Vengeance, 5e film de Johnnie To présenté à Cannes, fait partie des longs métrages les plus attendus avec Antichrist du Danois Lars von Trier aujourd'hui, Les étreintes brisées de l'Espagnol Pedro Almodovar demain et Inglourious basterds, de l'Américain Quentin Tarantino mercredi.
Au 5e jour du festival, Un prophète de Jacques Audiard était le film le plus apprécié des critiques internationaux interrogés par le magazine professionnel Screen, parmi les six en lice pour la Palme déjà dévoilés. Vengeance, timidement applaudi par la presse le matin, marque la rencontre inédite entre le virtuose cinéaste hongkongais Johnnie To et l'icône française Johnny Hallyday qui n'avait jamais tourné en anglais. « C'était la première fois que j'allais en Chine, j'étais complètement perdu. Personne ne me comprenait. Cela m'a beaucoup aidé pour le film », a expliqué ce dernier. Johnny campe un ancien tueur à gages français, devenu chef d'un restaurant à Paris, qui débarque à Macao puis Hong Kong pour venger le massacre de la famille de sa fille (Sylvie Testud). Costello, qui emprunte son imperméable noir et son nom au héros joué par Alain Delon dans Le samouraï de Melville dont To et Hallyday sont fans, déambule seul entre de longues allées de néons ou dans les couloirs aseptisés d'un hôtel où Kwai (formidable Anthony Wong, un des acteurs fétiches de To) et ses deux acolytes, tueurs à gages, ont abattu la maîtresse infidèle de leur patron. Obsédé par la vengeance, Costello les engage. Lors d'un déjeuner improvisé dans la maison de sa fille, aux murs encore rougis de sang, leur complicité est scellée dans un duel, les yeux bandés, de démontage-remontage de revolvers. Le Hongkongais joue d'une froide lumière bleutée pour mettre en valeur les yeux d'Hallyday, « qui à eux seuls portent tellement d'histoires », insiste un To fasciné, dans un entretien à l'AFP. Le cinéaste a chorégraphié des scènes de fusillade d'un lyrisme étonnant, notamment dans les bois, avec une lune qui joue à cache-cache, à l'image des personnages. Ou dans une décharge fouettée par le vent, où les tueurs s'affrontent dans une ronde, poussant des ballots de papiers à recycler leur servant de boucliers.
Samedi à Cannes, Sophie Marceau et Monica Bellucci, icônes du glamour, ont changé de registre en faisant l'affiche de Ne te retourne pas, un film psychologico-fantastique signé de la jeune cinéaste Marina de Van, projeté en séance de minuit et hors compétition. Le long métrage, deuxième opus de la coscénariste de Sous le sable et Huit femmes de François Ozon, a été accueilli en projection de presse par quelques huées, quelques applaudissements et un grand silence perplexe. Monica Bellucci a rappelé lors d'une conférence de presse avoir vécu des réactions très négatives lors de la présentation d'Irréversible de Gaspard Noé à Cannes en 2002. « Du coup, si j'écoutais ce que les gens et les journalistes disent, je ne ferais pas de cinéma », a-t-elle ajouté. « Je voulais que le spectateur pleure, soit ému et, pour être franche, qu'il m'aime moi, par ce que j'exprime », a de son côté affirmé la jeune réalisatrice de 38 ans aux allures vaguement punk. « C'est mon histoire dont il s'agit, j'ai envie d'être aimée pour ça », dit-elle, sans plus de précisions. La cinéaste a réalisé en 2002 un premier long métrage très remarqué, Dans ma peau, où elle incarne une jeune femme qui prend plaisir à s'automutiler. Aujourd'hui, Marina de Van « n'a aucun projet. Je réfléchis », dit-elle.