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Moyen Orient et Monde - Birmanie

Aung San Suu Kyi inculpée après la visite d’un Américain

Le procès de l'opposante et prix Nobel de la paix s'ouvrira lundi à la prison d'Insein à Rangoun. L'ONU et les capitales occidentales condamnent la décision de la junte.
L'opposante birmane Aung San Suu Kyi a été inculpée hier pour avoir enfreint les règles de son assignation à résidence, une semaine après l'annonce par le régime militaire de l'intrusion chez elle d'un Américain qui avait traversé un lac à la nage pour la rencontrer. Le procès de Mme Suu Kyi pour cette affaire bizarre s'ouvrira lundi à la prison d'Insein à Rangoun, a indiqué un avocat, mais des diplomates occidentaux ont estimé que les autorités avaient désormais « un prétexte » pour la maintenir en détention. L'ordre d'assignation à résidence de la lauréate du prix Nobel de la paix, âgée de 63 ans, expirait théoriquement le 27 mai. Le régime du généralissime Than Shwe prévoit d'organiser l'année prochaine des élections nationales dans le cadre d'un processus controversé, qu'il entend contrôler de bout en bout.
Le parti de Mme Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), a « vivement dénoncé » l'inculpation de sa dirigeante qui n'a « commis aucun crime ». Plusieurs pays, dont les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France, se sont montrés inquiets, troublés ou indignés et ont réclamé sa « libération immédiate ».
Le rapporteur de l'ONU sur la situation des droits de l'homme en Birmanie, Tomas Ojea Quintana, a qualifié sa détention « d'illégale » et réclamé sa libération « sans conditions ». Quant au secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, il s'est dit « gravement préoccupé » par les informations faisant état de l'emprisonnement de Mme Suu Kyi et des nouvelles accusations portées contre elle.
Les mesures de sécurité avaient été renforcées jeudi dernier autour de la résidence de Mme Suu Kyi qui a été privée de liberté pendant plus de 13 des 19 dernières années. Un convoi de police transportant l'opposante et ses deux employées de maison a quitté la demeure à l'aube d'hier et s'est rendu à vive allure à Insein. Quelques heures plus tard, un avocat, Hla Myo Myint, a annoncé que les autorités avaient « inculpé Aung San Suu Kyi et ses deux employées de maison » pour avoir violé « la clause 22 » de la loi visant à « protéger l'État des dangers émanant d'éléments subversifs », en vertu de laquelle l'opposante est assignée à résidence depuis 2003. Elles sont passibles de trois à cinq ans de prison. De son côté, l'Américain John Yettaw, 53 ans, arrêté la semaine dernière après avoir séjourné « secrètement » chez Mme Suu Kyi, a été inculpé pour avoir violé les règles d'immigration et une loi sur la sécurité. Il risque aussi trois à cinq ans de prison.
Aung San Suu Kyi, dont l'état de santé a suscité des inquiétudes jusqu'à lundi, ne sera pas autorisée à retourner chez elle ; elle restera détenue dans une maison à l'intérieur du complexe d'Insein, a indiqué son principal avocat, Kyi Win. Cet avocat, très proche de Mme Suu Kyi, a tenu John Yettaw pour responsable de toute l'affaire, affirmant que l'opposante lui avait demandé de quitter la maison. La semaine dernière, Kyi Win avait qualifié l'intrus « d'aventurier » ayant agi de sa « propre initiative ». « C'est un imbécile », a-t-il déclaré.
Il y a tout juste une semaine, le régime des généraux avait bruyamment annoncé l'arrestation de John Yettaw, né à Detroit (Michigan) et domicilié à Falcon (Missouri). Selon les autorités, il avait gagné à la nage le domicile de Mme Suu Kyi, situé en bordure d'un lac, et y était resté caché deux jours. John Yettaw a été arrêté en possession d'un havresac noir, d'une torche électrique, d'une paire de tenailles, d'un appareil photo et de billets de banque. Des responsables birmans, s'exprimant sous couvert d'anonymat, ont affirmé que l'Américain s'était déjà rendu dans la maison de Mme Suu Kyi entre le 30 novembre et le 3 décembre 2008. Quelques heures après l'annonce de cette affaire, le médecin personnel de Mme Suu Kyi, le docteur Tin Myo Win, a été arrêté, alors que la LND signalait une dégradation de l'état de santé de l'opposante, placée à deux reprises sous perfusion jusqu'à lundi.
L'armée est au pouvoir depuis 1962 en Birmanie. En 1990, la LND avait remporté une victoire écrasante à des élections législatives, mais les militaires avaient refusé d'honorer les résultats. Selon l'ONU, il y a plus de 2 100 prisonniers politiques en Birmanie, et nombre d'entre eux sont détenus à Insein.
L'opposante birmane Aung San Suu Kyi a été inculpée hier pour avoir enfreint les règles de son assignation à résidence, une semaine après l'annonce par le régime militaire de l'intrusion chez elle d'un Américain qui avait traversé un lac à la nage pour la rencontrer. Le procès de Mme Suu Kyi pour cette affaire bizarre s'ouvrira lundi à la prison d'Insein à Rangoun, a indiqué un avocat, mais des diplomates occidentaux ont estimé que les autorités avaient désormais « un prétexte » pour la maintenir en détention. L'ordre d'assignation à résidence de la lauréate du prix Nobel de la paix, âgée de 63 ans, expirait théoriquement le 27 mai. Le...
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