Le chef du gouvernement israélien devrait proposer une nouvelle approche du problème palestinien, refusant d'endosser la création d'un État palestinien réellement souverain et qui coexiste avec Israël. Un proche de Benjamin Netanyahu, le député du Likoud Ophir Akunis, a ainsi assuré samedi que le Premier ministre « ne s'engagera pas à Washington à la création d'un État palestinien qui sera voué à devenir un Hamastan ». Le ministre de l'Environnement Gilad Erdan, un autre proche du Premier ministre, a également réaffirmé à la radio publique le refus du gouvernement d'accepter dans l'état actuel des choses la création d'un État palestinien souverain, exigeant « au préalable que les Palestiniens reconnaissent Israël comme État du peuple juif ». Barack Obama, de son côté, insiste sur une « solution à deux États » pour résoudre le conflit israélo-palestinien.
Benjamin Netanyahu entend, par ailleurs, poursuivre la politique d'agrandissement des implantations existantes, alors que l'administration Obama voudrait le voir mettre fin aux constructions dans les colonies juives de Cisjordanie occupée. M. Netanyahu entend, enfin, donner la priorité à la menace que représente pour Israël le programme nucléaire iranien, alors que Washington veut laisser le temps à sa diplomatie d'ouverture en direction de l'Iran. Hier, les responsables israéliens minimisaient néanmoins les divergences éventuelles entre Barack Obama et Benjamin Netanyahu. « Si nous mettons en avant un nouveau plan, les Américains ne vont pas le rejeter, s'ils pensent qu'il peut aider leur politique », a déclaré un haut conseiller israélien à l'AFP au cours du voyage à Washington. « Il va de soi que la rencontre ne débouchera pas sur une confrontation, à cause des liens d'amitié profonds entre nos deux pays et compte tenu de leurs intérêts politiques et sécuritaires communs », avait également déclaré le ministre de l'Environnement Gilad Erdan. « Je ne m'attends pas à ce que la rencontre soit aussi conflictuelle que vous le suggérez », a également déclaré à la presse le porte-parole de M. Obama, Robert Gibbs. Pour l'expert Aaron David Miller, interrogé par l'AFP, il n'y a pas de risque de confrontation entre Américains et Israéliens. Israël, estime-t-il, peut au moins donner du temps à l'administration Obama pour obtenir de Téhéran des engagements sur la fin de son programme d'enrichissement de l'uranium.
L'opposition israélienne mettait toutefois en garde hier contre le risque - même s'il n'est pas imminent - d'une crise de confiance. Un dirigeant du parti centriste Kadima, Haïm Ramon, soulignait ainsi le risque de « crise politique majeure à terme entre Israël et les États Unis et l'Europe » si M. Netanyahu « s'obstine à refuser une solution du conflit basée sur deux États ».
« La lune de miel est bien finie »
La presse israélienne s'inquiétait, pour sa part, de l'étendue des désaccords entre le gouvernement Netanyahu et l'administration Obama. « La lune de miel entre Israël et les États-Unis est bien finie », estimait le quotidien à grand tirage Yediot Aharonot, selon lequel « il faut être sourd et aveugle pour ne pas saisir la portée des messages qui proviennent de Washington ». Pour le quotidien Maariv (populaire), « jamais depuis que Yitzhak Shamir était chef de gouvernement, un Premier ministre israélien n'est arrivé à Washington dans un climat aussi lourd », une référence aux rapports tendus du chef du gouvernement de droite en Israël au début des années 1990 avec Washington.
De son côté, la presse américaine rappelait cette semaine que la dernière rencontre de M. Netanyahu en tant que Premier ministre avec un président américain remontait à 1996 avec le président Bill Clinton et que cela s'était mal passé. « M. Netanyahu avait fait la leçon au président Bill Clinton sur les relations israélo-arabes, se souviennent des conseillers, provoquant chez M. Clinton une explosion de colère après le départ de son invité », a écrit le New York Times en notant toutefois que le chef du gouvernement israélien devrait éviter de tenir le même discours avec M. Obama.