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Moyen Orient et Monde - Le point

L’impossible dialogue

Comme Gerald Ford - formulé dans les années soixante par Lyndon B. Johnson, le jugement avait fait la joie du landernau politique et des salles de rédaction -, Avigdor Lieberman est l'homme d'une seule idée. Depuis quelque temps, celle qui lui en tient lieu, d'idée, se résume en peu de mots : l'Iran, voilà la source de tous les maux présents et à venir. En clair, si l'on n'y prend garde, l'abomination de la désolation jadis promise par le prophète Ezékiel s'abattra sur notre pauvre monde si l'on ne trouve pas le moyen de mettre un terme au programme nucléaire de la République islamique, ou mieux encore si l'on ne charge pas l'État hébreu de s'acquitter d'une telle mission, qu'il s'empressera de mener à bien pour sauver le genre humain. Parce que, on l'aura compris, l'arme absolue détenue par Israël (non moins de 200 ogives et une marine capable de transporter des missiles de longue portée) est destinée à protéger celui-ci, et subséquemment les nations libres, alors qu'entre les mains de ce négationniste de Mahmoud Ahmadinejad, elle servira à le rayer de la carte du globe, comme le confirment les menaces réitérées par l'intéressé à intervalles réguliers.
Entre politiciens familiers des outrances verbales, tout le monde vous le dira, on se tolère plutôt mal. Surtout quand les propos du chef de l'État iranien trouvent leur pendant dans ceux du ministre israélien des Affaires étrangères. En pleine campagne électorale, celui-ci avait envoyé Hosni Moubarak au diable, menacé de bombarder le barrage d'Assouan, histoire de noyer l'Égypte sous ses eaux, et de frapper le Sinaï, pour d'obscures raisons connues de lui seul. D'où le rappel par le raïs, hier, qu'il était moins que jamais le bienvenu au Caire, contrairement à Benjamin Netanyahu, attendu lundi prochain à Charm el-Cheikh.
Cette véritable quadrature du cercle baptisée processus de paix au Moyen-Orient, on ne pouvait appréhender pour elle plus mauvais départ. Côté palestinien, les frères ennemis continuent de s'entredéchirer allégrement, au nom d'intérêts auxquels eux-mêmes ne comprennent plus rien. Sur un dossier déjà bien lourd est venue se greffer récemment la question du nouveau chef de gouvernement, un poste pour lequel le Hamas ne veut pas entendre parler de Salam Fayyad, candidat du Fateh de Mahmoud Abbas. Dans ses rapports avec le camp d'en face, Abou Mazen juge, à juste raison, qu'il n'existe pas d'éclaircie en vue tant qu'il sera question d'économie plutôt que de création, ainsi que prévu mais dans un passé lointain, d'un État viable et non plus de quelques misérables minibantoustans, dont d'ailleurs l'actuel cabinet d'extrême droite ne veut pas avant un nébuleux et incertain futur. Côté israélien, le Likoud semble s'accommoder de la présence au sein de l'équipe dirigeante d'un allié extrémiste qui lui permet de gagner du temps sous les prétextes les plus farfelus, en attendant la fin de la phase en cours d'un projet à triple facette : achèvement de la construction qui coupe en deux la Cisjordanie, multiplication des points de peuplement, expulsion des Arabes dont la présence gêne la réalisation de ce plan.
En milieu de semaine, le pape a joint sa voix à celles, de plus en plus nombreuses, qui réclament une issue à un drame qui n'a que trop duré. Dans cette localité de Bethléem qui vit naître Jésus, il s'est adressé aux Palestiniens pour leur dire : « Après des décennies de souffrance, vous avez droit, sur la terre de vos ancêtres, à une patrie jouissant de la souveraineté, afin d'y vivre en paix et en sécurité avec vos voisins, à l'intérieur de frontières internationalement reconnues. » Comme pour faire bonne mesure, et dans le même temps qu'il insistait pour la levée de l'embargo sur Gaza, le souverain pontife a aussi invité les jeunes à renoncer à l'appel de la violence. Une timide condamnation du « terrorisme », vont sans doute juger des Israéliens davantage enclins à voir la paille dans l'œil du voisin que la poutre dans le leur. Surtout que, dès les premières heures de son périple, Benoît XVI a vu ses paroles scrutées à la loupe par des hommes habitués à réclamer - et souvent, hélas, à obtenir - un maximum devenu pour eux un droit inaliénable. À Vad Yashem, il aurait parlé « comme un historien », à en croire le président de la Knesset, Reuven Rivlin. Un rabbin a regretté l'absence de toute excuse pour l'affaire Richard Williamson ou encore pour l'Holocauste, évoquant son enrôlement dans les Jeunesses hitlériennes. Cette accusation a aussitôt nécessité un démenti du porte-parole du Vatican, le révérend Federico Lombardi. Qu'importe, la redoutable machine médiatique avait déjà fait son œuvre malfaisante, atténuant la portée de la visite et, dans la foulée, estompant les retombées d'une politique israélienne inchangée depuis 1948, quoi que l'on dise.
Dans quelques jours se succéderont à Washington Netanyahu qui défendra le droit d'Israël à développer ses colonies sauvages, Moubarak qui prêche la bonne parole à des chefs rébarbatifs à toute conversion, et un Don Quichotte palestinien obstiné à se battre contre les moulins à vent. Tous les ingrédients, quoi, pour faire rater le soufflé.
Comme Gerald Ford - formulé dans les années soixante par Lyndon B. Johnson, le jugement avait fait la joie du landernau politique et des salles de rédaction -, Avigdor Lieberman est l'homme d'une seule idée. Depuis quelque temps, celle qui lui en tient lieu, d'idée, se résume en peu de mots : l'Iran, voilà la source de tous les maux présents et à venir. En clair, si l'on n'y prend garde, l'abomination de la désolation jadis promise par le prophète Ezékiel s'abattra sur notre pauvre monde si l'on ne trouve pas le moyen de mettre un terme au programme nucléaire de la République islamique, ou mieux encore si l'on ne charge pas l'État hébreu de s'acquitter d'une telle mission, qu'il s'empressera de mener à bien pour...
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