célèbre maxime « sans passé, il n'y a pas d'avenir », Mme Hraoui a tout d'abord exposé le programme d'aujourdhui mercredi, élaboré avec le musée national de Beyrouth et qui comprend des visites guidées au sein du musée, la projection du film Baalitto produit par Bahige Hojeij et, en référence à « Beyrouth, capitale du livre », la signature de quatre ouvrages spécialisés pour enfants : Le guide du musée pour les adolescents et Le Liban de A à Z, de Nina Jidéjian ; Histoire illustrée du Liban, de Nayla de Freige et Le petit livre de l'alphabet, d'Anne-Marie Affeiche. À cette occasion, 60 élèves, de huit à douze ans, choisis dans quatre établissements scolaires de Beyrouth, recevront en cadeau les ouvrages dédicacés par les auteurs et participeront à des ateliers qui leur permettront d'apprendre le processus de création de la poterie et de la mosaïque. Les travaux sélectionnés seront exposés dans des vitrines à l'entrée du musée, tout le mois de juin.
À l'Unesco, Aftimos et l'immeuble Barakat
Né à Deir el-Kamar, Youssef Afendi Aftimos (1866-1952), premier à occuper le poste de ministre des Travaux publics au Liban, s'exposera, après-demain, jeudi 21, à l'Unesco où sera projeté un film documentaire retraçant sa carrière professionnelle, à Chicago, au Caire, à Damas et au Liban. Nous y reviendrons plus longuement sur ce documentaire réalisé, à l'initiative de Nora Joumblatt et Nayla Kunig, par Andrew Hachem et Nadine Doud.
Figure exceptionnelle, Aftimos a aussi participé avec Fouad Kozah à l'édification du fameux immeuble Barakat. Situé au carrefour de Sodeco, sur l'ancienne ligne de démarcation, le bâtiment a été sérieusement endommagé durant la guerre et menacé de démolition par ses propriétaires. Mais les défenseurs du patrimoine, notamment l'APSAD et l'architecte Mona Hallak, ont réussi à empêcher sa disparition et ont œuvré pour sa reconversion en musée de la guerre, après son expropriation par la municipalité de Beyrouth. Une réflexion est en cours avec la ville de Paris à ce sujet. Dans le cadre des Journées nationales du patrimoine, ce bâtiment, témoin de la violence des combats, fait l'objet d'une grande installation où Nada Zeineh et Youssef Haïdar mettent en scène les francs-tireurs, les matériaux et les objets abandonnés au milieu des ruines et recueillis par Mona Hallak. L'éclairage est signé Roger Bakhos. La musique, Paul Matar. Cette manifestation intitulée « Bâtiment atemporel » se tiendra du 21 au 30 mai, à l'Unesco.