Quelques jours plus tard, et à quelques instants du démarrage de cette nouvelle édition de Nhar Bé Salleh, les bulles s'étaient comme envolées pour venir se déposer le long du chemin menant aux ateliers des artistes. Il suffisait de les suivre, indices déposés au sol par le Petit Poucet Samer el-Ameen, qui a « habillé » encore une fois l'évènement de paniers et de rubans, pour arriver à destination. Rouge, même dans les bandes de tissus suspendues aux fenêtres, pour Rabih Keyrouz et Sarah's Bag, bleu pour Nada Zeineh et Hubert Fattal, vert foncé pour Fulvio Codsi, Flavia Codsi et Jean-Marc Nahas, vert clair pour Material Girl for Gueule de Bois et Samandal, mauve pour Mac Design et lilas pour Mary Lynn Massoud et Rasha Nawam et Zoé Productions.
Comme en 2008, et pour maintenir un esprit qui avait fait du premier essai une très belle « fête entre amis », et ils étaient nombreux, une « journée dans un panier », mais surtout une « journée amusante », les artistes qui ne cessent de créer durant l'année, en dépit de la pollution sonore et musicale qui a envahi « leur » quartier, ont ouvert les portes de leur antre pour recevoir des visiteurs enchantés de renouveler le rendez-vous de l'an passé.
Bon voisinage
À l'heure et à la température où certains font la sieste, le quartier est en émoi. Dernières vérifications de la musique, encore douce à l'heure qu'il est, 16 heures, des bouchées et autres gâteaux à offrir, des étalages, du maquillage pour ces dames qui se sont faites belles, photos souvenirs... Et voilà les premiers visiteurs. Des clients, des curieux, des amis, qui viennent voir et apprécier l'énergie individuelle et collective et toute la créativité d'un voisinage qui cohabite en parfaite osmose.
De la créativité, certes, il y en avait. Dans la nouvelle collection de Rabih Keyrouz, un peu « flower jungle », le plus ancien locataire du quartier qui trouve « passionnant et constructif cet échange entre voisins et avec le public » ; dans les derniers-nés des sacs de Sarah's Bag ; dans les bijoux de Nada Zeineh et Mac Design ; les ateliers des peintres Jean-Marc Nahas, Flavia Codsi et Fluvio Codsi, les objets très artistiques de Material Girl for Gueule de Bois, et ceux des nouveaux venus Hubert Fattal (ses mains sont absolument ensorcelantes) et Hisham Ghandour, et enfin la poterie de Marylyn Massoud et Rasha Nawam.
De la créativité, il y en avait sûrement dans la réinterprétation d'un sac de Sarah's Bag par tous les artistes participants. Après la robe de Rabih Keyrouz, revisitée l'an dernier par les designers, une vingtaine de créations, des pièces uniques, ont ainsi été proposées. Drôle, impressionnant, bijouté, moderne, le sac a pris la personnalité de son créateur.
Ya Beyrouth
Mais la grande nouveauté de cette année, et elle est à applaudir, est l'évènement « Beirut tout court » organisé par toute l'équipe de Zoé Productions et en particulier Valérie Lahoud. Transformant ainsi une journée amusante en une journée, et une soirée, très intéressantes... Ou Beyrouth vue et entendue à travers différents cinéastes et artistes libanais. « C'est un rêve que j'ai depuis longtemps, avoue-t-elle, celui de produire un jour un long métrage sur la vision de quelques cinéastes sur Beyrouth, un peu à la manière du film Paris, je t'aime. » En attendant les moyens nécessaires pour lancer ce rêve, elle a réussi à en concrétiser un autre. Elle lui a donné pour nom « Beirut tout court », pour objectif de montrer cette ville fascinante, « une survivante », avec des installations, des photos, des petits films de 3 à 5 minutes, qui ont été projetés en boucle à partir de 19 heures. Chacune des salles des bureaux de Zoé Productions, et son jardin, a été aménagée pour pouvoir mettre le son et l'image au service des artistes et des invités. L'écho qui résonnait ainsi de pièce en pièce se mêlait au murmure des gens. La communication était parfaite.
À partir de 23 heures, « place à la fête ! ». La musique, mise en sourdine durant les projections, a retrouvé sa place d'honneur. « Santé bonheur ! » La Sahra Bé Sallé pouvait démarrer, entre amis.