Pour le 24e anniversaire de l'élection du patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, à la tête de l'Église maronite, et à l'occasion de son 89e anniversaire, le président de la Fondation médicale et culturelle du patriarche Sfeir, Saïd Sfeir, a organisé une table ronde autour du thème : « L'héritage spirituel, social et national » du chef de l'Église maronite, en présence notamment de l'évêque maronite de Jbeil, Béchara el-Raï, du vicaire patriarcal, Mgr Roland Abou Jaoudé, représentant le patriarche, de MM. Michel Eddé et Antoine Saad, auteur d'un ouvrage sur le patriarche, aux côtés d'un grand nombre de personnalités religieuses, académiques, politiques et militaires.
Après une intervention de Mgr Raï, qui s'est arrêté sur la pensée spirituelle du patriarche, M. Eddé s'est penché sur sa pensée sociale. Il a mis l'accent sur le fait que « l'harmonie qui existe entre la pensée du patriarche et sa vie au quotidien met en relief la complémentarité entre l'espérance religieuse, les espoirs et les ambitions humaines, surtout que l'ultime objectif reste le salut de l'homme et de l'humanité ».
Après avoir évoqué la mission de l'Église, « une mission de témoignage pour le Christ dans notre société et pays, ainsi que dans cet environnement oriental », M. Eddé a estimé que celle-ci pousse constamment le patriarche à « mettre en garde contre le danger de l'isolement, de la peur, de la fusion et de l'émigration meurtrière ».
Il a ensuite rappelé que ce sont les maronites qui ont été à l'origine de l'existence du Liban en tant que société, entité et État. « Ils ont été et restent sa raison d'être. La communauté maronite a marqué le Liban du sceau de l'attachement à la liberté, de l'esprit d'indépendance, de la justice, du respect de l'autre, tout en instituant le concept de l'appartenance arabe, non pas sur des bases religieuses et ethniques, mais sur la base de la démocratie et de l'ouverture culturelle. »
M. Eddé s'est ensuite arrêté sur l'importance que le patriarche accorde au dossier de l'émigration, « depuis que le phénomène de l'exode s'est accentué, poussant des milliers de maronites à quitter le pays ». Il a vu dans l'attitude de Mgr Sfeir « une prise de conscience précoce du danger mortel que ce phénomène représente au double plan maronite et libanais ». « L'Église maronite est menacée de recul et de disparition, et le Liban, caractérisé par son pluralisme, sa diversité et sa coexistence, est également menacé de disparition à cause des changements et des déséquilibres démographiques », a-t-il averti.
Par la suite, M. Antoine Saad a abordé le thème de l'esprit national du patriarche, développant trois « constantes » principales pour Mgr Sfeir, « la coexistence, l'indépendance et la liberté ».