Ce spectacle a déjà été présenté avec succès à Dubaï à plus d'une reprise, comme nous l'explique sœur Patrice Moussallem, directrice de l'institut. Elle ajoute que l'idée de faire un spectacle est née de l'éducation même des enfants sourds telle que pratiquée à l'Institut Père Roberts. « Nous commençons en bas âge à leur faire sentir le rythme sur une estrade vibrateur, dit-elle. Nous employons cette technique pour améliorer leur diction, leur façon de marcher... Ça les aide à mieux sentir les choses, à acquérir les règles du savoir-vivre, et ça fait partie de l'éducation qui leur permet de profiter de ce qui reste de leur capacité auditive. »
L'idée d'organiser un spectacle pour le grand public est elle aussi venue des élèves. « Plusieurs de nos jeunes voulaient apprendre à danser pour être en mesure de le faire quand ils sortent avec leurs amis, explique sœur Patrice. Nous leur avons offert cette formation. Puis une offre nous est parvenue de Dubaï, et le spectacle a été un succès. C'était en 2006. Le premier spectacle était composé d'une série de tableaux inspirés des cultures du monde. Le second est différent, il s'agit d'une seule trame. »
Les oiseaux de l'espoir, une pièce qui regroupe une quarantaine d'interprètes parmi les jeunes de l'institut (actuels ou anciens), a été créée par Joseph Abi Daher, et la musique composée par Maroun Abou Diwan et Dany Abi Khalil. La chanteuse Joumana Medawar y interprète trois airs, et l'acteur Ziyad Saïd y joue le rôle de narrateur. Le spectacle est présenté par Rima Rahmé Makhlouf. Les chorégraphes et metteurs en scène sont Lucie Awad et Sonia Moussa. Les costumes ont été confectionnés par Sonia Moussa et Souad Challita. La salle a été offerte pour les deux représentations par le Casino du Liban, les fleurs par Exotica et l'événement sera couvert par Télé-Lumière.
La musique et la confiance en soi
L'intérêt d'un tel spectacle pour les jeunes sourds de l'Institut Père Roberts est immense et multiple. « Cette expérience est extraordinaire pour eux, explique sœur Patrice. Elle leur fait sentir qu'ils sont valorisés par le public, et celui-ci leur renvoie une image positive d'eux-mêmes. Ce qu'ils font est réellement impressionnant : une quarantaine de malentendants sur scène, qui suivent le rythme ensemble. Désormais, ils ne se sentent plus comme des personnes handicapées, mais simplement différentes. Notre espoir, c'est que le regard de la société change également envers ces jeunes. Pourquoi devons-nous toujours juger les gens pour ce qu'ils n'ont pas, et non pas pour ce qu'ils sont capables de faire ? »
La directrice de l'institut affirme que l'éducation fournie par l'institution vise à donner aux jeunes malentendants confiance en eux-mêmes et dans leurs capacités, soulignant fièrement que plusieurs d'entre eux ont été admis récemment à l'université, ce qui n'était pas le cas il y a quelques années. Elle précise par ailleurs que « le concept de sourd-muet est devenu complètement désuet ; ces jeunes acquièrent l'art du langage, et ils ont par ailleurs leur langue à eux, qui est le langage des signes ».
Le spectacle donné par les jeunes de l'Institut Père Roberts est à ne pas rater. Il y aura deux seules représentations aujourd'hui au théâtre du Casino du Liban, l'une à 10h et l'autre à 19h. Pour tout renseignement, prière contacter le 09-233590, ou le 03-241863. Les bénéfices iront à l'institut, qui prend en charge les élèves gratuitement.