Le pèlerinage géant de La Mecque pourrait gravement compliquer la gestion de la grippe porcine si le virus continue à constituer une menace lors du hajj en novembre, ont averti des spécialistes lors d'un congrès médical organisé à Helsinki.
"Imaginez, vous avez un virus qui commence à se transmettre à travers le monde, vous rassemblez des gens de tous les pays, vous les mettez ensemble pendant deux semaines, et vous renvoyez tout le monde à la maison", a déclaré Albert Osterhaus, un virologue réputé de l'université de Rotterdam.
"S'il y a un mécanisme par lequel vous voulez qu'un virus se répande, c'est celui-là", a-t-il dit.
Le plus important rassemblement mondial, qui doit avoir lieu cette année entre le 25 et le 28 novembre, a réuni l'an dernier plus de 2,5 millions de personnes dans la ville sainte de l'islam.
Et ce n'est pas le genre d'événement qui s'annule, a relevé Andreas Voess, professeur au centre médical de l'Université de Nimègue, aux Pays-Bas.
"Le hajj aura lieu, ce n'est pas comme un concert de Pink Floyd, où vous pouvez dire: 'On n'a pas besoin d'un concert'. Il sera maintenu, c'est sûr", a-t-il dit à l'AFP lors du 19e Congrès européen de microbiologie clinique et des maladies infectieuses (CEMCMI) à Helsinki, qui dure jusqu'à mardi.
Les experts interrogés par l'AFP ont mis en garde contre toute forme d'alarmisme mais ont poussé les organisateurs du pèlerinage à commencer à envisager des plans de secours.
"Je pense que les autorités sanitaires là-bas, avec l'assistance de l'OMS et d'autres, vont devoir réfléchir à ce qu'il faut faire, comment informer les gens", a souligné M. Voess.
"Ils doivent être préparés, et ils doivent commencer à y réfléchir maintenant et pas lorsqu'ils auront le premier pèlerin atteint de la grippe. C'est vraiment nécessaire", a-t-il insisté.
Mais les scientifiques eux-mêmes reconnaissent qu'il ne savent pas ce qui va advenir du virus dans les mois à venir, ce qui crée un dilemme pour les autorités qui veulent protéger le pèlerinage de La Mecque.
"Nous ne pouvons pas prédire ce qu'il en sera à ce moment-là, le virus pourrait être ravageur, il pourrait ne pas l'être, il pourrait disparaître", a souligné M. Osterhaus, un des meilleurs experts européens en virologie, qui dirige le centre médical Erasmus à Rotterdam.
Pentti Huovinen, professeur de microbiologie clinique à l'Institut finlandais de la santé publique, a souligné que la difficulté était de trouver un juste milieu entre "l'importance de la religion et la menace de la maladie".
"C'est une question à laquelle nous ne pouvons pas répondre facilement", a-t-il remarqué.
Depuis la première alerte à la grippe A(H1N1) au Mexique le 24 avril, plus de 8.800 personnes sont tombées malades dans le monde, principalement en Amérique du Nord, et 74 sont mortes, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
La souche virale est pour l'instant considérée comme relativement peu virulente.
Même si s'agit d'une nouvelle combinaison génétique face à laquelle les humains ne semblent pas être immunisés, le virus dans sa forme actuelle est à peine plus contagieux et virulent que la grippe normale - dite "saisonnière" - qui fait entre 250.000 et 500.000 morts chaque année.
Mais les experts redoutent une mutation génétique qui pourraient en faire un tueur redoutable, semblable à la grippe espagnole de 1918-1919, qui avait fait près de 50 millions de morts.
"Imaginez, vous avez un virus qui commence à se transmettre à travers le monde, vous rassemblez des gens de tous les pays, vous les mettez ensemble pendant deux semaines, et vous renvoyez tout le monde à la maison", a déclaré Albert Osterhaus, un virologue réputé de l'université de Rotterdam.
"S'il y a un mécanisme par lequel vous voulez qu'un virus se répande, c'est celui-là", a-t-il dit.
Le plus important rassemblement mondial, qui doit avoir lieu cette année...