Quittant vendredi Brasilia pour l'Arabie saoudite, la Chine et la Turquie, M. Lula avait déclaré qu'il considérait cette tournée comme « l'une des plus importantes » de ses deux mandats depuis 2003 « pour défendre un nouvel ordre économique et une nouvelle politique commerciale dans le monde ».
Le volet chinois est lui-même le plus crucial de la tournée de Lula alors que la Chine, troisième économie mondiale, est devenue le premier partenaire commercial du Brésil.
Durant sa visite d'État de trois jours en Chine, le président brésilien doit rencontrer son homologue Hu Jintao - qu'il a vu début avril au sommet du G20 de Londres - et d'autres hauts dirigeants chinois afin de consolider le dialogue politique et stratégique entre les deux géants latino-américain et asiatique.
MM. Lula et Hu, qui ont dîné ensemble lundi soir avant de s'entretenir aujourd'hui et de signer divers accords de coopération, doivent évoquer une proposition du chef de l'État brésilien d'effectuer les échanges commerciaux dans la monnaie des deux pays, contournant ainsi le dollar.
Le partenariat stratégique établi entre le Brésil et la Chine en 1993 pourrait « mener à un nouveau paysage mondial sur le plan économique, scientifique et commercial au XXIe siècle », a déclaré hier Lula à l'agence Chine nouvelle.
Pour Jiang Shixue, vice-président de l'Association chinoise des études latino-américaines, Lula pourrait poursuivre les discussions sur la lancée du G20 qui a mis en exergue la nécessité d'une coopération mondiale pour parvenir au retour la croissance et le poids accru des pays émergents. « Lula pourrait vouloir discuter d'une réforme de l'ordre financier international et de la promotion du rôle des pays en développement, sur lesquels les deux pays devraient avoir des positions communes », dit l'expert.
Le Brésil et la Chine constituent avec l'Inde et la Russie le groupe des grands pays émergents dit des BRIC.
Lula, à la tête de sa délégation de 240 hommes d'affaires, doit défendre les intérêts brésiliens dans le pétrole, l'aéronautique et la technologie des biocarburants automobiles.
La compagnie pétrolière d'État Petrobras « est intéressée par l'exploration en eaux profondes », a indiqué la semaine dernière le ministre du Commerce et de l'Industrie Miguel Jorge. Il a aussi souligné que le Brésil souhaitait vendre à la Chine 25 appareils de l'avionneur Embraer et encourager la vente de viande bovine, porcine et aviaire.
Signe des liens étroits entre les deux grands pays émergents, la Chine est devenue pour la première fois, à la faveur de la crise mondiale, le premier partenaire commercial du Brésil, devant les États-Unis.
Au cours des quatre premiers mois de 2009, les exportations brésiliennes vers la Chine - essentiellement du minerai de fer et du soja - ont augmenté de 64,7 % passant à 5,6 milliards de dollars. Les importations de produits chinois ont en revanche chuté de 17,2% à 4,6 milliards USD.
« La relation que la Chine a avec le Brésil est plus complémentaire que celles qu'elle a avec aucun autre pays latino-américain », dit M. Jiang. La Chine, en pleine diversification de ses sources d'approvisionnement en matières premières, est très intéressée par les échanges avec le Brésil dans ce secteur.