Il a qualifié le Premier ministre israélien de droite, Benjamin Netanyahu, d' « homme politique pragmatique » et indiqué avoir dit à M. Assad qu'il fallait être patient vis-à-vis du nouveau gouvernement israélien pour une reprise des négociations.
Le président turc est accompagné, pour cette visite, de son ministre des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, ancien conseiller du chef du gouvernement islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan et principal initiateur du dynamisme diplomatique d'Ankara, du Proche-Orient à l'Union européenne.
Recevant le président Gül, le président syrien Bachar el-Assad s'est déclaré vendredi soir prêt à reprendre des négociations indirectes avec Israël, tout en imputant à l'État hébreu la responsabilité du blocage. « La paix est une option stratégique. Nous allons poursuivre avec la Turquie notre dialogue sur la paix. Nous pourrons en discuter avec d'autres pays, les États-Unis par exemple, car soutenir le processus de paix est une chose importante, pour nous et pour la Turquie », a-t-il affirmé. « Nous ne pouvons pas parler de date, il n'y a pas de partenaire. Lorsque le partenaire sera (prêt), nous pouvons alors fixer une date pour reprendre les négociations de paix », a-t-il ajouté.
Le vice-ministre israélien des Affaires étrangères, Danny Ayalon, a d'ailleurs accusé le président syrien de mentir. « C'est un menteur qui ne veut pas la paix, car pour avoir la paix, il faut en payer le prix : la normalisation et l'ouverture, et cela risque d'ébranler son régime », a-t-il déclaré, cité samedi par le journal en ligne Y-Net. « C'est un tyran qui cherche uniquement à sortir de l'isolement et à soulager les pressions de la communauté internationale », a-t-il ajouté.
Les pourparlers indirects entre la Syrie et Israël ont été suspendus fin 2008 avec l'offensive meurtrière de l'armée israélienne à Gaza. Pays musulman, mais État laïque, la Turquie est le principal allié régional d'Israël, et elle a amélioré ces dernières années ses relations avec la Syrie. Cette visite de M. Gül s'inscrit dans le cadre de la diplomatie très active menée par la Turquie sur ses frontières.
Outre la Syrie, la diplomatie turque porte l'effort sur l'Irak, où le président Gül a effectué en mars la première visite d'un chef d'État turc en 33 ans. M. Gül a obtenu la promesse des autorités irakiennes de contraindre les séparatistes kurdes de Turquie à déposer les armes ou quitter leurs bases arrière du nord de l'Irak.
Concernant un autre pays limitrophe, l'Arménie, de sérieuses avancées ont été enregistrées ces derniers mois alors que la Turquie et l'Arménie ont annoncé en avril une « feuille de route » pour normaliser leurs relations, avec les encouragements de Washington.
« En améliorant leurs relations avec leurs voisins, les Turcs espèrent des bénéfices économiques et politiques. Mais pour eux, c'est aussi une façon de se tourner vers l'Europe », autre grand volet de la diplomatie turque, estime Jean Marcou, chercheur à Istanbul et spécialiste de la Turquie.
« C'est une manière de dire : si vous nous acceptez (dans l'Union européenne), nous pourrons vous rendre des services dans tous ces pays », ajoute-t-il.