Les milieux diplomatiques et politiques libanais veulent aussi connaître l'influence que peut avoir le nouveau locataire de la Maison-Blanche sur le gouvernement israélien actuel, qui est l'un des plus radicaux de l'histoire de ce pays. Pour le Liban, en plus des deux premiers dossiers qui ont une incidence certaine sur sa situation interne, il s'agit aussi de connaître les intentions israéliennes au sujet du Hezbollah. Le gouvernement israélien envisagerait peut-être une nouvelle attaque pour prendre la revanche de 2006, auquel cas il faudrait guetter les réactions de l'administration américaine à des projets de ce genre. D'autant qu'Israël n'a pas encore exécuté la part qui lui incombe dans la résolution 1701, notamment au sujet du retrait de ses troupes de la partie libanaise du village de Ghajar et de l'arrêt des violations israéliennes de la souveraineté libanaise.
Les milieux politiques et diplomatiques libanais souhaiteraient connaître aussi la vision américaine de la paix dans la région. Tout en sachant que celle-ci sera dévoilée par Barack Obama au cours de sa visite en Égypte le 4 juin, le Liban espère avoir en primeur quelques éléments à l'issue de l'entretien entre le locataire de la Maison-Blanche et le Premier ministre israélien. À travers cet entretien, les contours de la prochaine étape dans la région pourraient se préciser : Obama est-il en mesure d'exercer de réelles pressions sur le gouvernement israélien pour donner une nouvelle impulsion au processus de paix, notamment sur les volets palestinien, syrien et libanais ; ou bien se contentera-t-il d'exposer son point de vue et de laisser faire Israël, ses propres priorités étant ailleurs ? Il est clair jusqu'à présent que le Premier ministre israélien ne veut plus entendre parler du processus d'Annapolis, estimant qu'il a montré ses limites. Il rejette aussi l'idée des deux États, menaçant de revenir à ce qu'on appelle l'option jordanienne, et plaçant une attaque contre l'Iran en tête de ses priorités.
Dans un contexte où les divergences sont nombreuses et profondes, la rencontre d'aujourd'hui risque d'être animée et en tout cas donnera le pouls des relations entre les Israéliens et les Américains avec les changements à la tête des deux pays. La question qui se pose aussi est la suivante : Netanyahu osera-t-il s'opposer ouvertement à un président américain fraîchement élu et qui jouit d'une grande popularité dans son pays et dans le monde ?